vendredi 26 juillet 2013

« Elections ou démission », Martelly doit choisir

Source: lenouvelliste.com, 25 juillet 2013
Par  Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com





Madame Mirlande Manigat, Secrétaire générale du RDNP
Crédit photo: Le Nouvelliste, 25 juillet 2013



La secrétaire générale du RDNP ne jure que par la réalisation des élections cette année. Selon Mirlande Manigat, qui n'a pas caché son intention de se présenter à nouveau à l'élection présidentielle de 2016, Michel Martelly n'a que deux options : « élections ou démission ».
 
« Si Dieu le veut et si mes compatriotes le veulent, oui, je serai encore candidate à la présidence », a déclaré jeudi matin Mirlande Manigat sur Radio Magik 9. Mais pour l'instant, a souligné la secrétaire générale du RDNP, ce n'est pas la priorité de son organisation politique. « L'élection présidentielle de 2016 paraît assez loin », a-t-elle dit. Cependant, l'ex-première dame a indiqué que dans un pays normal, il ne serait pas trop tôt, trois ans avant, qu'un parti politique commence à s'organiser.
 
En revanche, l'ancienne candidate à la dernière présidentielle somme le chef de l'Etat de tout mettre en oeuvre pour la tenue, cette année, des élections devant renouveler le tiers du Sénat et les collectivités territoriales.
 
Selon elle, Michel Martelly a proposé d'utiliser la loi électorale de 2008 dans l'unique but de profiter du prescrit inconstitutionnel de l'article 231 du document qui raccourcit le mandat des députés et des sénateurs. « C'est le comble ! », a-t-elle lancé. Comme les autres partis politiques membres du Mouvement patriotique de l'opposition démocratique (MOPOD), Mirlande Manigat a estimé que le chef de l'Etat doit démissionner s'il n'arrive pas à organiser les élections cette année.
 
« Nous allons assister à un effondrement de l'ordre juridique et de l'ordre institutionnel du pays, a-t-elle prédit. Si le président veut déclarer le Parlement caduc, car c'est son intention, dans ces conditions il faut qu'on remette les pendules à l'heure. Tout le monde s'en va. »
 
Interrogée sur l'application et les interprétations divergentes autour de l'article 191-1 de la Constitution, la constitutionaliste a rappelé qu'elle avait, depuis longtemps, souligné l'ambiguïté qui existe dans cet article et dans plusieurs autres articles qui méritent qu'on y apporte des précisions. Il y a un principe en droit qui veut que, a-t-elle dit, ce qui est valable c'est ce qui est écrit et qui doit être observé.
 
Cet article indique que le CEP envoie le projet de loi électorale à l'exécutif pour « les suites nécessaires ». Mirlande Manigat a analysé successivement les deux interprétations qui sont sur le tapis. « On peut considérer que l'exécutif est une boîte aux lettres qui transmet au Parlement. Mais d'un autre côté, on peut aussi considérer, étant donné que le CEP est un organisme autonome, qu'il n'a pas accès au Parlement. Dans certains pays, le tribunal électoral dépose la loi directement au Parlement. Et, je pense que ce serait une bonne chose que le CEP a la faculté de déposer la loi électorale directement au Parlement », a-t-elle expliqué.
 
« Maintenant, a demandé madame Manigat, quel est le rôle de l'exécutif ? On lui envoie un document, il n'est pas là simplement pour le transmettre comme un facteur. Un projet de loi doit avoir une certaine forme et doit être approuvé en Conseil des ministres. Il faut qu'il y ait un ministre, probablement celui de la Justice, qui le présente et le défende au Parlement. »
 
La façon dont la Constitution parle de cet aspect laisse croire que c'est l'exécutif qui élabore le projet de loi. Mirlande Manigat a souligné qu'il ne s'agit pas du président Martelly, mais de l'exécutif, voire même du gouvernement, puisque le document doit avoir, en plus de la signature du chef de l'Etat et du Premier ministre, celles de tous les ministres.
 
Il y a une autre manière de procéder, a déclaré la secrétaire générale du RDNP. « Avec discrétion, le Conseil des ministres pourrait souligner à l'intention du CEP deux ou trois articles qui pouvaient être écrits autrement... », a-t-elle dit. Selon l'ancienne première dame, le chef de l'Etat cherche à faire passer le temps lorsqu'il a déclaré vouloir examiner l'ensemble des 246 articles du projet de loi électorale. « Ce qui confirme les soupçons qu'ils ne veulent pas organiser les élections », a-t-elle dénoncé.
 
 
Mirlande Manigat chez Aristide
 
Le mardi 18 juin dernier, Mirlande Manigat et Jean-Bertrand Aristide ont passé 1h30 à discuter de tout et de rien dans la résidence privée du leader Lavalas. « On parlait de la politique du pays, de ses idées à lui, c'était très charmant », a confié au Nouvelliste la secrétaire générale du RDNP. Elle a souligné que la rencontre était très cordiale. « Les questions relatives aux élections n'ont pas été abordées », a-t-elle précisé.
 
Peu de temps avant, le Dr Maryse Narcisse lui avait proposé de dispenser un cours à l'université du parti sous le titre ''Constitution et Etat de droit''. « Très sincèrement, je ne voyais pas pourquoi refuser », a-t-elle soutenu. Elle savait que sa présence à l'université de Jean-Bertrand Aristide allait soulever la curiosité des gens. Mais elle l'a quand même fait. La politique !

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