vendredi 31 mai 2013

Fonds national d'éducation (Lékol Gratis) collecté sur les appels internationaux entrants par le CONATEL: la Commission des TPTC du Sénat n'est pas entrée dans les subtilités de la comptabilité.

Par Dr. Pierre Montès

Au lieu de travailler avec l'Exécutif pour mettre en place une loi sur la gestion du Fonds National de l'Éducation, le Sénat, par sa Commission des Travaux Publics, privilégie des attaques mal documentées, mal structurées, mal formulées pour chercher à discréditer la Direction du Conatel et, par ricochet, chercher à créer des obstacles au programme PSUGO/Lékol Gratis du Président Martelly (1).

Au départ, le problème auquel faisait face le Conatel était/est que cet organisme n'avait/n'a pas pu ouvrir à la Banque un compte spécialement dédié au Fonds FNE. Le Ministère de l'économie et des finances n'avait pas permis au Conatel d'ouvrir un tel compte.
Les sommes perçues étaient/sont donc déposées dans les deux comptes existants dont dispose le Conatel: l'un en gourdes à la BRH, l'autre en dollars à la BNC (2). Ces sommes perçues étaient/sont donc gérées à partir des livres comptables du Conatel.
 
Voici un extrait des déclarations du Directeur général du Conatel dans une entrevue accordée au journal Le nouvelliste (2):
 
« Le Conatel a deux comptes en banque. Un à la BRH en gourdes et l'autre à la BNC en dollars américains. Je n'ai pas instauré ce principe. Je l'ai trouvé ainsi, a-t-il dit. J'avais proposé l'ouverture d'un autre compte uniquement pour le fonds national pour l'éducation (FNE). »
 
Mais, parce que le processus administratif était trop long et qu'il fallait l'aval du Ministre de l'économie et des finances, « nous avions décidé de déposer l'argent prélevé pour l'éducation sur des comptes normaux, à savoir les comptes qu'utilise le Conatel, mais il est géré à partir de nos livres comptables. Je ne vois pas la logique de ce qu'a dit le sénateur

Le rapport de la Commission TPTC du Sénat (1) ne mentionne nulle part dans ses 17 pages l'analyse qu'elle aurait dû faire de la mécanique utilisée par le Conatel pour passer les écritures dans ses comptes (ou ceux spécialement créés pour gérer dans ses livres le fonds FNE).
 
Le rapport de la Commission TPTC ne mentionne aucun  jeu de comptes du Conatel pour passer les écritures.
 
Le seul compte dont il est fait mention est un compte d'actif (cash/en caisse) scindé en deux parties: le compte à la BRC en gourdes et le compte à la BRH en dollars. L'un des trois membres de la Commission est comptable. Il connaît donc très bien la règle fondamentale de la comptabilité en partie double:
 
"Tout crédit dans un compte entraine un débit dans un autre compte pour le même montant, et réciproquement: tout débit dans un compte entraine un crédit dans un autre compte pour le même montant ".
 
La Commission n'ayant pas analysé d'autres comptes du Conatel auxquels seraient reliés les deux comptes d'actifs (les comptes à la BRH et à la BNC) pour déterminer la logique des écritures comptables, on peut alors être porté à croire que la Commission aurait choisi de laisser la politicaillerie prendre la place de l'analyse objective des chiffres.  
 
D'autre part, la Commission aurait dû chercher à comprendre le cheminement dans le temps et d'un compte à d'autres comptes des montants en gourdes ou en dollars, le taux de change variant de 40,90 à 43,50 gourdes pour un dollar US suivant la date du paiement. La Commission aurait pu chercher à savoir pourquoi une seule monnaie (la gourde ou bien le dollar) n'était pas retenue et utilisée pour faire les transactions reliées au fonds FNE.
 
La Commission a préféré laisser croire que toutes (ou presque toutes) les transactions sur les deux comptes du Conatel concernaient les fonds du FNE. En langage politique, cela s'appelle frapper l'adversaire au-dessous de la ceinture. 
 
Sur le site Web du Conatel consulté le 31 mai 2013 (3), j'ai trouvé les chiffres suivants:
 
Période 15 juin 2011 - 14 mai 2013:
1) Somme collectée plus somme à percevoir, $ 53 295 560,70 réparties comme suit:
   Comcel: $   4 960 173,11
   Digicel:  $ 47 202 751,24
   Natcom: $   1 132 636,35
 
2) Somme à percevoir, $ 2 497 107,94, répartie comme suit (depuis décembre 2012, les déclarations de minutes présentées par Digicel concernent aussi Comcel):
   Digicel (et Comcel) :  $ 2 377 574,54
   Natcom:                      $   119 533,40
 
Selon le rapport de la Commission des TPTC du Sénat, le Conatel a transféré dans un compte spécial du trésor pour le développement (CSTD), Ministère de l'économie et des finances, les sommes suivantes, pour la période allant du 1er octobre 2011 au 31 décembre 2012:
1) valeur en gourdes:     1 008 463 882,46 ( soit environ 25 millions de dollars US);
2) valeur en dollars US:        5 197 595,59.
Le montant total transféré au Trésor public au 31 décembre 2012 s'élève dont à environ 30 millions de dollars US.
 
Sous toutes réserves, une analyse partielle des données contenues dans le rapport de la Commission TPTC (partielle car nous n'avons pas pu lire les documents en annexe au moment d'écrire cette analyse), semble nous indiquer qu'au 31 décembre 2012, le solde du fonds en gourdes à la BRH serait nul, tandis que le solde du fonds en dollars à la BNC serait de l'ordre de US $ 54 037,60. Le Conatel a-t-il pris la décision de n'utiliser, à partir du 1er janvier 2013, que son compte en dollars US à la BNC pour effectuer les transactions du fonds FNE ? 
 
 
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(1) Rapport de la Commission TPTC du Sénat, 17 pages, documents en annexe non inclus. Ce rapport est mis en ligne par Monsieur Jean-Junior Joseph. 

samedi 25 mai 2013

CONATEL/FNE/ Jean-Marie Guillaume rejette les chiffres du sénateur Jeanty

Source: lenouvelliste.com, 23 mai 2013
 
Interview réalisée par Robenson Geffrard et Roberson Alphonse

Pratiquement, rien n'est vrai dans les déclarations du sénateur Jean William Jeanty sur l'utilisation du Fonds national pour l'éducation, a estimé le directeur général du Conatel. Jean-Marie Guillaume a demandé au parlementaire de bien manier les chiffres et se dit prêt pour un audit sur sa gestion. Dans une interview exclusive accordée au Nouvelliste jeudi, il répond au parlementaire.
 
Les accusations du sénateur Jeanty sur le Conatel sont très troublantes, a estimé Jean Marie Guillaume, directeur général de l'institution. Dans son bureau, jeudi, il ouvre ses documents au Nouvelliste afin de répondre au parlementaire. « Le Conatel a deux comptes en banque. Un à la BRH en gourdes et l'autre à la BNC en dollars américains. Je n'ai pas instauré ce principe. Je l'ai trouvé ainsi, a-t-il dit. J'avais proposé l'ouverture d'un autre compte uniquement pour le fonds national pour l'éducation (FNE). »
 
Mais, a ajouté M. Guillaume, parce que le processus administratif était trop long et qu'il faillait l'aval du ministre, « nous avions décidé de déposer l'argent prélevé pour l'éducation sur des comptes normaux, à savoir les comptes qu'utilise le Conatel, mais il est géré à partir de nos livres comptables. Je ne vois pas la logique de ce qu'a dit le sénateur.»
 
Les fonds collectés chaque mois pour l'éducation varient entre 2.3 et 2.4 millions de dollars selon le flux des appels téléphoniques, a souligné le DG du Conatel. « Dans la mesure du possible, je reste dans la légalité dans tout ce que je fais », a-t-il indiqué. Pour montrer au Nouvelliste qu'il peut soutenir ses actions, M. Guillaume a exhibé un arrêté présidentiel publié dans les colonnes du Moniteur le 14 septembre 2011 créant le fonds alimentant le Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire. « Le sénateur Jeanty détient aussi l'arrêté », a-t-il souligné.
 
Cet arrêté permet au Conatel de prélever cinq centimes sur les appels internationaux qui constituent la contribution des opérateurs à l'éducation, a indiqué Jean Marie Guillaume. « L'argent sera transféré sur un compte spécial du Trésor public. Le prix plancher des appels internationaux est fixé à 23 centimes de dollar américain à la minute. De ces 23 centimes, cinq centimes seront versés par les opérateurs à l'Etat haïtien via le Conseil national des télécommunications », lit-on dans l'arrêté.
 
Le Conatel pourra déduire de ces fonds des frais relatifs à la mise en place des mécanismes de lutte contre les fraudes téléphoniques et déposer la balance sur un compte spécial créé à cet effet, toujours selon l'arrêté dont Le Nouvelliste a eu copie. Jean Marie Guillaume a dit s'appuyer sur ce document officiel pour faire le prélèvement des 5 millions de dollars dont le sénateur Jeanty en a fait mention dans la presse cette semaine.
 
« Ce n'est qu'en décembre 2011 que le ministre des Finances de l'époque m'a indiqué un compte sur lequel je pouvais transférer l'argent. Mais avant, le fonds était gardé sur le compte du Conatel, a souligné le DG. Je ne comprends pas du tout ce que le sénateur Jeanty voulait dire. J'étais étonné d'entendre le parlementaire parler d'interdiction de départ contre moi comme si j'étais quelqu'un qui avait fait quelque chose de drôle. »
 
Ce serait, a-t-il ajouté, plus constructif si le sénateur voulait travailler avec « nous pour mettre plus d'ordre dans le secteur. » Selon le patron du Conatel, l'arrêté du 14 septembre 2011 lui permet de faire l'acquisition d'équipements. « Le fonds n'est pas réellement géré par le Conatel, a indiqué M. Guillaume. Après avoir fait la déduction, le Conatel l'envoie au ministère des Finances... »
 
« Le sénateur Jeanty manipule les informations à sa manière afin d'attaquer la direction générale du Conatel », a dénoncé Jean Marie Guillaume. Pour les 5 millions de dollars utilisés par l'entreprise dont fait mention le parlementaire, le patron du Conatel a souligné " qu' en réalité, il y a une compagnie privée qui s'appelle SGS employée par le Conatel depuis juin 2011; à cette époque je n'étais pas là. Je suis arrivé fin septembre 2011. C'est l'ancien directeur général qui avait fait venir la SGS et il entamait un processus de marché public visant à légaliser le contrat avec cette compagnie », a-t-il expliqué.
 
La CNMP avait même approuvé le contrat entre le Conatel et la SGS avec des conditions spécifiques, a-t-il souligné, précisant que cette firme privée permet au Conatel de contrôler les fraudes téléphoniques et les « Bypass ».
 
Jean Marie Guillaume a reconnu que son prédécesseur avait fait l'erreur d'accepter que la SGS fournisse des services au Conatel alors que le processus de passation de marché n'avait pas encore abouti. « Arrivé au Conatel en septembre 2011, dans la logique de la continuité de l'Etat, j'étais obligé de poursuivre le processus de marché public...Il y a des mensonges qui se disent sur ce dossier, c'est pourquoi je viens avec tous les documents. »
 
« Le sénateur Privert est en retard sur la réalité », a estimé le patron du Conatel.
 
Si le sénateur Jean William Jeanty parle de 50 millions de dollars collectés à date dans le Fonds national de l'éducation, son collègue au Sénat, Jocelerme Privert, indique qu'il s'agissait de 69 millions de dollars qui ont été collectés par le Conatel. Le parlementaire exige des explications sur les 19 millions qui ne sont pas mentionnés dans le rapport de Jeanty.
 
En réaction, le directeur général du Conatel a estimé que l'honorable sénateur Privert est en retard sur les réalités des télécommunications en Haïti. « Le sénateur Privert peut être un spécialiste en finances, mais il ne connaît pas l'industrie des communications, a-t-il jugé. Le parlementaire parle du temps où des gens avaient des téléphones chez eux. Pour cette période-là, oui, il a raison, le trafic pouvait générer 69 millions de dollars. Cependant, aujourd'hui, au moins 20 à 30% des appels téléphoniques entrants et sortants sont faits à partir d'autres systèmes que disposent des gens chez eux. »
 
Pour ces derniers trois mois, plus de 15 millions d'appels ont été effectués à travers des systèmes qui ne sont pas contrôlés par le Conatel, donc un manque à gagner pour le FNE, a souligné Jean Marie Guillaume. Ce dernier a indiqué qu'il est en mesure de voir tous les opérateurs sur le réseau qui ne sont pas en règle avec l'Etat ou qui fonctionnent sans contrôle.
 
A date, le Conatel a collecté environ 53 millions de dollars dans le cadre du Fonds national pour l'éducation. « L'ULCC, la Cour supérieure des comptes et même une firme privée peuvent venir ici, je n'ai aucun problème. J'encourage le sénateur à le faire et je payerai l'argent que cela nécessitera. Je ne suis pas rancunier. Je n'ai rien contre le sénateur Jeanty qui fait son travail, mais il ne doit pas le faire comme s'il avait quelque chose contre la direction générale du Conatel », a conclu Jean Marie Guillaume.
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Les critiques du sénateur Jeanty

Dans un rapport rendu public, mercredi, le président de la commission des TPTC au Sénat a dénoncé un ensemble de transactions  jugées  illégales du Conatel sur le Fonds national pour l'éducation. Le sénateur Jean William Jeanty a révélé au moins une dizaine de dérives et d'actes inconstitutionnels dans la gestion du FNE.
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NDCDP-Politique.-
Le sénateur Jocelerme Privert, ancien directeur de la DGI, aurait dû aider son collègue le sénateur William Jeanty à éviter de se fourvoyer dans les subtilités de la tenue de livres comptables.
   
 

jeudi 16 mai 2013

Visite du Président Michel Martelly à Radio Caraïbes, rue Chavannes, Port-au-Prince, Haïti

 
Le Président Martelly (au centre) à Radio-Caraïbes, en compagnie du PDG de la radio, Patrick Moussignac à sa gauche (chemise jaune), de quelques journalistes et de quelques conseillers: Guyler C. Delva (première rangée à l'extrême gauche en regardant la photo), en arrière; Youri Latortue (dont la main est déposée sur l'épaule de Guyler C. Delva); Joseph Lambert en arrière (une partie de son visage est caché par le Président).
Source Photo: page FaceBook du Président Martelly, jeudi 16 mai 2013.



L'entretien était très cordial. Le Président a répondu avec aisance aux questions de plusieurs journalistes.

Vers la fin de l'entrevue, Guyler a chanté "Hello" à la demande du Président; un journaliste (Gabriel) a chanté "Haïti chérie".

La ligne éditoriale de la radio ne changera pas. Le PDG Moussignac a offert de collaborer avec l'Exécutif dans le dossier de l'environnement principalement. De son côté, le Président a dit que les porte du Palais sont ouvertes aux journalistes de Caraïbes pour les aider dans leur travail.
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Cliquez sur le lien suivant pour écouter l'entrevue: toujoula/entrevue-président Martelly à Matin Caraïbes     

mercredi 15 mai 2013

Louis Borno et Michel Joseph Martelly, deux bâtisseurs qui ont su profiter de la stabilité assurée par l'occupation de leur pays

J'ai suivi, grâce à Internet, une bonne partie de la fête qui s'est déroulée au Champ-de-Mars hier pour célébrer le deuxième anniversaire de la présidence de Michel Joseph Martelly. Ce fut d'abord sur  martelly.tv, puis sur la TNH.

Kesner (Roro) Pharel a raison: il s'agit bien d'une Démocratie sous les Tropiques (1).

Après les témoignages des députés PSP (bloc majoritaire), on peut s'attendre (et j'aime beaucoup ça) à ce que le Président Martelly gouverne désormais avec une chambre des députés moins «abrasive», ce qui poussera dans les cordes les sénateurs d'obédience Lavalas qui siègent au Sénat.

Ce que j'ai retenu (l'essentiel) de l'événement qui s'est déroulé hier au Champ-de-Mars, c'est l' énumérations de nombreuses actions initiées dans presque toutes les 140 communes et presque toutes les 570 sections communales du pays par les députés du PSP: c'est du jamais vu en Haïti, depuis l'indépendance, ou presque. En effet, il faut remonter au règne du Président Louis Borno (15 mai 1922-15 mai 1930) (2) pour trouver un gouvernement haïtien qui puisse se comparer aux deux premières années du Président Joseph Michel Martelly. Il est alors à se demander si de telles réalisations en Haïti ne soient possibles qu'avec la présence d'un catalyseur qui a pour nom: "dépendance", "occupation", "tutelle",..., "MINUSTAH".

Le défi des haïtiens sera donc de prouver le contraire, c'est-à-dire que la démocratie soit aussi possible sans tutelle, comme elle l'est dans les Antilles anglaises de la Caraïbes, par exemple. Pour ce faire, il faudra d'abord que la MINUSTAH se retire... Mais, en 2004, Kofi Annan avait fixé la durée de la tutelle à deux décennies au moins. Autrement dit, pour parler comme Einstein: les puissances amies d'Haïti ne joueront plus aux dés avec les politiciens haïtiens !

Dr. Pierre Montès
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  1. Article du Nouvelliste du 14 mai 2013: Présentation du bilan de Martelly, preuve d'une démocratie sous les tropiques, selon Kesner Pharel.
  2. François Blancpain, "Haïti et les États-Unis, 1915-1934, Histoire d'une occupation", L'Harmattan, 1999, 382 pages. 

Présentation du bilan de Martelly, preuve d'une démocratie sous les tropiques, selon Kesner Pharel

Par  Danio Darius
daniodarius001@yahoo.com
Source: lenouvelliste.com, 14 mai 2013

Kesner Pharel ne digère pas l'initiative du président de la République de présenter le bilan de sa deuxième année au pouvoir sur la place publique. Le chef de l'Etat devait prononcer mardi après-midi au Champ de Mars, un discours sur les grandes réalisations de son administration durant ses vingt-quatre mois de gestion avait annoncé le ministère de la Communication. Cela fait de nous une démocratie sous les tropiques, ironise Kesner Pharel mardi matin sur les ondes de Radio Magik 9.
 
Le responsable du Group Croissance juge la démarche du chef de l'Etat très inquiétante. Cela pourrait renvoyer à l'idée que nos dirigeants ne respectent pas les institutions établies, soutient M. Pharel avant de rappeler aux autorités haïtiennes qu'elles sont tenues de rendre compte suivant la Constitution devant le Parlement.
 
Un bilan pas trop rose
 
Le bilan sur le plan économique n'est pas rose, deux ans depuis l'arrivée de Michel Martely au pouvoir. Kesner Pharel relève certes des points positifs quant à la réalisation de plusieurs programmes sociaux et l'amélioration des conditions de sécurité dans le pays. Mais cela, précise-t-il, ne suffit pas pour donner de bonnes notes à Michel Martelly et à son équipe.
 
« Le produit intérieur brut n'a pas augmenté de cinq pour cent tel que prévu par le gouvernement. Il a plutôt régressé à moins de trois pour cent », a expliqué l'économiste, qui croit que les prévisions des autorités haïtiennes sont parfois trop optimistes.
 
Le P.D.G. du Group Croissance a relativisé les chiffres avancés récemment par le chef de l'Etat sur la quantité d'emplois, l'une des priorités de Michel Martelly, qui auraient été créés ces douze derniers mois. L'économie haïtienne n'a même pas 400 000 emplois formels, a indiqué M. Pharel, soulignant que si ces emplois ont été effectivement créés dans le secteur formel le niveau de consommation aurait grimpé et le produit intérieur brut atteindrait les dix pour cent. Selon l'économiste, le nombre de gens qui travaillent dans le secteur privé haïtien ne dépasse pas la barre des 150 000. Dans le secteur public, il fixe ce chiffre à environ soixante mille.
 
Même s'il reconnaît que la situation sécuritaire s'est améliorée ces derniers jours, Kesner Pharel n'a pas relevé suffisamment d'actions visant à favoriser le climat d'investissement dans le pays. Il a attiré l'attention sur le fait qu'Haïti, étant passée de la 182e à la 183e, a encore perdu une place dans le classement Doing business cette année malgré les appels des autorités qui ne cessent de clamer : « Haiti is open for business ».
 
Insistant sur le chemin qu'il reste à Michel Martelly à parcourir, Kesner Pharel estime que tout seul l'exécutif n'y arrivera pas. Il faut la collaboration du Parlement et du secteur privé des affaires, a-t-il recommandé.

samedi 11 mai 2013

Martelly tance Lavalas

Par  Roberson Alphonse
roberson_alphonse@yahoo.com

Source: lenouvelliste.com, 10 mai 2013

Sans le citer, Michel Joseph Martelly, établissant des différences entre Tèt Kale et Lavalas, a réagi à quelques flèches lancées la veille par son pire ennemi politique : Jean-Bertrand Aristide. Sur la faim, Martelly croit que quelqu'un ment, fait « semblant » d'être préoccupé quand ses actions indiquent le contraire.
 
Poussé dans les cordes par l'ex-président Jean-Bertrand Aristide à cause de l'aggravation de la faim en Haïti ces temps-ci, le président Michel Joseph Martelly, sans langue de bois, a défendu son bilan et marqué sa différence avec Lavalas. Son administration, a-t-il confié en exclusivité à Gary Pierre-Paul Charles, animateur vedette de « Haïti débat » sur Scoop FM ce vendredi, a insufflé une nouvelle dynamique en vue de faire face à ce problème de la faim.
 
« Nous abordons le problème à deux niveaux. Nous assistons la population et nous travaillons à l'augmentation de la production agricole », a expliqué Martelly. Grâce aux travaux de curage du canal Sally flood way, des terres sont sauvées de l'inondation et 7 000 carreaux sont irrigués. « Nous donnons aux agriculteurs des espaces à cultiver et nous leur donnons aussi les moyens », poursuit Michel Joseph Martelly, qui insiste sur l'importance de la consommation de produits locaux et sur le choix fait par l'Etat d'acheter des produits locaux. « Donc, imaginez-vous qu'un tel canal a passé 50 ans sans être curé. Et quelqu'un fait semblant d'attaquer le problème de la faim alors qu'il a passé 10 ans au pouvoir. C'est du mensonge », a balancé le président Michel Joseph Martelly, sans citer une seule fois le nom de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide qui avait la veille appelé à « l'unité », à un « mariage de raison » entre le peuple et la bourgeoisie pour trouver une solution au problème de la faim touchant de plus en plus d'Haïtiens.
 
Le président Michel Joseph Martelly, face à l'agression du journaliste Frantz Henry Délice de Radio Télé Guinen qui couvrait la marche des supporteurs de Lavalas après l'audition de JBA mercredi, a indiqué que l'on ne peut pas retourner aux attitudes de désordre. « On ne peut pas retourner dans ce temps », a ajouté Martelly. Dans la foulée, en dépit de certaines critiques formulées contre lui, Martelly a appelé à la « différence » entre ses relations et celles de Lavalas avec la presse.
 
Sur la projection de JBA de la victoire écrasante du Parti Fanmi Lavalas dans les prochaines élections si elles sont honnêtes et démocratiques, Michel Martelly relativise: «C'est le rêve de tout parti politique et de tout leader.»
 
Ces deux présidents ou titans de la scène politique qui s'affrontent dans la presse ne se sont jamais aimés. Musicien, icône du compas, Michel Joseph Martelly avait supporté le coup d'Etat du 30 septembre 1991 contre Jean- Bertrand Aristide. Au retour de JBA de l'exil en 1994, Michel Martelly avait pris le chemin en sens inverse avec sa famille. Lors du mouvement GNB contre JBA entre 2003 et 2004, Michel Martelly s'était rangé du côté d'autres artistes, musiciens, intellectuels et politiques pour réclamer le départ de JBA, qui a finalement eut lieu le 29 février 2004.
 
Revenu de son second exil, JBA, contrairement aux espérances de certains, ne s'était pas mis sur le chemin de Michel Joseph Martelly à la présidence. Sans contester de manière frontale l'élection de Martelly au pouvoir, Fanmi Lavalas, le parti de JBA, a qualifié ces élections d'élections sélections et d'exclusion.
 
Michel Joseph Martelly, quelques mois après sa prestation de serment, avait entrepris de visiter tous les présidents haïtiens encore vivants, dont les plus emblématiques: Jean-Claude Duvalier et JBA. Michel Joseph Martelly avait exprimé le voeu d'une grande réconciliation nationale. C'est resté un voeu pieux.
 
Et, au fil des mois, à cause de plaintes portées contre Jean- Bertrand Aristide par Rosemond Jean de CONASOVIC, Ti Sonny et d'autres anciens de Lafanmi Selavi (oeuvre de bienfaisance de JBA), la tension est montée d'un cran entre Lavalas et le pouvoir Tèt Kale. La convocation de mercredi dernier a radicalisé les positions au point que JBA et MJM se lancent des piques avant les prochaines élections.