vendredi 12 août 2011

Haïti/Crise politique/ Concertation oui, affrontement non

  
Trois mois sans Premier ministre, mais avec un gouvernement démissionnaire transitoire.

Le Président Michel Martelly a été élu sous la bannière du parti Répons Peyzan. Ce parti n'a fait élire que trois (3) députés; ces derniers ont rejoint le groupe GPR formé en majorité de députés du parti INITE.

Trois mois après avoir prêté serment devant le Parlement, le Président Martelly n'arrive pas à se doter d'un Premier ministre et d'un gouvernement pour commencer à exécuter son programme dont les priorités sont regroupées suivant quatre (4) axes: état de droit, éducation, environnement et emploi.

Deux candidats au poste de Premier ministre, Daniel Gérard Rouzier et Bernard Honorat Gousse, choisis par le Président Martelly, remplissaient tous les deux les conditions techniques exigées par l'article 157 de la constitution. Leur candidature a, malgré tout, été rejetée par un vote dit politique, le premier par la Chambre des députés, le second par le Sénat.

Depuis plus d'une semaine, les Présidents de la Chambre des députés et du Sénat  attendent que le Président de la république les appelle en consultation comme le veut la constitution  pour que le Président leur communique le nom de la personne qu'il choisit  comme candidat au poste de Premier ministre, une personne que le Président croit pouvoir rallier une majorité tant à la Chambre des députés et au Sénat pour pouvoir gouverner pendant les cinq prochaines années.


Ce que peut faire le Président Michel Martelly.

On comprend très bien la déception du Président. Mais il est certain que le Président veuille réussir son mandat de cinq ans. Pour ce faire, il doit avoir un Premier ministre et un gouvernement qui mettra en application son programme.

Le Président de la république et son équipe doivent entamer le processus de consultation avec le Parlement pour aboutir à un choix de Premier ministre conformément à l'article 137 de la constitution.
J'ai bien dit le Parlement, car je pense que la consultation devra se faire avec les différents groupes de parlementaires au niveau des deux Chambres afin que le Président arrive à se rallier une majorité certaine au niveau de chacune des deux Chambres du Parlement. C'est grâce à l'appui de cette majorité que le Président pourra faire ratifier son Premier ministre désigné, et qu'il pourra gouverner le pays de manière efficace pendant les cinq années de son mandat.

Le Président Martelly est le chef du Pouvoir exécutif. Il est le chef de l'État. La nation est divisée en deux solitudes; il doit racoler les deux Haïti comme le symbolise notre drapeau et comme le dit notre devise: l'union fait la force.

Le Président doit se comporter en bon père de famille. Et il en est capable. Il a la bonne volonté, il aime travailler, il aime Haïti. Il doit être le pilote de la navette nationale, et en tant que tel, il doit avoir en tout temps les deux mains sur le volant; le Premier ministre doit être son co-pilote à bord.

Dans le processus de recherche d'une majorité au Parlement, dans la recherche du plus grand bien pour le plus grand nombre, et pour arriver à avoir un Premier ministre et un gouvernement, entre autres objectifs, voici une petite suggestion que je formule bien respectueusement et bien humblement au Président et à l'entourage du Président.

Il est suggéré de rencontrer, idéalement, chacun des parlementaires (99 députés, 30 sénateurs). Comme ce serait trop long maintenant car le temps presse, le Président et son équipe pourraient procéder de la manière suivante.

Il y a dix (10) départements géographiques et 99 circonscriptions électorales. Le Président pourrait décider de rencontrer en même temps les trois sénateurs et les députés des circonscriptions d'un  même département. Cela ferait dix (10) groupes à rencontrer en tout. S'il accorde une demi-journée par rencontre, il pourrait, en cinq jours (disons une semaine) réaliser ce travail avec les parlementaires, tous les parlementaires.

Une semaine pour permettre au Président de la république et aux Parlementaires de s'apprivoiser, de se connaître, de s'entendre, de se concerter. [Selon le Larousse, concerter = préparer (une action) en commun; se concerter = s'entendre pour agir ensemble.]

Au cours des rencontres, le Président et son équipe de collaborateurs prendraient note des besoins, des attentes, des préoccupations, des problèmes de chacune des 99 circonscriptions électorales du pays et de chacun des dix (10) départements  géographiques du pays. Ces données seraient utilisées aussitôt que possible et en  particulier lors de la préparation du premier budget annuel du gouvernement Martelly. [Une circonscription est formée d'une partie de commune, d'une commune entière, ou bien de plusieurs communes réunies; il y a 143 communes en tout en Haïti.]

Bien sûr, durant la campagne électorale, Monsieur Martelly avait visité les différentes régions du pays; il connaît donc les problèmes; il les a touché du doigt; et il a son programme. Mais il y a tellement de problèmes à résoudre, il n'y a tellement pas assez de ressources qu'il faudra faire des choix et échelonner dans le temps les actions arrêtées et surtout, surtout, les répartir équitablement dans l'espace des dix départements géographiques du pays. Les données recueillies au cours des rencontres avec les parlementaires permettraient au Président Martelly d'ordonnancer les solutions des problèmes des différentes circonscriptions et départements en tenant compte de l'avis des parlementaires.

Ces premières rencontres  seraient organisées pour faire partir la machine gouvernementale (choix et ratification du PM). Mais ces rencontres pourraient se répéter périodiquement, disons annuellement, et un suivi devrait être fait.

De plus ce genre d'exercices pourrait s'étendre à d'autre secteurs de la société haïtienne.

Le Président de la république doit être constamment à l'écoute des circonscriptions (des communes, des sections communales) et des départements. Nous savons tous que le Président en est capable et que le Président aime et aimera faire cela. Il doit montrer qu'il les entend, les comprend, les aide. C'est ainsi qu'il pourra acquérir et maintenir l'appui, sinon de la totalité, du moins de la majorité des parlementaires de chacune des deux chambres du Parlement.

Concertation oui, affrontement non. Le Président doit se comporter en tout temps en bon père de famille.

Dr. Pierre Montès      

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire