jeudi 7 avril 2011

Élection de Michel Martelly: un article d'Haïti Liberté

Source: haitiliberte.com, Vol. 4 No. 38 • Du 6 au 12 avril 2011

La séléction se précise!
by Yves Pierre-Louis

Comme annoncé, le lundi 4 avril 2011, le Conseil Electoral provisoire (CEP) a publié ce qu’il dit être les «résultats» préliminaires du «second tour» des élections-farces du 28 novembre 2010. «Résultats» qui du reste auraient dû être proclamés depuis le 31 mars dernier. Joseph Michel Martelly, candidat de la Plateforme politique, Repons Peyizan a remporté la présidentielle avec un pourcentage de 67,57%, tandis que la candidate du RDNP, Mirlande Hyppolite Manigat en a obtenu 31,74%. On ne peut s’empêcher de s’interroger comment en l’espace de seulement quatre mois Martelly soit passé de 21.84% à 67.57%, un gain de 45.73%, alors que Mirlande Manigat n’a gagné que 0.74% (son score antérieur était de 31%). Bizarre ! Selon le CEP d’exclusion de Gaillot Dorsinvil, 4,694.961 électeurs étaient inscrits dans les registres de ce Conseil dont 716.986 ont voté en faveur de Michel Martelly et 336.747 ont choisi Mirlande Manigat.

C’est le directeur de communication du CEP, Pierre Jean Thibault qui a donné la lecture de la publication des «résultats» des élections présidentielles et législatives. On lui donne acte de cette publication. Mais il ne peut prétendre ne pas être au courant de la visite inopportune, à une heure indue, du président du CEP Gaillot Dorsinvil, de la colère «des techniciens et opérateurs de saisi de données en apprenant qu’ils ne laisseront les locaux que sur ordre du responsable du CTV, M. Widmark Martador», des «vives disputes… entre le responsable du Centre de Tabulation des Votes (CTV) et les représentants de Mirlande Manigat au CTV… des échanges …tellement houleux que M. Dorsinvil [menaça] de les faire arrêter au cas où ils n’obtempèreraient pas», de son intervention musclée pour «faire comptabiliser près de deux cent sept (207) procès [verbaux] que les techniciens avaient mis de côté pour fraudes et irrégularités… PV …pour la plupart favorables au candidat de Repons Peyizan, Michel Martelly».

Selon Joseph Chanoine Charles du journal Le Matin (1) de qui proviennent les citations ci-dessus mentionnées : «Jusque très tard dans la nuit, les informations fusaient de toutes parts au sein du CTV. De sources généralement bien informées proches du CTV, Mirlande Manigat était en [pôle] position pour remporter les élections. Cependant, tout semble avoir changé suite à la visite de Gaillot». De façon étrange, Gaillot Dorsinvil laisse les locaux de la SONAPI [ndlr. Société Nationale des Parcs Industriels]. Peu de temps après les deux représentants de Mirlande Manigat [Max Mathurin et Paul Duchatelier] laissent euxmêmes le CTV sans rien dire à la presse». Y a-t-il eu magouilles ? De quelle nature ? Pour qui, par qui et comment ? Dans un souci de transparence, Thibault, Dorsinvil, Mathurin et Duchatelier doivent des explications au grand public, autrement la prétendue «victoire» de l’un des deux candidats et le prétendu «échec» de l’autre restent matière à controverse et à éclaircissement.

Après la proclamation de la «victoire» proclamée de Joseph Michel Martelly, des milliers de ses partisans ont gagné les rues à Port-au- Prince et dans plusieurs autres villes du pays pour fêter cette «victoire ». Mirlande Manigat ayant déclaré qu’elle ne fera pas appel des résultats, Joseph Michel Martelly va succéder au président de facto, René Préval à la tête du pays le 14 mai 2011, date non retenue par la constitution de 1987 pour la rentrée en fonction du président de la République.

Aux législatives sept (7) sénateurs ont été élus dans six départements du pays. La Plateforme politique Alternative, qui ne participe pas officiellement aux élections, a remporté quatre sièges au Sénat de la République : Andris Riché dans la Grand’Anse ; Joseph François Anick, dans l’Artibonite, Francisco Delacruz, dans le centre et Polycarpe Wesner, dans le Nord. La plateforme INITE a gagné 2 sièges : Fritz Carlos Lebon dans le Sud ; Bien-Aimé Jean Baptiste, dans le Nord-Est du parti Avni décroche un siège et Deras Simon Dieuseul dans le département du Centre bénéfi cie d’un court mandat de quelques mois.

La configuration de la Chambre des députés devra se représenter ainsi : INITE aura 33 députés, Alternative : 14, Ansanm Nou Fò : 10, AAA : 9, Lavni : 7, Rasanble : 3, Pont : 3, Repons Peyizan : 3, Indépendant : 3. Aucun parti n’a obtenu la majorité dans les deux Chambres. Les Sénateurs et députés devraient rentrer en fonction tout suite après les «résultats défi nitifs» prévus pour le 16 avril prochain.

Par ailleurs, le Secrétaire général de l’organisation des Nations Unies, Ban Ki-Moon prévoit un sombre mandat pour le prochain président d’Haïti. Ban Ki-Moon qui présentera son rapport sur la situation d’Haïti au Conseil de Sécurité de l’ONU, ce mercredi 6 avril a prédit : « Le prochain président haïtien pourrait bien devoir faire face à une longue période de cohabitation diffi cile avec un Parlement divisé où règnent les dissensions. Il héritera de diffi cultés redoutables, auxquelles viendront s’ajouter le début de la prochaine saison des ouragans, l’absence de compétence du secteur public et la désillusion croissante de la population quant à la classe politique actuelle. » a-t-il indiqué dans rapport rendu public la semaine dernière.

Pour Ban Ki-Moon qui a ses troupes dans le pays depuis 2004, la seule issue d’Haïti dans le contexte actuel sera l’établissement d’un Etat de droit. « Pour parvenir à la paix et à la prospérité durables, les Haïtiens doivent instaurer l’Etat de droit. Mais cela demandera un engagement sincère, pour mettre en place un pouvoir judiciaire indépendant et effi cace, un Parlement qui rende compte au peuple et ne doit pas être mû par des intérêts particuliers et un gouvernement transparent, qui réponde aux besoins du pays et qui représente véritablement les Haïtiens. » a-t-il souligné.

Il a toutefois fait remarquer que l’Etat de droit implique également l’établissement d’un véritable système foncier et d’identifi cation des citoyens, de code de construction et de lois commerciales. L’Etat de droit doit se traduire dans un jugement équitable de l’ex-dictateur, Jean Claude Duvalier, de retour en Haïti depuis 16 janvier 2011.

Ban Ki-Moon a pourtant oublié de dire que le prochain président et son gouvernement devront faire face également à des protestations incessantes revendiquant d’abord le départ inconditionnel des forces d’occupation de l’ONU, la Minustah occupant le pays depuis plus de sept ans. Et ensuite des manifestations revendiquant, notamment sur la baisse de la cherté de la vie, le paiement des arriérés de salaire (les 36 mois des révoqués des entreprises publiques : Teleco, ONA, APN, SMCRS et autres), le respect des droits fondamentaux du peuple haïtien et les acquis démocratiques suite à la chute de la dictature des Duvalier.

Pour conclure, le peuple haïtien ne sait pas encore s’il est au bout de ses peines et de ses surprises après ces élections bidon qui n’ont mobilisé qu’un faible pourcentage de la population. En effet, plus des 3/4 des Haïtiens, soit 76%, se sont abstenus de voter, selon les statistiques mêmes du CEP (2). Cela signifie que seulement 16.7% des électeurs inscrits ont voté pour Martelly contre seulement 8% pour Manigat. Ces chiffres en disent long sur la «victoire » et prétendue légitimité de Martelly.

Yves Pierre-Louis et la Rédaction du journal
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(1) Gaillot Dorsinvil : La visite qui aurait tout basculé. Joseph Chanoine Charles, Le Matin, 2011-04-04 17:09:01.

(2) http://www.cepr.net/index. php/blogs/relief-and-and-reconstruction- watch/martellys-historicallyweakmandate? sms ss=twitter&at xt=4d9b5fds59f59dd,0

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