lundi 18 avril 2011

Michel Martelly songe à amnistier Duvalier et Aristide

Source: cyberpresse.ca, 18 avril 2011 à 07h08

Par Vincent Marissal
La Presse

Le nouveau président d'Haïti, Michel Martelly, ne prendra pas de décisions précipitées dans le cas des anciens présidents Jean-Claude Duvalier et Jean-Bertrand Aristide, mais il songe à leur accorder une amnistie dans le but, dit-il, de favoriser le processus de réconciliation dans son pays durement éprouvé.
Dans une entrevue exclusive à La Presse, via Skype, le populaire chanteur qui deviendra officiellement président dans les prochains jours, dit avoir un «plan pour l'avenir, pas pour le passé», tout en précisant qu'il respecte la douleur des victimes de ces régimes.

Cette position risque de faire des remous, en particulier auprès des centaines de Québécois d'origine haïtienne qui ont dû fuir leur pays pendant les années Bébé Doc (de 1971 à 1986), le plus souvent après avoir été arrêtés, torturés, menacés. Ces gens s'organisent pour faire condamner l'ancien dictateur, une démarche soutenue, notamment, par l'organisme Human Rights Watch.

On accuse Jean-Claude Duvalier d'être responsable de milliers de morts et de disparitions. À son retour à Port-au-Prince, en janvier, il a été accusé formellement de corruption et de détournement de fonds. Il a toutefois été relâché.


En entrevue, le président Martelly promet par ailleurs de mettre fin à des décennies de corruption et de gaspillage pour redonner confiance à son peuple et à la communauté internationale.

Il appelle en outre la diaspora haïtienne à revoir sa relation avec la mère patrie et reconnaît que les dirigeants de son pays ont cruellement manqué à leurs obligations dans le passé.

Voici, en blocs distincts, résumant les immenses défis qui se dressent devant Haïti, les réponses, le plan et la vision de son nouveau président.

1. Reconstruire le pays

Avant le tremblement de terre de janvier 2010, Haïti représentait déjà un défi incommensurable. Alors, maintenant, avec la dévastation en plus, peut-on encore y croire? Par où commencer?

«Les priorités sont multiples, reprend M. Martelly. On parle d'éducation, de relocalisation de ceux qui vivent sous les tentes, de la relance agricole, de la faim, de la crise alimentaire, de l'accès inexistant à la santé...

«Pour moi, le plus important, c'est de parler de la confiance qui n'existe plus entre la population et l'État et avec les partenaires d'Haïti. Il est impératif de rétablir cette confiance de telle sorte que l'on donne courage et force à la population. Redonner aussi confiance aux amis et partenaires d'Haïti parce que ça fait longtemps qu'ils se penchent sur la cause haïtienne et, malgré tout, on tarde à voir des résultats. On se demande même si c'est fait exprès. Et finalement on a réalisé que c'est le leadership haïtien qui n'a jamais donné la priorité aux intérêts d'Haïti, qui n'a jamais voulu donner ce développement durable, ce qui fait que l'on doit aujourd'hui vivre d'assistanat.»

Et que dites-vous aux Québécois qui pensent que ça ne vaut plus la peine de donner de l'argent à Haïti, que c'est un trou sans fond?

«D'abord, je leur dis merci d'avoir essayé, d'avoir fait ça avec leur coeur. Je connais bien l'amour que les Québécois et les Canadiens ont pour Haïti et je comprends aussi leur déception, parce qu'ils voudraient tous voir Haïti changer un jour.

«Je veux leur dire qu'Haïti va changer.

«Je veux voir Haïti progresser et non plus seulement collecter de l'argent. Cela m'intéresse beaucoup plus d'inviter les partenaires à faire des dons d'infrastructures, des hôpitaux, des centres de santé, des bibliothèques, de la machinerie agricole et mettre sur pied une structure de contrôle. Je suis beaucoup moins pour l'argent que pour les résultats.»

«On apporte une garantie: nous avons la bonne volonté. Sous ma présidence, la corruption ne sera pas de mise (...). Je vous garantis des résultats.»

2. Reprendre sa place et ses responsabilités

Qui doit diriger le colossal effort de reconstruction? La communauté internationale, Bill Clinton, le gouvernement haïtien?

«C'est le gouvernement haïtien qui doit mener, qui doit prendre sa place dans la reconstruction. Haïti est un pays libre et indépendant et a un président fraîchement élu. Il s'agit de donner la priorité aux besoins de la population.

«Il y a eu des doutes par le passé et parfois, par manque de confiance, on a même décidé pour Haïti. L'opinion des Haïtiens n'a pas toujours compté. Même au sein de la CIRH (Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti), la représentation haïtienne était presque inexistante. Les projets sont choisis par la partie étrangère. Les Haïtiens ont été le problème par le passé, mais maintenant c'est une nouvelle approche. On est conscients d'être allés à reculons.»

3. Trop d'ONG, trop peu de surveillance

«La communauté internationale a tout essayé pour aider Haïti, mais malheureusement, la corruption, le manque de transparence, le manque de cadre. Ça n'a pas toujours marché, ce qui a donné naissance à cette vague d'ONG qui sont sur le terrain et qui reçoivent beaucoup plus d'argent que l'État haïtien.

«Ce qui fait que les institutions sont faibles et que les ONG ont beaucoup d'argent. Malheureusement, elles ne répondent à personne, on ne leur pose pas de questions et elles agissent comme elles lde veulent dans n'importe quelle zone. Il faudrait blâmer l'État parce qu'il autorise les ONG. L'État aurait pu au moins superviser ces ONG et s'assurer qu'elles oeuvrent dans des endroits bien précis et que leurs programmes intègrent un plan national. Je blâme le leadership haïtien et le manque de volonté et de transparence. Cela va changer dès que nous serons installés.»

4. Les cas Bébé Doc et Aristide

Que faire des anciens présidents Jean-Claude Duvalier et Jean-Bertrand Aristide récemment rentrés au pays, ravivant de douloureux souvenirs dans la population en plus de soulever des questions juridiques cruciales? Doit-on les arrêter et les juger pour les exactions et les fraudes commises sous leur présidence?

«Leur cas n'est pas aussi particulier que vous le pensez. La Constitution d'Haïti ne prévoit pas l'exil. Alors, ils sont bel et bien chez eux et je leur dis bienvenue. S'ils ont eu des problèmes ou s'ils ont mal agi par le passé, cela a à voir avec la justice.

«Je leur dis bienvenue et nous prônons la réconciliation et l'inclusion. Il ne s'agit pas de prôner l'idéologie. Mon gouvernement a un plan pour l'avenir. J'ai toujours évité de planifier sur le passé. Je dirais tout simplement que nous pourrons éventuellement penser à ça (l'amnistie) dans la mesure où ceux qui ont été blessés dans le passé comprennent la nécessité de se réconcilier. Avant de penser à ça, il faut faire un travail de sensibilisation et de réconfort pour comprendre les victimes et respecter leurs sentiments.

«Donc, on ne s'empressera pas de prendre des décisions, mais la tendance veut que je penche du côté de l'amnistie et de la clémence, de sorte que l'on puisse penser à demain et non pas au passé. Mais il faudra toujours tenir en compte du passé pour ne pas répéter les erreurs.»

5. Un nouveau rôle pour la diaspora

«La diaspora haïtienne envoie plus de 1 milliard et demi par année à des proches restés au pays. Un «apport considérable», mais mal dirigé et peu efficace.

«Cet argent arrive à coups de 100$ par personne ou 200$ par semaine. Il n'est pas utilisé pour des projets qui apporteraient le développement durable dans certaines villes. Je propose de créer une équipe qui prendra contact avec la diaspora, représentée elle aussi par une équipe, et ces deux équipes pourront travailler ensemble à des projets qui apporteraient du développement durable.

«La diaspora a un rôle à jouer. Elle doit revenir chez elle. Elle a eu peur de revenir à cause de l'insécurité. Le premier rôle serait d'être les premiers touristes, dont on a tellement besoin. Elle pourrait donner l'exemple. Elle pourrait aussi venir avec des projets solides qui puissent faire une différence. Il ne s'agit pas de payer l'écolage (NDLR: droits de scolarité) des petits ou d'envoyer 100$ pour la mangeaille.

«Parce qu'à ce moment-là, on ne voit pas les faits de cet apport. Je suggère que cette diaspora se constitue en force et que cela donne quelque chose de tangible.»

6. Message au prochain premier ministre canadien

«Il y a toujours eu une histoire d'amour entre Haïti et le Canada et je souhaite que le prochain premier ministre s'assure que les relations restent les meilleures. Je vous dis en plus merci pour toute l'assistance que votre pays a apportée par le passé et nous allons travailler à ce que vous ne regrettiez plus d'avoir fait tous ces efforts pour Haïti.»

lundi 11 avril 2011

Haïti-élections présidentielles/ Habemus papam !

(Trouvé sur sur le Web, Dimanche 10 avril 2011, 11h 58min 06s)

Par Robert Benodin
r.benodin@att.net
Orlando le 8 avril 2011

Martelly est élu en raz-de-marée à 67% ! Coïncidence bizarre, le même pourcentage de voix obtenu par Aristide en décembre 1990 au lendemain de son plébiscite organisé et financé par l’ambassadeur de France, Jean-Raphael Dufour. Avec la nuance qu’après 20 ans, l’électorat se chiffre à 4 260 540. Les voix obtenues par Martelly, 716 986, n’ont atteint ce nombre qu’après la réintégration des procès-verbaux mis en quarantaine pour fraude par les observateurs de l’OEA et du CARICOM. De fait, le vrai pourcentage des voix obtenu par Martelly relatif à l’électorat n’est que de 16.82%. Est-ce ça, la vox populi ? Que disent les 83.17%, soit 3 543 554 autres citoyens de l’électorat ? Y a-t-il lieu vraiment d’évoquer la notion de légitimité dans ce cas ? Même avec un haut pourcentage de voix à l’urne, la faiblesse de la participation tend à vous la dérober !


Force est de constater et surtout de comprendre que c’est par le biais des procès-verbaux annulés pour fraude, que Michel Martelly a pu être récupéré remplaçant le candidat du gouvernement, Jude Célestin, et participer au second tour ? N’y a-t-il pas maintenant, dans le cas du second tour entre Manigat et Martelly, une injuste utilisation de deux poids et de deux mesures, concernant la mise en quarantaine des procès-verbaux pour fraude ? C’est le président du CEP, Gaillot Dordinvil, qui a réintégré dans le décompte des voix, ceux appartenant aux procès-verbaux mis en quarantaine pour fraude. Qui détient assez d’autorité pour ordonner le dimanche 3 avril, à la dernière minute, à Gaillot Dorsinvil, président du CEP, de réintégrer ces procès-verbaux mis en quarantaine pour fraude ? Alors que ces procès-verbaux, écartés dès le début de la tabulation, en sa présence et à sa connaissance, n’ont jamais soulevé aucune réticence, ni protestation de sa part.


Il est arrivé qu’Edmond Mulet, le chef civil de la Minustah, ait appelé le président du Sénat Kelly Bastien pour lui dire de préparer la prestation de serment de Martelly. Qu’il a contacté madame Manigat qui a déjà consenti à sa défaite. Lorsque le président du Sénat a contacté Mirlande Manigat, grande fut sa surprise d’entendre qu’Edmond Mulet n’avait jamais contacté madame Manigat. Quand Kelly Bastien a rappelé Edmond Mulet pour lui faire savoir, ce qu’il vient d’apprendre de Mirlande Manigat. Edmond Mulet lui a répondu, qu’il voulait seulement l’informer de la décision et qu’il n’avait pas à appeler Madame Manigat. Pris de court, Edmond Mulet dit : « Que devra-t-on faire pour réparer cette gaffe ? »


Il n’y a pas que cela. D’autres, depuis le vendredi 1er avril, ont accusé réception d’un courriel envoyé par Edmond mulet annonçant la décision communiquée au président du Sénat. Edmond Mulet est-il le seul auteur de cette manœuvre pour imposer la réintégration des procès-verbaux mis en quarantaine pour fraude ? Il serait naïf d’imputer cette décision qu’à Edmond Mulet. A cause de sa position comme chef civil de la Minustah, il n’en est que le coordinateur et l’exécutant. Il y a eu de fait de plus hautes autorités que lui, à contribuer à cette décision. Jugez-en vous-même, ne peut-on pas conclure logiquement, que l’autorité qui a appelé le président du Sénat, soit celle qui a aussi appelé le président du CEP ?


Ceux qui croient qu’il y aura rupture avec Martelly, devraient se poser la question, a-t-on jamais constaté de rupture entre le populisme de droite et celui de gauche depuis 53 ans ? Certes, il y a eu des querelles de chapelle, mais pas de rupture. Il y aura peut être un changement de style, dû à la personnalité du nouveau leader. C’est encore la même caste multi-classiste en décrépitude et en pleine décomposition qui a réussi ce sauve qui peut, en faveur de la continuité. Y a-t-il lieu de croire que le vieil adage « the devil I know », incité par la pression de certains secteurs, a pesé de tout son poids pour faire réintégrer les procès-verbaux frauduleux ?


L’avènement de Martelly au pouvoir peut déboucher sur un problème très grave pour le populisme. Il n’y a jamais eu jusqu’ici la coïncidence de la présence simultanée de deux leaders populistes occupant le même espace politique, réclamant la même clientèle. Martelly ayant le pouvoir, pourra-t-il forcer Aristide à se soumettre à son autorité ? Aristide revenu précisément pour revendiquer son espace politique, sa clientèle et relancer son parti, acceptera-il à se courber à la volonté de Martelly ? Deux xénophobes peuvent-ils coexister dans un même espace politique sans se détruire l’un l’autre ? Il y va de la stabilité du pays !


Ce bras de fer incontournable, aura lieu très certainement au cours de la compétition électorale pour la fin d’année. Les élections des autorités locales, qui octroient automatiquement le contrôle de la machine électorale, établiront dans les faits, lequel des deux camps populistes, aura finalement le haut du pavé. Cette décantation est cruciale et incontournable. Certes, Aristide ayant à son passif un patrimoine politique exécrable, après 7 ans d’exil, est-il en train de battre de l’aile, peut-il remonter le courant ? Mais ayant à son actif l’ethnicité et l’origine sociale, pourra-t-il comme dans le passé les exploiter en virtuose ? De fait, Martelly n’a pas l’avantage de l’expérience politique. Mais cependant jouit de la prépondérance d’un pouvoir encore très jeune. Le fait que les relations entre les bases du populisme et le pouvoir politique relevant plutôt du domaine du mercenariat, donne à Martelly un certain avantage dans cette relation. Pourra-t-il, dans ce lapse de temps, entre juin et décembre, développer le contrôle de cette relation fondamentale ? De plus, au sommet de la pyramide, les chantres du populisme qui ont collaboré avec Aristide dans le passé, pour faire leur beurre, mais qui se sont rangés momentanément du coté de Martelly pour assurer la continuité, vont-ils se maintenir du coté de nouveau pouvoir de Martelly et abandonner définitivement Aristide, malgré les affinités ethniques et d’origine sociale qui les lient ? Ou, vont-ils être plutôt en porte-à-faux entre les deux, restant constamment à l’écoute de la réalité politique, pour s’assurer dans quelle direction souffle vraiment le vent ? Car, l’échéance n’est pas à long-terme, mais seulement pour décembre. Mais de plus c’est une situation inédite qui réveillera de fait tous les vieux démons de la politique. En d’autres termes Martelly pourra-t-il, en un aussi bref délai, mettre fin à l’ascendance d’Aristide, le sol invictus, sur les masses populaires ? Voilà le hic !
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Lire aussi: Mirlande Manigat a bien raison de protester et devrait même contester !

samedi 9 avril 2011

Haïti-élections 2010-2011: Mirlande Manigat a bien raison de protester et devrait même contester !


Par Dr Pierre Montès, LCDP-Politique, 9 avril 2011


Introduction


Il est anormal que le pointage de la candidate du RDNP, Mirlande Manigat n'ait pratiquement pas augmenté et soit resté le même au second tour qu'au premier (31,57%au premier tour; 31,74% au second).

De même, il est anormal que le pointage du candidat de Repons Peyzan, Michel Martelly soit passé de 22,23% au premier tour à 67,57% au second.

En effet, une interprétation des résultats du second tour publiés par le CEP le 4 avril dernier serait que quasiment 100% (99,64%) des électeurs qui auraient voté au premier tour pour un candidat autre Marlelly et Manigat, soient allés voter pour Martelly au second tour, si l'on suppose évidemment que tous ceux qui ont voté pour Manigat au premier ont encore voté pour Manigat au second et que tous ceux qui ont voté pour Martelly au premier tour ont encore voté pour Martelly au second.


Considérations liminaires-les résultats des huit présidentielles françaises à deux tours (1965-2007) (*)

Une situation semblable s'est présentée en France en mai 2002 quand Jacques Chirac affrontait Jean-Marie Le Pen au second tour. En effet, au premier tour, parmi 16 candidats en lice, Jacques Chirac, président sortant, était classé premier et avait récolté 19,88% des voix, suivi de Jean-Marie Le Pen qui avait réussi à ammasser 16,86% des voix, devançant étonnamment le brillant Lionel Jospin, candidat socialiste ! Au second tour, pour réparer leur erreur de jugement du premier tour, les français avaient reconduit, malgré eux, Jacques Chirac à la présidence: Jean-Marie Le Pen n'a pu gagner qu'un peu moins d'un pourcent de plus (soit 17,79%), tandis que Jacques Chirac a vu son pointage s'élever à 82,21%! Une interprétation de ces résultats serait que 98,5% des électeurs français qui n'avaient voté ni pour Le Pen, ni pour Chirac au premier tour, étaient allés voter pour Chirac au second tour; et seulement 1,5% de ces mêmes électeurs qui n'avaient voté ni pour Chirac ni pour Le Pen au premier tour, avaient alors voté pour Le Pen au second tour.

Le Tableau 1 suivant montre les résultats des deux tours des huit présidentielles françaises, depuis que le suffrage universel direct est utilisé dans ce pays pour élire le Chef de l'État.



Tableau 1.- Compilation des résultats des huit présidentelles françaises (1965-2007).

La dernière colonne du Tableau 1 contient un facteur que j'ai nommé alpha. Le facteur alpha exprime, pour un candidat donné (1er ou 2e au premier tour), la proportion des électeurs qui ont voté pour lui au second tour et qui n'avaient pas voté pour les deux premiers candidats au premier tour.

Des huit élections présidentielles françaises, trois présentent un candidat qui, comme Martelly était arrivé second au premier tour et a gagné au second tour. Ce sont:

1) Valéry Giscard d'Estaing (1974).- Il est classé 2e au premier tour avec 32,60%; il réussit à se mettre au premier rang au second tour avec 50,81%, avec un facteur alpha égal à 0,754, battant ainsi son puissant rival, François Mitterrand par un écart historique de 0,39%! Je me souviens encore aujourdd'hui de cette fameuse journée de mai 1974, discutant avec des camarades étudiants à la FDS (Auguste Paquiot, Hernst-Clémenceau Pierre-Antoine, Rosemond Pradel et d'autres).

2) François Mitterrand (1981).- Il est classé 2e au premier tour avec 25,85%; il réussit à se placer au premier rang au second tour avec 51,76%, avec un facteur alpha égal à 0,565, battant ainsi son rival, Valéry Giscard d'Estaing, président sortant par un écart de 3,52%.

3) Jacques Chirac (1995).- Il est classé 2e au premier tour avec 20,84%; il réussit à se placer au premier rang au second tour avec 52,64%, avec un facteur alpha égal à 0,569, battant ainsi son rival, Lionel Jospin par un écart confortable de 5,28%.

Ces trois hommes, Giscard d'Estaing, François Mitterand et Jacques Chirac étaient des politiciens aguéris qui, malgré tout n'ont pu vaincre leur adversaire au second tour qu'avec un pourcentage compris entre 50,80% et 52,65%, et, avec un facteur alpha compris entre 0,56 et 0,75.


Quelques considérations sur les présidentielles haïtiennes 2010-2011

Le Tableau 2 ci-dessous montre les résultats des deux tours des présidentielles haïtiennes. On y voit que la candidate Mirlande Manigat a pratiquement le même pointage au premier tour qu'au second tour (31,57% au 1er tour; 31,74% au 2e). Son rival, Michel Martelly est, quant à lui, passé de 22,23% au premier tour, après un repêchage au forceps réalisé de justesse par les Docteurs et experts de l'OEA (on s'en souvient), à un poucentage fracassant de 67,57% au second tour. Selon les chiffres préliminaires, publiés par le CEP le 4 avril dernier, Michel Martelly est donc le président élu d'Haïti. Selon ces mêmes résultats, comme l'indique le Tableau 2, dernière colonne, le facteur alpha pour Martelly s'établit à, tenez-vous bien, 0,9964! Ce facteur, pour Mirlande Manigat, 0,0036, est donc tout petit et même plus petit que celui obtenu par Le Pen, 0,015, en France au deuxième tour des présidentielles de 2002! On peut comprendre le facteur alpha obtenu par Le Pen en 2002, mais pas celui attribué à Manigat en 2011 en Haïti.

Le facteur alpha égal 0,0036 attribué à Mirlande Manigat signifierait, s'il n'y avait aucunes fraudes au deuxième tour, que presque tous les électeurs qui auraient voté pour les 17 candidats autres que Martelly et Manigat au premier tour, le 28 novembre 2010, seraient allés voter (1 personne, 1 vote) effectivement pour Martelly au second tour, le 20 mars dernier! Cela n'a aucun sens. Mirlande Manigat n'est pas Jean-Marie Le Pen. Il n'y a pas de similitude possible, pouvant se traduire en termes de alpha, entre Manigat et Le Pen. Ce ne sont pas seulement 32% des électeurs qui, à travers le pays, scandaient ces paroles typiquement haïtiennes:« Banm manmanm, banm manmanm! ». C'est, sans aucun doute possible, beaucoup plus que 32%.

Martelly a peut-être gagné, mais à beaucoup moins que 67,57%; Manigat a peut-être perdu, mais à beaucoup plus que 31,74%.

Martelly a peut-être perdu par 47,04%; Manigat a peut-être gagné par 51,28%. Ce sont les chiffres qui circulaient sur le Web depuis jeudi soir 31 mars juqu'à très tard dimanche soir. Avec ces chiffres, le facteur alpha aurait été 0,4427 pour Mirlande Manigat et 0,5573 pour Michel Martelly, ce qui constitue une variante possible de la réalité que nous ignorons à ce jour.



Tableau 1.- Résultats des présidentelles haïtiennes (2010-2011).


La candidate défaite, Mirlande Manigat a vivement protesté contre les modifications introduites dans la base de données au centre de tabulation des votes sur ordre du président du Conseil électoral provisoire, M. Gaillot Dorsainvil. Mais, elle dit ne pas contester les résultats.

À la lumière de l'interprétation du facteur alpha défini ci-dessus, et, sachant que des milliers de procès-verbaux (près de 1728, selon The Miami Herald) avaient été mis en quarantaine pour fraudes et irrégularités par les techniciens du centre de tabulation, il est possible de penser que le gagnant ou la gagnante du second tour ait récolté entre 51 et 52% des voix et non 67,57%. Pour le savoir, il faudrait, peut-être qu'un groupe d'experts indépendants se penchent rapidement sur la question et en informer le CEP et la nation, avant le 16 avril 2011, date de la publication officielle des résultats définitifs des élections.

Il faut aussi noter que le CEP avait rendu le processus de tabulation très opaque, contrairement aux élections de 2006 où les opérations du centre de tabulation étaient rendues publiques quotidiennement par le directeur d'alors, M. Jacques Bernard.

Sur la base de l'analyse ci-dessus qui repose entre autres sur le facteur alpha, étant donné la popularité de Mirlande Manigat, étant donné le prestige et la sympathie dont elle jouit dans tous les mileux en Haiti, il est logique de penser, jusqu'à preuve du contraire que les 31,74% que lui a attribué le CEP, à la suite des changements introduits in extremis dans la base de données du centre de tabulation, ne correspondent pas à la réalité. Le CEP devrait chercher à faire la preuve à la population, et, à toutes celles et tous ceux qui ont voté pour Mirlande Manigat, que cette dernière a gagné ou perdu les élections avec le vrai pourcentage de votes (inconnu pour l'instant et à déterminer) qu'elle a obtenu le 20 mars 2011.

Qui auraient peur que Mirlande Manigat soit élue présidente d'Haïti: une frange des gens d'affaires haïtiennes et/ou étrangères ? une frange importante de la société haïtienne elle-même qui ne serait pas encore prête pour se laisser diriger par une femme ?
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(*) Résultats élections présidentielles en France: france-politique.fr

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Dernière mise à jour, dimanche 10 avril 2011, 08h07

jeudi 7 avril 2011

Élection de Michel Martelly: un article d'Haïti Liberté

Source: haitiliberte.com, Vol. 4 No. 38 • Du 6 au 12 avril 2011

La séléction se précise!
by Yves Pierre-Louis

Comme annoncé, le lundi 4 avril 2011, le Conseil Electoral provisoire (CEP) a publié ce qu’il dit être les «résultats» préliminaires du «second tour» des élections-farces du 28 novembre 2010. «Résultats» qui du reste auraient dû être proclamés depuis le 31 mars dernier. Joseph Michel Martelly, candidat de la Plateforme politique, Repons Peyizan a remporté la présidentielle avec un pourcentage de 67,57%, tandis que la candidate du RDNP, Mirlande Hyppolite Manigat en a obtenu 31,74%. On ne peut s’empêcher de s’interroger comment en l’espace de seulement quatre mois Martelly soit passé de 21.84% à 67.57%, un gain de 45.73%, alors que Mirlande Manigat n’a gagné que 0.74% (son score antérieur était de 31%). Bizarre ! Selon le CEP d’exclusion de Gaillot Dorsinvil, 4,694.961 électeurs étaient inscrits dans les registres de ce Conseil dont 716.986 ont voté en faveur de Michel Martelly et 336.747 ont choisi Mirlande Manigat.

C’est le directeur de communication du CEP, Pierre Jean Thibault qui a donné la lecture de la publication des «résultats» des élections présidentielles et législatives. On lui donne acte de cette publication. Mais il ne peut prétendre ne pas être au courant de la visite inopportune, à une heure indue, du président du CEP Gaillot Dorsinvil, de la colère «des techniciens et opérateurs de saisi de données en apprenant qu’ils ne laisseront les locaux que sur ordre du responsable du CTV, M. Widmark Martador», des «vives disputes… entre le responsable du Centre de Tabulation des Votes (CTV) et les représentants de Mirlande Manigat au CTV… des échanges …tellement houleux que M. Dorsinvil [menaça] de les faire arrêter au cas où ils n’obtempèreraient pas», de son intervention musclée pour «faire comptabiliser près de deux cent sept (207) procès [verbaux] que les techniciens avaient mis de côté pour fraudes et irrégularités… PV …pour la plupart favorables au candidat de Repons Peyizan, Michel Martelly».

Selon Joseph Chanoine Charles du journal Le Matin (1) de qui proviennent les citations ci-dessus mentionnées : «Jusque très tard dans la nuit, les informations fusaient de toutes parts au sein du CTV. De sources généralement bien informées proches du CTV, Mirlande Manigat était en [pôle] position pour remporter les élections. Cependant, tout semble avoir changé suite à la visite de Gaillot». De façon étrange, Gaillot Dorsinvil laisse les locaux de la SONAPI [ndlr. Société Nationale des Parcs Industriels]. Peu de temps après les deux représentants de Mirlande Manigat [Max Mathurin et Paul Duchatelier] laissent euxmêmes le CTV sans rien dire à la presse». Y a-t-il eu magouilles ? De quelle nature ? Pour qui, par qui et comment ? Dans un souci de transparence, Thibault, Dorsinvil, Mathurin et Duchatelier doivent des explications au grand public, autrement la prétendue «victoire» de l’un des deux candidats et le prétendu «échec» de l’autre restent matière à controverse et à éclaircissement.

Après la proclamation de la «victoire» proclamée de Joseph Michel Martelly, des milliers de ses partisans ont gagné les rues à Port-au- Prince et dans plusieurs autres villes du pays pour fêter cette «victoire ». Mirlande Manigat ayant déclaré qu’elle ne fera pas appel des résultats, Joseph Michel Martelly va succéder au président de facto, René Préval à la tête du pays le 14 mai 2011, date non retenue par la constitution de 1987 pour la rentrée en fonction du président de la République.

Aux législatives sept (7) sénateurs ont été élus dans six départements du pays. La Plateforme politique Alternative, qui ne participe pas officiellement aux élections, a remporté quatre sièges au Sénat de la République : Andris Riché dans la Grand’Anse ; Joseph François Anick, dans l’Artibonite, Francisco Delacruz, dans le centre et Polycarpe Wesner, dans le Nord. La plateforme INITE a gagné 2 sièges : Fritz Carlos Lebon dans le Sud ; Bien-Aimé Jean Baptiste, dans le Nord-Est du parti Avni décroche un siège et Deras Simon Dieuseul dans le département du Centre bénéfi cie d’un court mandat de quelques mois.

La configuration de la Chambre des députés devra se représenter ainsi : INITE aura 33 députés, Alternative : 14, Ansanm Nou Fò : 10, AAA : 9, Lavni : 7, Rasanble : 3, Pont : 3, Repons Peyizan : 3, Indépendant : 3. Aucun parti n’a obtenu la majorité dans les deux Chambres. Les Sénateurs et députés devraient rentrer en fonction tout suite après les «résultats défi nitifs» prévus pour le 16 avril prochain.

Par ailleurs, le Secrétaire général de l’organisation des Nations Unies, Ban Ki-Moon prévoit un sombre mandat pour le prochain président d’Haïti. Ban Ki-Moon qui présentera son rapport sur la situation d’Haïti au Conseil de Sécurité de l’ONU, ce mercredi 6 avril a prédit : « Le prochain président haïtien pourrait bien devoir faire face à une longue période de cohabitation diffi cile avec un Parlement divisé où règnent les dissensions. Il héritera de diffi cultés redoutables, auxquelles viendront s’ajouter le début de la prochaine saison des ouragans, l’absence de compétence du secteur public et la désillusion croissante de la population quant à la classe politique actuelle. » a-t-il indiqué dans rapport rendu public la semaine dernière.

Pour Ban Ki-Moon qui a ses troupes dans le pays depuis 2004, la seule issue d’Haïti dans le contexte actuel sera l’établissement d’un Etat de droit. « Pour parvenir à la paix et à la prospérité durables, les Haïtiens doivent instaurer l’Etat de droit. Mais cela demandera un engagement sincère, pour mettre en place un pouvoir judiciaire indépendant et effi cace, un Parlement qui rende compte au peuple et ne doit pas être mû par des intérêts particuliers et un gouvernement transparent, qui réponde aux besoins du pays et qui représente véritablement les Haïtiens. » a-t-il souligné.

Il a toutefois fait remarquer que l’Etat de droit implique également l’établissement d’un véritable système foncier et d’identifi cation des citoyens, de code de construction et de lois commerciales. L’Etat de droit doit se traduire dans un jugement équitable de l’ex-dictateur, Jean Claude Duvalier, de retour en Haïti depuis 16 janvier 2011.

Ban Ki-Moon a pourtant oublié de dire que le prochain président et son gouvernement devront faire face également à des protestations incessantes revendiquant d’abord le départ inconditionnel des forces d’occupation de l’ONU, la Minustah occupant le pays depuis plus de sept ans. Et ensuite des manifestations revendiquant, notamment sur la baisse de la cherté de la vie, le paiement des arriérés de salaire (les 36 mois des révoqués des entreprises publiques : Teleco, ONA, APN, SMCRS et autres), le respect des droits fondamentaux du peuple haïtien et les acquis démocratiques suite à la chute de la dictature des Duvalier.

Pour conclure, le peuple haïtien ne sait pas encore s’il est au bout de ses peines et de ses surprises après ces élections bidon qui n’ont mobilisé qu’un faible pourcentage de la population. En effet, plus des 3/4 des Haïtiens, soit 76%, se sont abstenus de voter, selon les statistiques mêmes du CEP (2). Cela signifie que seulement 16.7% des électeurs inscrits ont voté pour Martelly contre seulement 8% pour Manigat. Ces chiffres en disent long sur la «victoire » et prétendue légitimité de Martelly.

Yves Pierre-Louis et la Rédaction du journal
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(1) Gaillot Dorsinvil : La visite qui aurait tout basculé. Joseph Chanoine Charles, Le Matin, 2011-04-04 17:09:01.

(2) http://www.cepr.net/index. php/blogs/relief-and-and-reconstruction- watch/martellys-historicallyweakmandate? sms ss=twitter&at xt=4d9b5fds59f59dd,0

L'élection de Michel Martelly: l'écrivain Lyonel Trouillot explique...

Source: radiokiskeya.com, 6 avril 2011

Sim Pa Rele
Ne pleure pas, Jeannette…

Par l’écrivain Lyonel TROUILLOT

Dans l’une de mes précédentes chroniques, je dénonçais le désarroi de ceux qui s’offusquaient de la candidature et de la popularité des chanteurs Wyclef Jean et Michel Martelly : les symptômes d’une crise sociale dont l’expression politique prend la forme du rejet de tout ce qui peut représenter l’ordre social, aux yeux des masses urbaines défavorisées et de la paysannerie. Pas besoin d’être sociologue ou historien pour se rendre à l’évidence de cette perception, chez celles et ceux qui ont voté Michel Martelly, qu’il existe un ordre qui est contre eux. Leur vote, dès lors, est déterminé par l’écart que le candidat choisi entretient selon eux avec le pouvoir politique en tant que garant de cet « ordre » duquel ils n’attendent rien.

Quand on offre le vote à des gens qui ne se sentent pas citoyens, dans une atmosphère d’ancien régime, ils votent le « désordre ». Depuis Duvalier, en passant par Aristide, pour en arriver à l’élection de Michel Martelly, la présidentielle haïtienne prend l’allure d’Etats Généraux. Dans ces trois cas, sans nier les spécificités conjoncturelles et les particularités de chacune de ces candidatures, le malheur a voulu qu’aux yeux d’une bonne partie de l’électorat, ces candidats soient porteurs du cahier de charge dont l’exécution mettrait fin à « l’ordre ». Le malheur. Au moins dans les deux premiers cas. La déstructuration de ce qui mérite d’être déstructuré n’a pas conduit à l’organisation d’une société républicaine fondée sur moins d’inégalité sociale. Le désordre n’a pas changé l’ordre social, il en a révélé et exploité la pourriture.

Plutôt que de se lamenter sur l’échec électoral de la constitutionnaliste lectrice d’Agatha Christie, il s’agira pour les progressistes de déborder ce nouveau populisme sur sa gauche. Veiller au respect des acquis démocratiques contre toute dérive totalitaire qui, plutôt que d’engager les institutions dans l’exercice de la transformation sociale dans le respect de leurs pouvoirs respectifs, pourrait prendre le chemin de la destruction de ces institutions. Dénoncer toute tendance au retour vers les préjugés sociaux et le clientélisme : la « bande » à Michel Martelly n’est pas exempte de fils et filles d’ayants-droit en droite lignée du mulâtrisme et du noirisme. Exercer la pression pour des mesures économiques et sociales pour une république fondée sur l’équité et l’égalité réelles.

Il s’agira aussi pour les progressistes de surmonter la contradiction qui les divise en deux : celle qui fait du même homme un intellectuel de gauche contrarié par le notable en lui. A titre d’exemple, des évidences que l’intellectuel aurait dû saisir et que le notable a ratées : Michel Martelly, dans le rôle de Sweet Micky, a choqué les bonnes mœurs, mais dans le système de représentation de celles et de ceux qui ont voté pour lui, cela n’a aucune importance. Pourquoi ? Parce que la crise sociale est telle, le rejet de l’ordre tel, que la « désacralisation » de tout ce qui le représente ne gêne pas, et pourrait même séduire.

Autre évidence : le coup de la sensibilité à la misère. Il faut reconnaître que les gens ont senti une sensibilité à leur condition, et qu’ils voteront à chaque fois (on en revient aux élections Etats-Généraux) celui ou celle qu’ils croiront sensible à leur condition. Si les gens ne croient pas que vous êtes sensibles à leurs conditions, comment pourraient-ils croire que vous allez y changer quelque chose ! Encore une fois, c’est sur sa gauche qu’on pourra vaincre le populisme : sensibilité réelle aux conditions du peuple, propositions claires de transformation de ces conditions. Les pleureurs qui se lamentent auraient dû pousser leur candidate à être plus « sociale », ou se constituer en force autonome et affronter le populisme. Le vaincre : Montrer que c’est nous qui comprenons vos problèmes et qui allons prendre les mesures justes pour les résoudre. C’est aussi ce silence, cette absence, qui a élu Michel Martelly.

Lyonel TROUILLOT

dimanche 3 avril 2011

Haïti-2e tour présidentielles/Résultats non-officiels: Manigat 51,28%, Martelly 47,04%

Une variante possible de la répartition des voix



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La répartition des voix hypothétique, consignée au tableau ci-dessus, est basée sur les pourcentages reçus d'une source crédible.

Voici la teneur du message reçu le jeudi 31 mars 2011 à 23h00:

«Résultats des Élections (Mirlande Manigat 56 ieme Presidente d'Haiti)»

«Les résultats sont les suivants:

Nord-Ouest.- Mirlande Manigat 58.9% Michel Martelly 41.1 %

Artibonite.- Mirlande Manigat 62.9% Michel Martelly 37.1%

Nord.- Mirlande Manigat 49.3% Michel Martelly 50.6%

Nord-Est.- Mirlande Manigat 60.4% Michel Martelly 39.5%

Ouest.- Mirlande Manigat 24.2% Michel Martelly 75.7%

Centre.- Mirlande Manigat 68.4% Michel Martelly 31.5%

Sud-Est.- Mirlande Manigat 54.8% Michel Martelly 45.1%

Sud.- Mirlande Manigat 48.7% Michel Martelly 51.2%

Nippes.- Mirlande Manigat 66.5% Michel Martelly 27.4%

Grande Anse.- Mirlande Manigat 72.7% Michel Martelly 26.2%


82.2% des PV ont été acceptés et 17.8% ont été annulés.

Les elections ont été gagnées par Mirlande Manigat avec 51.28% des suffrages exprimés contre 47.04% pour Michel Martelly.

Il y a eu 1.68% de bulletins blancs.»

vendredi 1 avril 2011

Cuba. Le régime est engagé discrètement sur la voie du capitalisme.

Source: yahoo.com, jeudi 31 mars 2011.

Par Normand Lester

Le parti communiste cubain tient ce mois-ci son premier congrès en 14 ans. Il va coïncider avec le 50e anniversaire de la victoire de la jeune révolution castriste contre les forces contre-révolutionnaires soutenues par la CIA à la baie des Cochons en 1961.

Le régime peut être fier de quelques réalisations dans le domaine de la santé et de l'éducation, mais à quel prix? Cinquante ans de bourrage de crâne, de censure, de répression politique et de privation de liberté qui ont fait fuir la totalité de la classe moyenne en Floride. La hargne et l'acharnement des États-Unis, entretenus par les exilés de Miami, ont contribué au blocage politique à La Havane. Mais le temps a fait son œuvre. La révolution cubaine est morte depuis longtemps et ses dirigeants, ceux qui ne sont pas encore à l'hospice, sont caricaturaux. Castro, 84 ans, a remis les rênes du pouvoir à son jeune frère Raoul, 79 ans. Le régime ramollit. Il a libéré ces derniers mois les 75 derniers prisonniers politiques de l'île.

Le congrès de La Havane va entériner sans le dire l'ouverture du pays à l'entreprise privée. Déjà en septembre dernier, Raoul Castro a renié le castrisme et le communisme en annonçant qu'il allait mettre un million de fonctionnaires à pied en abolissant leurs postes. Ils sont invités à créer leur propre entreprise ou à fonder des coopératives. Mieux, l'État communiste va avancer de l'argent aux entrepreneurs en herbe qui veulent se lancer en affaires. Je me demande comment la CSN et les syndicats de la fonction publique accueilleraient ici de telles mesures. De quoi déprimer les membres de Québec Solidaire qui durant leur congrès récent ont adopté une série de propositions qui vont à l'encontre des mesures adoptées par leurs camarades compagnons de lutte cubains.

Nos gauchistes québécois veulent resserrer le contrôle de l'état sur la totalité de l'activité économique alors que la planète entière, y compris les anciens états ultracommunistes comme le Viêt Nam, la Chine et Cuba rejettent le modèle marxiste qui a échoué catastrophiquement partout où il a été appliqué. Françoise David s'est retiré temporairement de co-présidence de Québec Solidaire pour écrire un manifeste politique. J'ai bien hâte de le lire.

Nos progressistes sont généralement en retard d'une révolution et de deux modes intellectuelles.

Les communistes cubains masquent leur reniement de la Cause derrière des slogans verbeux. Le programme de libéralisation de l'économie qui va être présenté au congrès de La Havane s'intitule « Seul le socialisme est capable de surmonter les difficultés et de préserver les conquêtes de la Révolution ». Officiellement le régime cubain va rester communiste. Comme les régimes vietnamiens et chinois qui le sont toujours.

Les Chinois sont peut-être des camarades communistes, mais ils exigent que les remboursements de prêts soient versés selon les échéanciers prévus. Business is Business.

La Chine, qui prête beaucoup d'argent à Cuba (comme elle finance aussi les États-Unis) conseille Raoul Castro sur la façon de décentraliser et de libéraliser le régime en maintenant l'image de marque « communiste ».

Il faut faire attention à l'image. Jadis l'URSS subventionnait les besoins en pétrole de Cuba. Depuis l'effondrement du communisme en Russie, Cuba s'est tourné vers le Venezuela pour obtenir du pétrole à prix d'amis. Hugo Chavez, celui qui se voit comme le porteur de la flamme socialiste et révolutionnaire en Amérique latine n'apprécierait pas du tout que La Havane embrasse trop ouvertement l'entreprise privée et le capitalisme.