mardi 30 novembre 2010

Haïti : Manigat a de "bonnes chances"

Source: lefigaro.fr
AFP, 29/11/2010 Mise à jour : 21:06

Mirlande Manigat, qui compte parmi les favoris de l'élection présidentielle en Haïti, a estimé au lendemain du scrutin qu'elle disposait de "bonnes chances de gagner", et s'est dite prête à participer à un éventuel second tour. "Je suis toujours dans la course, j'ai de bonnes chances de gagner les élections", a déclaré Mme Manigat à l'AFP. Elle a également affirmé ne pas faire partie du groupe des 12 candidats qui ont demandé dimanche l'annulation de la consultation.

"On a cité mon nom dans un document, mais je n'ai jamais participé à l'élaboration d'une déclaration, je n'ai pas signé", a ajouté Mme Manigat, qui avait cependant fait une déclaration personnelle demandant l'annulation du scrutin.

"Compte tenu des circonstance dans lesquelles je me trouvais, j'avais demandé l'annulation, mais il y a de nouvelles données, alors je peux revenir sur ma décision", s'est-elle justifiée.

Les observateurs cautionnent prudemment les élections en Haïti

Par Pascal Fletcher
Sources: lepoint.fr, 30/11/2010 à 07:27



PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Les observateurs internationaux ont prudemment cautionné les élections de dimanche en Haïti en dépit d'"irrégularités".

Les problèmes recensés par la mission conjointe des observateurs de l'Organisation des Etats américains et de la Communauté caraïbe vont de la manipulation des électeurs à des actes de violence ou d'intimidation, d'une "atmosphère toxique" déclenchée par les accusations de fraude à des cas d'électeurs dans l'impossibilité de trouver leur bureau de vote.

"La mission conjointe n'estime pas que ces irrégularités, aussi graves que soient certaines, invalide nécessairement le processus", a déclaré l'ambassadeur Colin Granderson, chef de l'équipe des observateurs.

Le Conseil électoral provisoire (CEP) a fait savoir qu'il faudrait peut-être une semaine pour connaître les premiers résultats.

Deux autres candidats à la présidence haïtienne ont dénoncé lundi les conditions d'organisation du scrutin et réclamé l'annulation du premier tour de la présidentielle.

Mais Michel "Sweet Micky" Martelly, qui avait demandé dès dimanche soir cette annulation avec onze autres candidats, est revenu sur sa décision et a souhaité que le dépouillement des suffrages se fasse normalement.

Le musicien, qui a recueilli le soutien du chanteur Wyclef Jean, a expliqué ce revirement par le fait qu'il était en tête dans les bureaux où il n'y a pas eu de fraudes. "Je veux que le Conseil électoral, le président (René) Préval et la communauté internationale respectent le suffrage populaire", a-t-il dit.

NOUVELLE MANIFESTATION

Mirlande Manigat, qui fait également partie des candidats crédités d'une bonne chance de figurer au second tour le 16 janvier, a également nuancé sa position. Après avoir réclamé l'annulation du premier tour, elle s'est déclarée prête à participer à un second tour si le dépouillement la place parmi les deux candidats en tête.

Sur les 18 candidats qui briguaient la magistrature suprême, seuls cinq, dont Jude Célestin, protégé du président sortant René Préval et champion du mouvement Inite (Unité), reconnaissent pour l'heure la validité du scrutin.

Le Conseil électoral provisoire (CEP), ignorant plaintes et manifestations, a pourtant estimé que ces élections s'étaient "dans l'ensemble bien déroulées".

Au lendemain du vote, la tension et l'incertitude régnaient à Port-au-Prince, la capitale portant toujours les stigmates du tremblement de terre qui a fait plus de 250.000 morts le 12 janvier dernier.

Une centaine de personnes se sont rassemblées près du palais présidentiel, en grande partie effondré depuis le séisme, pour dénoncer les fraudes et réclamer l'annulation des élections.

Les Haïtiens étaient appelés à élire leur président, les 99 députés de la Chambre et onze des trente membres du Sénat. Les opérations ont été marquées par une grande confusion et, selon l'opposition, par des fraudes massives.

DILEMME

Pour les organisations internationales, accepter le résultat du vote risque de provoquer la colère de l'opposition, le rejeter pourrait affaiblir les autorités qui ont organisé le scrutin - un dilemme potentiellement explosif.

Le Center for Economic and Policy Research, dont le siège est à Washington, considère le vote de dimanche "comme une farce grossière du début à la fin" et parle notamment de bourrage des urnes, comme l'ont dénoncé des opposants qui affirment que "des victimes du tremblement de terre ont voté".

"La communauté internationale devrait rejeter ces élections et affirmer son soutien aux institutions démocratiques", dit Mark Weisbrot, co-directeur du centre. "Sinon, il y aura en Haïti un gouvernement largement considéré comme illégitime."

Weisbrot demande que le CEP, accusé de favoriser Jude Célestin, soit remplacé en vue de l'organisation de nouvelles élections dont le résultat sera crédible.

Des manifestations avaient éclaté dès la fermeture des bureaux de vote dimanche soir. Les stations de radio haïtiennes ont fait état de la mort de deux personnes lors de violences dans le sud du pays.

Onze mois après le séisme meurtrier du 12 janvier, le pays est confronté à une épidémie de choléra qui a fait 2.000 morts.

Joseph Guyler Delva et Allyn Gaestel; Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français

lundi 29 novembre 2010

La crédibilité des élections en Haïti largement contestée

Par Pascal Fletcher
Sources: lepoint.fr, 29/11/2010 à 21:14 et Reuters

PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Deux autres candidats à la présidence haïtienne ont dénoncé lundi les conditions d'organisation du scrutin de dimanche et réclamé l'annulation de ce premier tour, rapportent des radios locales.

Sur les 18 candidats qui briguaient la magistrature suprême, seuls quatre, dont Jude Célestin, protégé du président sortant René Préval et champion du mouvement Inite (Unité), reconnaissent la validité du scrutin.

Le Conseil électoral provisoire (CEP), ignorant plaintes et manifestations, a annoncé que ces élections s'étaient "dans l'ensemble bien déroulées".

Au lendemain du vote, la tension et l'incertitude régnaient à Port-au-Prince, la capitale portant toujours les stigmates du tremblement de terre qui a fait plus de 250.000 morts le 12 janvier dernier. Dans certains quartiers, des affiches électorales et des bulletins de vote inutilisés jonchaient les rues.

Une centaine de personnes se sont rassemblées près du palais présidentiel, en grande partie effondré depuis le séisme, pour dénoncer les fraudes et réclamer l'annulation des élections.

"Nous ne comprenons vraiment pas ce qui se passe, on attend toujours les résultats", déclarait un électeur, Fritz Etienne. Le CEP a fait savoir qu'il faudrait peut-être une semaine pour connaître les premiers résultats.

Les Haïtiens étaient appelés à élire leur président, les 99 députés de la Chambre et onze des trente membres du Sénat. Les opérations ont été marquées par une grande confusion et, selon l'opposition, par des fraudes massives.

DILEMME

La mission des Nations unies en Haïti (Minustah), ainsi que les observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA) et de la Communauté caraïbe ont fait savoir qu'ils recueillaient des informations sur le déroulement du scrutin avant de se prononcer.

Pour les organisations internationales, accepter le résultat du vote risque de provoquer la colère de l'opposition, le rejeter pourrait affaiblir les autorités qui ont organisé le scrutin - un dilemme potentiellement explosif.

Le Center for Economic and Policy Research, dont le siège est à Washington, considère le vote de dimanche "comme une farce grossière du début à la fin" et parle notamment de bourrage des urnes, comme l'ont dénoncé des opposants qui affirment que "des victimes du tremblement de terre ont voté".

"La communauté internationale devrait rejeter ces élections et affirmer son soutien aux institutions démocratiques", dit Mark Weisbrot, co-directeur du centre. "Sinon, il y aura en Haïti un gouvernement largement considéré comme illégitime."

Weisbrot demande que le CEP, accusé de favoriser Jude Célestin, soit remplacé en vue de l'organisation de nouvelles élections dont le résultat sera crédible.

Des manifestations avaient éclaté dès la fermeture des bureaux de vote dimanche soir. Les stations de radio haïtiennes ont fait état de la mort de deux personnes lors de violences dans le sud du pays.

Le groupe des candidats à la présidence qui demande l'annulation du scrutin comprend les principaux favoris, dont l'ancienne première dame Mirlande Manigat, le musicien Michel Martelly et l'avocat Jean-Henry Céant.

Onze mois après le séisme meurtrier du 12 janvier, le pays est confronté actuellement à une épidémie de choléra qui a fait environ 2.000 morts.

Des émeutes contre les casques bleus ont éclaté ces dernières semaines à la suite de rumeurs accusant le contingent népalais de l'Onu d'avoir été le vecteur de la bactérie du choléra. Ces violences ont compliqué encore un peu plus la lutte contre la maladie ainsi que l'organisation des élections.

Joseph Guyler Delva et Allyn Gaestel; Guy Kerivel pour le service français

dimanche 28 novembre 2010

Haïti-élections 2010/ La campagne électorale vue par quelques médias

  1. The New York Times, reportage-photo.
  2. BBC, photo.
  3. Haïti info, articles, vidéos, photos.
  4. Radio-Canada, dossier sur les élections.
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N.B.- Suivre le déroulement de la journée du dimanche 28 novembre 2010 en cliquant sur le lien suivant:
Haitielections2010.

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Haïti-élections: 28 novembre 2010

Amies et amis internautes,

Cliquez sur le lien suivant pour savoir comment se déroule la journée d'élections sur tout le territoire de la République:

haitielections2010.com, dimanche 28 novembre 2010

Bonne journée !

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samedi 27 novembre 2010

MA POSITION POUR LES PROCHAINES ELECTIONS PRESIDENTIELLES D’HAÏTI


Professeur Gérard Bissainthe
gerardbissainthe@gmail.com
http://www.municipes-haiti.com/
26 novembre 2010


Comme les prochaines élections présidentielles d’Haïti auront lieu sous les auspices d’une occupation étrangère illégale qui ne dit pas son nom, je ne participerai pas à la consultation électorale de dimanche. Si j’y participe, je pense que mon exemple pourra contribuer à faire croire au peuple haïtien que ces élections sous occupation étrangère constituent une amorce de solution à notre marasme qui ne fait qu’empirer chaque jour, alors que le mal lui-même est l’occupation étrangère.

D’ailleurs la participation dont je parle ne pourrait être que virtuelle ou morale en quelque sorte, car même si je voulais aller déposer mon bulletin pour le candidat ou à la candidate de mon choix, je ne le pourrais pas, étant donné que je vis aujourd’hui à l’étranger, dans ce que nous appelons la Diaspora Haïtienne, et aucune disposition n’a jamais été prise pour que les Haïtiens de la Diaspora puissent voter.
Ancré sur un engagement d’au moins un demi-siècle dans la lutte en Haïti ou dans l’exil pour une Haïti meilleure, je réaffirme ma conviction que notre pays ne pourra sortir de son capharnaum qu’aux conditions suivantes:

1.- L’ARMEE NATIONALE INDIGÈNE
La remise sur pied inconditionnelle et dans les meilleurs délais des forces armées (Armée et Police) indigènes, comme l’exigent notre Constitution et notre histoire.

2.- LA DECENTRALISATION “MUNICIPALISTE”
Une décentralisation administrative qui mette fin en Haïti dans les meilleurs délais au suzerainisme féodal du pouvoir central souvent désigné par l’expression “la République de Port-au-Prince”. Cette décentralisation a été vulgarisée dans les médias haïtiens par le mot “municipalisme”.

3.- LA MONONATIONALITE TERRITORIALE
La reconnaissance immédiate sur le territoire haïtien de la nationalité haïtienne pleine et entière des citoyens qui ont une nationalité haïtienne d’origine et qui jouissent en même temps d’une ou de plusieurs nationalité(s) étrangère(s), quitte à ce que des conditions circonstancielles soient établies par le Législateur pour protéger la souveraineté de la nation haïtienne.

Etant donné que les “multinationaux” constituent le fer de lance, le noyau central et la locomotive de la Diaspora haïtienne, cette “mononationalité territoriale” est la seule et unique manière de libérer les forces puissantes actuellement bridées et désamorcées de cette Diaspora haïtienne qui est le deuxième pôle essentiel de notre nation haïtienne devenue aujourd’hui une nation pleinement bipolaire.

Pour sortir des impasses routinières de notre politique, j’ai lancé avec des citoyens dont la majorité se trouve dans le pays intérieur, un mouvement qui a pour nom RACINE, sigle de “RAssemblement des CItoyens pour un Nouvel Etat” et dont l’objectif est de rassembler tous les citoyens haïtiens de l’intérieur et de la Diaspora qui veulent travailler à changer les structures de base du pays de manière positive. Nous le ferons de la manière suivante.

1.- Nous éviterons l’inféodation organique ou l’opposition systématique à quelque instance que ce soit, nationale ou internationale.

2.- Nous appuierons toutes les actions et initiatives utiles au pays d’où qu’elles viennent, de manière circonstancielle.

3.- Nous viserons à donner à tous les citoyens haïtiens la possibilité de faire dans les consultations électorales des choix personnels, conscients, libres et responsables, ce qui est la seule manière pour le peuple haïtien d’accéder au pouvoir réel et non à celui fictif et oligarchique du système actuel.
4.- Nous instaurerons avec les instances internationales, de préférence celles qui sont décentralisées, des échanges toujours transparents qui évitent le parasitisme que crée l’assistanat et qui établissent avec ces instances internationales des relations conviviales, partenariales, synergétiques, paritaires.

5.- Nous viserons à resserrer les liens qui doivent unir la “Famille Panaméricaine” sans anathème d’aucune de ses composantes.

Ayant eu l’honneur et le plaisir de recevoir en 1989, en ma qualité de Commissaire Général aux Haïtiens d’Outre-Mer, la médaille de la ville américaine de Houston, Texas et de recevoir récemment la médaille de la ville du Pradet dans le Midi de la France, j’estime que j’ai un devoir particulier de travailler à resserrer les liens spéciaux qui doivent exister dans ce que j’appelle le “Triangle Révolutionnaire Atlantique”, à savoir la Révolution Américaine de 1776, la Révolution Française de 1789 et la Révolution Haïtienne de 1804, qui sont les trois révolutions-phares du monde occidental et dont Haïti par son histoire est en quelque sorte l’interface. Pour le bien même de toutes les parties concernées, je mets ainsi au cœur de mes préoccupations et de mes objectifs personnels, par delà les divergences épisodiques éventuelles, l’ouverture aux courants culturels de la République Étoilée, de la France, des courants qui, joints à ceux de l’Afrique et de l’Amérindie, sont intégrées de manière prioritaire dans la substance même de notre nation.

En 1987, alors que je dirigeais le Bureau Politique du F.N.C. (Front National de Concertation), j’ai connu l’épreuve, après le carnage de la Ruelle Vaillant, d’avoir à décider avec le Bureau Politique, et ce ne fut pas de gaîté de cœur, d’arrêter la participation du FNC à ces élections pour éviter un bain de sang. Je forme le vœu que les instances en présence aujourd’hui évitent tout affrontement meurtrier qui de toute façon ne pourrait qu’affaiblir la communauté haïtienne dont toutes les composantes doivent au contraire unir leurs forces pour combattre l’ennemi commun qui est la Tutelle, une tutelle dont les vraies caractéristiques sont qu’elle nous a apporté trois choses qui n’existaient pas avant la Minustah, à savoir les galettes de terre, les kidnappings et, d’après certains observateurs, maintenant le choléra.

Puisque cette Tutelle existe, le pouvoir qui sortira des urnes dimanche, ne pourra être qu’un pouvoir subsidiaire, pour ne pas dire même un pouvoir de façade. Pourquoi finalement se déchirer pour un mirage ? Alors qu’en se mettant tous ensemble, on peut simplement avec un NON collectif donner congé, sans coup férir, aux forces d’occupation qui ne sont là que pour perpétuer et renforcer dans le pays la mainmise politique et économique d’une minorité sans racines solides et profondes dans les bases de la nation.


A ceux qui se posent la question de savoir quelle est à mon avis la personne sur la liste des candidats à l’élection présidentielle la mieux qualifiée intellectuellement et susceptible de projeter la meilleure image du pays aux yeux des étrangers, ma réponse est incontestablement Madame Mirlande Hyppolite Manigat. C’est tout ce que je puis dire dans un contexte de Tutelle, où d’ailleurs la Diaspora haïtienne dans laquelle je vis actuellement et que j’ai toujours défendue est pratiquement et même cyniquement amputée de son devoir et de son droit d’aller exprimer sa volonté par les urnes.

Par contre moi-même et le mouvement RACINE restons ouverts pour un dialogue demain avec le vainqueur des élections, un dialogue qui sera centré essentiellement sur les possibilités de travailler ensemble en vue d’implémenter les trois points ci-dessus mentionnés qui sont l’axe autour duquel pivote toute notre action politique présente et future.

La libération et le bonheur d’Haïti sont nos deux étoiles.

Salut et Fraternité

Gérard Bissainthe

Le mystère de Jude Célestin


«De tous les candidats à l'élection présidentielle haïtienne, Michel Martelly est celui qui soulève l'engouement le plus enthousiaste. Pourtant, selon les sondages, il n'obtiendrait demain que 14% des intentions de vote et il est peu probable qu'il passe au second tour.»

Par Agnès Gruda
La Presse, Montréal
Source: cyberpresse.ca, 27 novembre 2010 à 05h00 Mis à jour à 05h00


Jeudi midi, à Pétion-ville, le quartier huppé de Port-au-Prince, des partisans du chanteur Michel Martelly se pressent autour du candidat à la présidence dans un brouhaha étourdissant. Certains ont transformé son affiche rose en chapeau, d'autres en cravate.
«Martelly? Wow! Il a beaucoup de rêves pour les jeunes, il peut corriger le désordre créé par les élites», s'exclame un jeune homme.

Appelés à se joindre à une «marche de libération», les partisans de «Sweet Micky» descendent vers le Champ-de-Mars où se tiendra le grand rassemblement pro-Martelly.

En Haïti, toute manifestation se fait au pas de course. Des groupes passent en courant, par vagues, sous le soleil brûlant. Les commerçants qui bordent la route lèvent le pouce sur leur passage. «Il va changer les choses, il y aura de quoi manger, des routes, des hôpitaux, des écoles, des universités!», se réjouit Sabrina Saint-Louis, esthéticienne au salon de beauté Studio Modena.


À l'autre bout de la ville, au Carrefour Aéroport, les partisans de Jude Célestin, qui a l'appui du président sortant René Préval, sont rassemblés eux aussi, en attendant leur candidat. Un avion fait pleuvoir des calendriers aux couleurs du candidat du régime. Sur la scène aménagée au milieu de la place, les haut-parleurs crachent une chanson vaudou. La foule est clairsemée et des filles en t-shirt jaune et vert dansent de façon suggestive. Nadine, Barbara et Muscardy ont entre 16 et 19 ans. Depuis le tremblement de terre, elles vivent dans un camp de déplacés.

«Si nous sommes là, c'est parce qu'on nous a donné ces t-shirts», dit Barbara en toute candeur. «On est ici pour s'amuser, pas pour Célestin. Moi, je préfère Michel Martelly...»

Quand Jude Célestin finit par rejoindre ses troupes, avec trois heures de retard, il promet des routes, des emplois. Un discours de moins de 10 minutes, puis il s'en va. Michel Martelly, lui, tient son auditoire en haleine avec des blagues, des imitations et une charge à fond de train contre l'establishment politique haïtien.

Le contraste entre ces deux événements en dit long sur cette campagne électorale qui s'achève aujourd'hui, alors que plus de quatre millions d'Haïtiens s'apprêtent à élire leur prochain président.

De tous les candidats, Michel Martelly est celui qui soulève l'engouement le plus enthousiaste. Et les fans de Jude Célestin ne courent vraiment pas les rues.

Encore hier, alors que Jude Célestin clôturait sa campagne électorale dans le quartier Carrefour, une passante qui tenait une de ses affiches nous a dit: «Je ne vais pas vous mentir, moi c'est Martelly.»

Dans les camps de déplacés, dans les quartiers populaires ou à l'université, le nom de Jude Célestin suscite des sourires ironiques. Et c'est sans grand enthousiasme que ses supporters affirment qu'une fois président, leur candidat apportera «du changement» et des emplois.

Inconnu il y a six mois, le poulain du président Préval se classe pourtant deuxième, derrière la favorite Mirlande Manigat, à qui le plus récent sondage accorde 36% des intentions de vote, contre 20% à Jude Célestin et 14% à Michel Martelly.

Jude Célestin a donc de bonnes chances de survivre au premier tour du scrutin de demain. Et même de remporter le second tour, le 16 janvier, au hasard des ralliements des candidats défaits. Et des tours de passe-passe électoraux qui, comme on s'y attend, risquent d'influer sur le résultat du vote.

L'ingénieur Don Juan

À 48 ans, Jude Célestin a une image sulfureuse. On lui attribue un passé de playboy, qui aurait eu 13 enfants de huit femmes différentes, et qui serait le concubin de la propre fille de René Préval.

«Nous n'avons jamais pu confirmer ces rumeurs», dit le rédacteur en chef du journal Le Nouvelliste, Frantz Duval.

Sur le plan professionnel, Jude Célestin s'est fait connaître en dirigeant le Centre national des équipements, une agence responsable de la construction de routes à laquelle on reproche quelques accrocs aux règles d'attribution de contrats.

Jude Célestin se présente comme un ingénieur qui a obtenu son diplôme de l'École polytechnique fédérale de Lausanne. Mais le journal suisse 24 heures n'a trouvé aucune trace de son passage dans les registres de cette institution.

Le candidat du parti INITE (Unité, en créole) fuit littéralement les médias. Il a refusé systématiquement toutes les demandes d'entrevues. En revanche, son portrait est omniprésent. D'immenses panneaux publicitaires à son effigie surplombent la capitale. Et son avion tourne de façon insistante au-dessus de la capitale.

«Les gens ne connaissent toujours pas vraiment ses idées, mais ils connaissent sa photo», résume Frantz Duval.

vendredi 26 novembre 2010

Élections en Haïti: une femme dans la course



Mirlande Manigat, candidate à la présidence d'Haïti, novembre 2010
Photo: Reuters



Mirlande Manigat, 70 ans, a plusieurs atouts, dont celui d'être une femme. «On a essayé avec des hommes, ça n'a pas marché. Maintenant, je veux essayer une femme», confie un électeur à Agnès Gruda.

Par Agnès Gruda, envoyée spéciale
La Presse, Montréal
Source: cyberpresse.ca, 25 novembre 2010 à 07h29 Mis à jour le 25 novembre 2010 à 07h29


(Haïti) Dimanche prochain, les Haïtiens voteront pour élire leur nouveau président. Selon les sondages, ça pourrait bien être... une présidente. L'ancienne première dame du pays, Mirlande Manigat, est systématiquement en tête des sondages. Son handicap: elle est perçue comme une personne loin du peuple. Son atout: elle est une femme. La Presse l'a suivie pendant une journée de campagne électorale, cette semaine.

Après Jacmel, la route qui longe la mer vers l'est impose un parcours du combattant où il faut slalomer entre des crevasses, contourner des monticules et traverser des rivières sans pont.

Le cortège de Mirlande Manigat attaque cette route escarpée en soulevant un nuage de poussière. Nous mettons près de deux heures pour atteindre le premier arrêt de cette journée de campagne électorale: Bainet, un village côtier de 2500 habitants.

Nous sommes accueillis par des motos-taxis arborant les affiches de la candidate qui se collent au convoi en klaxonnant. Des gens s'agglutinent autour du véhicule qui transporte la candidate. Leur cri de ralliement: «De la volonté, pas de l'argent.» Une allusion à la campagne coûteuse menée par le principal rival de Mirlande Manigat dans la course à la présidence d'Haïti, Jude Célestin, soutenu par le régime.


Mirlande Manigat se fraie péniblement un chemin dans la foule: elle a un orteil cassé et a besoin d'assistance pour avancer. Elle s'adresse brièvement aux électeurs. «Je suis une mère, quand une femme me dit qu'elle est incapable d'acheter du maïs pour ses cinq enfants, qu'elle me dit que sa chaudière ne montera pas, ça me fait de la peine.»

Puis elle invite des membres de l'assistance à la rejoindre pour lui faire part de leurs problèmes. Une femme monte sur la scène. Elle explique qu'elle a mal aux seins, et fait mine de relever son chandail pour montrer la source de sa douleur. «Avez-vous rencontré un médecin?» demande la candidate pleine de sollicitude.

Catastrophes et ras-le-bol

Le ton est donné. Dans ses rencontres avec les électeurs, Mirlande Manigat évite les grands discours et se montre préoccupée par les soucis quotidiens des gens - façon de casser l'image d'intellectuelle qui lui colle à la peau et constitue son principal handicap dans la campagne en vue du vote de dimanche.

Son principal atout, c'est le ras-le-bol généralisé d'une population qui accumule les catastrophes: tremblement de terre, ouragan, épidémie de choléra. Et qui ne voit aucun signe d'amélioration poindre à l'horizon.

«Mirlande Manigat est une personnalité respectée, c'est une marque de commerce connue, et elle est propre», dit Frantz Duval, le rédacteur en chef du principal quotidien de la capitale, Le Nouvelliste.

À 70 ans, avec ses lunettes à monture dorée et sa tunique beige, Mirlande Manigat a l'allure rassurante d'une grand-mère. «Elle pourrait calmer le pays, apaiser les tensions», dit le journaliste Cyrus Sibert.

La leader du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes a quand même un cadavre dans son placard. Gagnante au premier tour de l'élection sénatoriale de 2005, elle s'est retirée sous prétexte d'un processus électoral douteux. Des électeurs lui reprochent cette manoeuvre, attribuée à l'influence de son mari Leslie Manigat - qui a occupé le poste de président en 1987.

Dans une déclaration à la télévision, cette semaine, elle a présenté ses excuses. «Je ne regrette pas ce que j'ai fait, je regrette d'avoir mécontenté des gens», dit-elle avec diplomatie, quand je finis par me frayer un chemin à travers la foule pour la rejoindre dans sa jeep.

La violence du désespoir

Dimanche, des hommes brandissant des affiches électorales de Jude Célestin ont violemment interrompu un rassemblement de Mirlande Manigat. Plus tard, un autre événement a occasionné une altercation, cette fois avec des partisans du chanteur Michel Martelly.

Lors de notre rencontre, mardi, au milieu d'une foule qui faisait tanguer son véhicule, la candidate a affirmé que ces incidents ne lui faisaient absolument pas peur. Elle les attribue à des «gestes de désespoir» d'un régime aux abois.

Les explosions de violence ont aussi visé son principal rival, Jude Célestin, qui a été la cible d'une attaque, lundi, au cours de laquelle deux personnes ont été tuées. «Les Haïtiens n'ont pas une culture de la violence, mais nous avons malheureusement une habitude de la violence», déplore Mme Manigat.

Dans son programme, Mirlande Manigat plaide pour de nouvelles écoles, des investissements en santé. Elle souhaite le départ de la MINUSTAH, la mission de stabilisation l'ONU que les Haïtiens jugent trop associée au président René Préval. Mais elle estime que celui-ci devra se faire progressivement: «Nous ne sommes pas encore prêts.»

Les derniers sondages accordent 36% des intentions de vote à Mme Manigat, une avance de deux ou trois points sur son principal rival, Jude Célestin. Mais à Bainet, Jude Célestin est le plus populaire, reconnaît un organisateur électoral de Mirlande Manigat, Nestaud Henriquez. Pourquoi? «Parce qu'il a donné plus d'argent aux élus locaux.»

Mirlande Manigat a un dernier atout dans sa donne: son sexe. «On a essayé avec des hommes, ça n'a pas marché, maintenant, je veux essayer une femme», dit un homme rencontré au camp du Champ-de-Mars, face au palais présidentiel écroulé. Plusieurs autres électeurs m'ont fait la même remarque au cours des derniers jours. En appui à «sa» candidate, Nestaud Henriquez cite un proverbe haïtien, selon lequel «les hommes ont quatre poches, et les femmes n'en ont qu'une». Une image de probité qui pourrait servir Mirlande Manigat le jour du vote.


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NDCDP-Politique.-

  1. Effectivement, Madame Mirlande Manigat avait gagné son siège au Sénat avec une majorité confortable dès le premier tour en 2006, selon ce qui a été rapporté à l'époque. Mais les résultats «officiels» publiés par le CEP avaient indiqué que le nombre de votes en sa faveur étaient inférieur à 50% et qu'elle devrait aller au second tour, ce qu'elle avait refusé de faire, sachant qu'elle avait gagné au premier tour et qu'on venait lui ravir cette victoire au premier tour dans le but de lui faire perdre au second tour. Face à ces manoeuvres frauduleuse, Madame Manigat avait alors décidé de se retirer dans la course et n'avait pas participé au second tour.
    Le 28 novembre prochain, il ne faudrait pas qu'on lui vole à nouveau sa victoire, si réellement le peuple vote en masse pour l'élire au premier tour.


  2. L'avance de Madame Mirlande Manigat est d'au moins 16 points sur M. Jude Célestin, selon le dernier sondage BRIDES et non dedeux ou trois points comme le mentionne Agnées Gruda.

Une odeur de fraude règne en Haïti

Par Agnès Gruda, envoyée spéciale
La Presse, Montréal
Source: cyberpresse.ca, 26 novembre 2010 à 00h00 Mis à jour à 06h28

(Haïti) À la sortie du bureau de Nawoon Marcellus, candidat au Sénat pour le parti INITE du président sortant René Préval, des femmes jouent les groupies en scandant «Chico,Chico!»

Leur joie exubérante tranche avec les mines patibulaires de la vingtaine d'hommes qui ont assisté à notre rencontre avec un des politiciens les plus en vue au Cap-Haïtien, deuxième ville du pays.

«Il va nous sauver, il va nous rendre riches», crie une des femmes, Yvenie, en frappant dans ses mains. Une de ses compagnes ouvre son sac à main, à l'intérieur duquel nous avons la surprise d'apercevoir une bonne cinquantaine de cartes d'identité indispensables pour aller voter le 28 novembre.

«Nous sommes une association de femmes et tous ces gens sont avec nous!» affirme fièrement la propriétaire du sac, qui ne semble pas consciente du fait que son butin n'est pas tout à fait régulier.


Nawoon Marcellus, un bel homme au sourire à faire craquer le coeur des filles, nous a reçus dans une pièce de la maison familiale qui lui sert de bureau électoral, au centre de la ville. «C'est à l'État et non aux ONG qu'appartient la responsabilité de venir en aide au peuple, notre pays souffre d'une faible structure économique et sociale», a-t-il plaidé avec éloquence.

Mais au-delà de ses beaux discours, cet ancien maire et député est aussi une sorte de roi du département du Nord. Il a ses influences partout. Comme le résume Yvenie, sur un ton admiratif: «Quand on est malade, il nous fait conduire à l'hôpital, quand quelqu'un meurt, il s'occupe des funérailles, et quand quelqu'un est en prison, il s'arrange pour le faire sortir.»

Il faut dire que Nawoon Marcellus a un lourd passé. Selon le Réseau national de défense des droits humains, il s'est fait révoquer son visa américain à cause de soupçons de trafic de drogue. Le même organisme lui reproche d'avoir été mêlé à des actes de vandalisme contre une station de radio, il y a cinq ans.

Un personnage haut en couleur, donc. Mais revenons à ce sac bourré de cartes d'identité. Au cours des derniers jours, nous avons demandé à une bonne dizaine de personnes comment on pouvait interpréter le fait que des partisans d'un candidat se baladent avec des tas de cartes d'identité entre les mains. Tous évoquent un scénario similaire, qui fonctionnerait grosso modo comme suit: certains candidats envoient des émissaires dans les quartiers populaires pour recueillir les cartes électorales, en échange de ce que l'on appelle ici des «avantages». Un peu d'argent. De la nourriture. Des promesses d'aide. Les besoins des électeurs sont sans fond.

Oui, mais pourquoi recueillir les cartes? «Pour empêcher ces gens d'aller voter, ou pour faire voter quelqu'un à leur place», résume le journaliste Cyrus Sibert, du Cap-Haïtien.

Pluie de critiques

Le trafic de cartes? «Oui, j'en ai entendu parler, il y a des rumeurs à ce sujet», reconnaît Jean François Alexis, responsable des communications à l'Office national d'identification (ONI), qui délivre les fameuses cartes, quand on lui parle de notre découverte.

«Vous avez VRAIMENT vu ça? Ah bon... Pourtant la carte, c'est la responsabilité de chaque citoyen», dit-il, stupéfait.

Jean François Alexis ne croit pas qu'il soit facile de faire voter quelqu'un avec une carte qui n'est pas la sienne. Après tout, les cartes d'identité comportent une photo. Et puis, les électeurs qui ont voté doivent tremper leur pouce dans de l'encre. Impossible de voter une deuxième fois.

Encore faut-il que le personnel des bureaux électoraux soit vigilant. Or, au cours des derniers jours, la Commission électorale provisoire, qui supervise le processus électoral, a été la cible d'une tempête de critiques.

Les reproches viennent de partout: le Sud, le Nord, le Plateau central. Dans plusieurs bureaux de scrutin, la Commission aurait modifié les listes de superviseurs, de manière à écarter les représentants des partis de l'opposition et à favoriser les gens proches du régime.

Un exemple: à Miragoâne, au sud-est de Port-au-Prince, des allégations de manipulation des listes de superviseurs ont causé un début d'émeutes, lundi matin. Des hommes ont brûlé des pneus et érigé des barricades pour protester contre la composition du personnel dans quelques bureaux de vote.

Les voix critiques ne viennent pas uniquement de l'extérieur. Dans un coup de théâtre survenu cette semaine, une des membres du Conseil électoral provisoire, Ginette Chérubin, a accusé sa propre organisation d'être à l'origine du traficotage de listes. Elle a eu la surprise de s'apercevoir que la liste définitive de superviseurs pour la région du sud-est du pays ne correspondait pas du tout à celle qu'elle avait déjà en sa possession.

«Je suis choquée», a dit Ginette Chérubin dans une déclaration à la radio. Selon elle, la nouvelle liste émane de la Commission électorale elle-même, un organisme qui s'est souvent fait accuser de marcher main dans la main avec le pouvoir.

«Nous favorisons les critères de performance, d'ancienneté et de proximité du bureau de vote», explique le porte-parole de la Commission électorale, Richardson Dumel, quand on lui demande de commenter les allégations de fraude.

Selon lui, les superviseurs sont choisis parmi ceux qui ont exercé ce rôle lors d'élections précédentes. Quant à ceux qui ont été écartés, ils avaient des «rapports disciplinaires défavorables», assure-t-il. Ce qui ne l'empêche pas d'admettre qu'il y a «de faux bulletins et de faux procès verbaux en circulation». Où? Combien? Il ne le sait pas.

Le directeur du registre national, Philippe Augustin, est plus précis: il s'attend à ce qu'il y ait «de la fraude partout», selon une déclaration faite cette semaine.

La fraude électorale est endémique en Haïti. «Chez nous, c'est surtout lors du décompte des votes que cela se passe», explique Frantz Duval, rédacteur en chef du principal quotidien de Port-au-Prince, Le Nouvelliste. D'où l'importance de contrôler le personnel électoral.

Chaque jour apporte son lot de nouvelles troublantes. Mardi, la radio Kiskeya révélait l'existence de deux listes électorales. L'une émane de l'Office d'identification nationale, l'autre du Conseil électoral provisoire. La seconde compterait 71 039 électeurs de plus que la première. D'où vient cet écart? Mystère.

Élection ou sélection?

Tous ces incidents n'empêchent pas le chef de la mission de l'ONU en Haïti, Edmond Mulet, d'assurer que tout se passe très bien. «Le climat est apaisé, tranquille, serein et sans violence dans les circonstances haïtiennes», a-t-il assuré en conférence de presse hier.

Pourtant, dans la rue, cet optimisme est inexistant. Et les soupçons de fraude font monter la tension, à la veille d'un vote où le régime du président René Préval se sent menacé. Ils alimentent aussi le scepticisme des électeurs, qui sont nombreux à résumer le processus électoral par un seul mot: magouille.

«Notre pays est entre les mains de gens immoraux», dénonce Jean Pierre Frécher, organisateur communautaire dans le quartier Carrefour Feuilles, un des plus ravagés par le séisme du 12 janvier.

«Beaucoup d'argent est gaspillé pour que Jude Célestin (le candidat appuyé par le régime) gagne les élections, et pendant ce temps, la population n'a rien», déplore-t-il.

Mêmes commentaires à la «Faculté libre», une petite place aménagée sous un arbre d'acajou, en plein camp de déplacés du Champ-de-Mars, où des hommes ont l'habitude de se rassembler pour discuter. Le jour de notre passage, le scrutin de dimanche ne leur inspirait rien de bon: «Les élections, c'est une perte de temps, de la magouille.»

À la faculté des sciences humaines de l'Université d'État d'Haïti, les étudiants sont tout aussi désabusés. «La politique traditionnelle est totalement corrompue», dénonce l'un d'entre eux.

Pour résumer les choses, Jean Pierre Frécher lance une phrase que l'on entend beaucoup ces jours-ci en Haïti: «Ce n'est pas une élection, mais une sélection!

mercredi 24 novembre 2010

Haïti/élections présidentielles 2010/ cinq sondages BRIDES: évolution des intentions de vote





Madame Mirlande Manigat, candidate (RDNP) à la présidence d'Haïti
Photo: Orlando Baria/AP, 12 novembre 2010



Par Dr. Pierre Montès
LCDP-Politique, 24 novembre 2010

Le dernier sondage BRIDES sur les intentions de votes des électeurs est sorti aujourd'hui 24 novembre 2010.

La candidate du RDNP, Madame Mirlande Manigat reste en tête. Et son pointage a encore grimpé pour atteindre 36,00% à une semaine (21 novembre) de la fin de la campagne. Elle est première dans 7 départements sur 10: OUEST, SUD, GRAND'ANSE, ARTIBONITE, NORD, NORD-OUEST, et NORD-EST. On note que les trois départements les plus importants, en termes de population, sont l'Ouest, l'Artibonite et le Nord. Et la candidate du RDNP mène largement dans ces départements, ce qui est de nature à la rapprocher de la victoire sur ses adversaires.

Jude Célestin arrive encore deuxième, mais loin derrière la favorite, avec 20.10%. Comme on peut le voir sur le Graphique 2, ci-dessous, la popularité de Jude Célestin ne peut plus grimper depuis les deux derniers sondages, ce qui semble plus conforme à la réalité sur le terrain: les deux sauts quantiques qu'il avait faits au deuxième et au troisième sondages apparaissent anormaux quand on les compare au plateau qui caractérise ses pointages aux trois derniers sondages.

Il paraît difficile pour le camp du pouvoir de faire «sélectionner» son candidat le 28 novembre 2010. Le peuple veut du changement. Et le changement, c'est Madame Mirlande Manigat qui le lui offrira.


Le Tableau 1 ci-dessous présente les résultats des intentions de votes obtenues par les huit premiers candidats dans les 10 départements géographiques et dans l'ensemble du pays, selon le dernier sondage BRIDES.

Le Graphique 1, préparé par M. Jean-Junior Joseph, présente en pourcentages, les intentions de votes en faveur de chacun des 19 candidats à la présidence. On note que depuis la fin de la semaine passée, le candidat Axan Abellard s'est retiré de la course et se range derrière Madame Mirlande Manigat.



Tableau 1.- Résultats du sondage BRIDES pour les huit premiers candidats, 24 novembre 2010
Préparé par Le Coin de Pierre-Politique, 24 novembre 2010




Graphique 1.- Résultats du sondage BRIDES pour l'ensemble des 19 candidats, 24 novembre 2010
Préparé par M. Jean-Junior Joseph / Forum culturel, 24 novembre 2010


Le Tableau 2 ci-après présente l'évolution des pointages des huit premiers candidats durant la campagne électorale 2010, selon les sondages BRIDES.

Le Graphique 2 montre plus clairement cette évolution. On voit d'un seul coup d'oeil comment Madame Manigat se détache enfin de son plus proche adversaire après que ce dernier se fût rapproché d'elle dangereusement (artificiellement selon nous, jusqu'à preuve du contraire)au deuxième et au troisième sondage.

À cause des inconsistances décelées dans le premier sondage BRIDES et dénoncées ici, Le Coin de Pierre-Politique a émis l'hypothèse que les sondages BRIDES soient entachés d'un biais systématique qui a eu pour conséquence principale une sousestimation de la popularité de la candidate du RDNP et une surestimation de celle du candidat du camp du pouvoir, entre autres choses.

Si cette hypothèse est vraie, en supprimant le recul de six points accusé dans le pointage de Madame Manigat au deuxième sondage, et, en lui attribuant au deuxième sondage le même taux d'accroissement de popularité que dans les trois derniers sondages, il serait alors logique que le pointage de la candidate du RDNP soit situé autour du seuil fatidique de 50% à quelque jours de la fin de la campagne électorale. Cette hypothèse serait confirmée ou infirmée selon que les élections du 28 novembre se déroulent sans magouilles ou avec magouilles en faveur du candidat du pouvoir, Jude Célestin.

Si les magouilles sont empêchées, il reste que l'hypothèse d'une victoire de Madame Manigat dès le premier tour apparaît plausible. Et s'il devait y avoir un second tour entre Mirlande Manigat et Jude Célestin, la candidate du RDNP pourra vaincre aisément et certainement le candidat du camp du pouvoir.



Tableau 2.- Sondages BRIDES/Évolution du pointage des huit premiers candidats, septembre-novembre 2010
Préparé par Le Coin de Pierre-Politique, 24 novembre 2010



Graphique 2.- Sondages BRIDES/Évolution du pointage des huit premiers candidats, septembre-novembre 2010
Préparé par Le Coin de Pierre-Politique, 24 novembre 2010

dimanche 21 novembre 2010

Haïti/élections présidentielles 2010/ Voter massivement Mirlande Manigat le 28 novembre

Cette fois doit être la bonne

Par Henri J. Piquion

henrijpiquion@yahoo.ca
18 novembre 2010

Partout dans le monde on entend déjà le ouf de soulagement que nous allons pousser au lendemain des prochaines élections quand nous aurons appris que, pour une fois, malgré les magouilles, malgré les intimidations, malgré les irrégularités et les complicités, nos bulletins de vote ont été comptés : Mirlande Hyppolite Manigat est Présidente de la République d’Haïti.

Nous en aurons vu et entendu avant ce jour. Nous aurons surtout souffert pendant les 54 années de descente aux enfers :

  • Approfondissement de la misère de ceux qui n’avaient déjà rien pour remplir leur temps de moments de vie. Pendant ces 54 années ils ont vécu dans la mort en attendant de mourir sans avoir vécu.
  • Paupérisation accélérée de ceux qui pensaient avoir accédé au monde de la consommation. La gourde qui leur avait permis autrefois d’acheter le pain quotidien, l’uniforme des enfants ou les médicaments prescrits ne se compare plus depuis longtemps aux « zorèy bourik » au point qu’on utilise aujourd’hui une monnaie fictive, «le dollar haïtien», dont on ne peut pas savoir, et pour cause car il n’existe pas, ce qu’il vaut en termes de riz, de haricots ou de bananes.
  • Borlettisation de l’enseignement à tous les niveaux. L’urgente et légitime nécessité de rendre l’école accessible à tous sans distinction ni discrimination a servi de prétexte à l’aplatissement du niveau de la scolarisation et de la formation, au champignonage de lieux dits d’enseignement, à la commercialisation de l’alphabet et à l’idéalisation du non-savoir.
  • Diversification des expressions de la criminalité. Nous avons appris à banaliser les voies de l’enrichissement facile que sont la prostitution, le kidnapping et le trafic de la drogue. Depuis qu’un Président de la République s’en est fait l’avocat, et qu’il a même, dans son délire de pouvoir pérenne, fait pilonner dans un mortier un nouveau-né volé à l’hôpital, le père lebrun, le vol, le viol, le meurtre, l’assassinat, la profanation des cadavres sont entrés dans nos mœurs. On dit avec raison que Rochambeau n’est pas allé aussi loin dans le sadisme et la cruauté.
  • Insécurité commanditée d’en haut, dirigée d’en haut, instrumentalisée d’en haut par des politiciens au pouvoir qui souhaitent y rester jusqu’au jour du Jugement dernier et une cohorte de délinquants internationaux rassemblés dans la MINUSTHA. N’ayons aucune illusion sur les origines des troubles qui déstabilisent le pays depuis quelques jours sous le prétexte que le peuple proteste (ce qui serait justifié) contre les vecteurs népalais du choléra. Il s’agit de manœuvres du pouvoir et de la MINUSTHA elle-même pour contrarier la tenue des élections que le peuple va gagner en votant massivement Mirlande Hyppolite Manigat.
  • Affaissement moral d’une partie importante de la population, même de la jeunesse, qui n’a plus la force de se retenir, qui a d’ailleurs de bonnes raisons de ne pas se retenir car la survie du corps passe par l’abandon du corps dans des conduites mortifères et dégradantes. Étrange paradoxe.
  • Incompétence généralisée au sommet de l’État et de l’administration publique. Depuis le 7 février 1991 le pays est livré à une cohorte d’analphabètes, bêtes, formés à la gouvernance dans les OP, les JPP et dans les armées de chimères. Spécialisés dans le chantage, la terreur et l’indifférence à l’endroit de la chose publique et des citoyens, ils n’ont trouvé que cette seule réponse «najé pou soti» à donner au peuple haïtien qui leur demande du travail car la militance est le premier critère d’embauche dans la Fonction publique malgré la complexité croissante des dossiers et les exigences de plus en plus serrées de nos partenaires internationaux.
  • Humiliation en terres étrangères même dans le voisinage où nous sommes des sous-hommes ou encore ailleurs dans l’ensemble caribéen où notre présence de quasi pestiférés transforme en haine la jalousie de ceux à qui la liberté a été gracieusement donnée. Depuis que nous avons désappris à défendre et à développer celle pour laquelle nos pères sont morts, c’est avec mépris et condescendance que ces îlots nous traitent. Ils vont même jusqu’à nous donner des leçons de démocratie.
  • Déracinement et exil d’un nombre important de nos concitoyens installés dans un faux chez soi imposé dont le confort n’a jamais pu servir d’écran au modeste bonheur d’avant les dictatures. Combien y-a-t-il aujourd’hui d’Haïtiens qui attendent les résultats des élections pour arrêter de rêver qu’ils pourront arriver en Floride sans se faire attraper par des requins ou la police maritime des ÉUA, et commencer enfin à rêver de vie, de travail, de santé, d’amour, d’éducation, de culture, de musées, de voyages, d’eau potable et de touristes népalais en bonne santé.
  • Nous n’allons pas oublier que ce qui caractérise notre pays depuis bientôt 40 ans, c’est qu’il s’honore d’être le mendiant le plus actif de l’univers et qu’il dépérit malgré la charité internationale conçue pour maintenir l’ensemble du peuple en-deçà de l’humanité pendant qu’une petite minorité s’en enrichit au-delà de toute mesure.
  • Abandon de la gestion quotidienne du pays à des gens venus d’on ne sait où ONGéiser le pays au nom d’on ne sait quels intérêts cachés sous l’énoncé idéologique «qu’il faut porter secours à pays en danger». Il est vrai qu’Haïti est un pays en danger, un pays mis en danger, mais pendant qu’il est pris en charge par des milliers d’ONGs qui n’ont rien réglé depuis 40 ans, des Haïtiens sont à la tête d’entreprises florissantes et d’administrations importantes aux États-Unis, au Canada ou dans le système des Nations Unies. Ces Haïtiens ont toujours été disponibles pour leur pays. Ils le seront encore plus quand l’annonce aura été faite que Mirlande Hyppolite Manigat a été élue à la présidence de leur pays.
  • Abandon de la souveraineté nationale. Violation flagrante, continue et à répétition de la Constitution et des Lois du pays depuis le 16 décembre 1990. Un Chef de l’État haïtien s’est même avili à supplier des pays étrangers et des organisations internationales d’envahir et d’occuper le pays militairement pour le rétablir au pouvoir. Arrivés sur le sol d’Haïti le 19 septembre 1994 ils ne sont pas encore repartis.

Oui, pendant ce demi-siècle nous avons souffert, et la liste de nos malheurs est aussi longue que celle de nos morts. Pour éviter qu’elles ne continuent à s’allonger en parallèles nous allons tous massivement voter Mirlande Hyppolite Manigat à la présidence de notre pays. Nous allons y aller en groupes pour nous protéger, en étant vigilants en disposant même de ce qu’il faut pour identifier matériellement ceux qui viendront déranger, intimider, violenter, qu’ils soient en uniforme ou non. Allons voter. N’ayons pas peur. C’est le seul moyen dont nous disposions aujourd’hui de nous débarrasser de cette engeance qui a transformé La Perle des Antilles en L’Enfer de la Caraïbe. Aujourd’hui 18 novembre 2010, 207ème anniversaire de la dernière bataille qui a mis fin à la longue guerre de l’indépendance, décidons d’entreprendre courageusement cette dernière bataille qui mettra fin à notre quête de nous-mêmes. Il en sera ainsi.

jeudi 18 novembre 2010

Haïti/élections présidentielles 2010/ quatre sondages BRIDES: évolution des intentions de vote




La candidate Mirlande Manigat.
Photo: Orlando Baria/AP, 12 novembre 2010


La candidate Mirlande Manigat (RDNP) a le vent dans les voiles. Rien ne semble pouvoir arrêter son ascension à la présidence de son pays, à moins que le CEP et les acteurs/observateurs des pays amis d'Haïti ne cèdent encore une fois aux pressions de La Rue.

La firme BRIDES a publié le 11 novembre dernier son avant dernier sondage. Le dernier sondage BRIDES est programmé pour être livré le 25 novembre 2010, soit trois jours avant le jour des élections.

Le Tableau 1 ci-après montre les intentions de vote obtenues par chacun des huit premiers candidats dans chacun des dix départements géographiques et dans l'ensemble du pays. Cette compilation a été faite par Le Coin de Pierre-Politique à partir des tableaux publiés par BRIDES dans son dernier rapport (11 novembre 2010).

Pour chaque candidat, en général, on a noté une petite différence entre la somme des intentions de vote dans les dix départements et le nombre rapporté par BRIDES pour l'ensemble du pays.


Tableau 1.- Résultats du sondage BRIDES du 11 novembre 2010 pour les huit premiers candidats.




La candidate Mirlande Manigat est encore en tête dans les sondages BRIDES. Le camp du pouvoir semble avoir reculé et son candidat ne fait plus de de saut «quantique» dans ce dernier sondage.

Madame Mirlande Manigat a obtenu 30,3% des intentions de vote et est première dans sept départements sur dix: Ouest, Sud, Nippes, Centre, Nord, Nord-Ouest, Nord-Est.

En deuxième position se trouve encore le candidat Jude Célestin, avec 21,7%. La popularité du candidat du camp du pouvoir stagne depuis le sondage du 24 octobre 2010 (21,3%). Sur le terrain, les gens proches du camp du pouvoir ont confessé à leurs amis en diaspora que le candidat Jude Célestin n'a toujours pas la cote et reste un illustre inconnu dans le pays en dehors.

En troisième position arrive Michel Martelly (10,8%); en quatrième position, Jean-Henry Céant (8,3%); en cinquième position, Charles-Henri Baker (7,0%); en sixième position, Jacques-Édouard Alexis (5,8%); en septième position, Yves Christallin (2,2); et en huitième position, Chavannes Jeune (2,1%). Un pourcentage de 6,1% des sondés ont affirmé n'avoir l'intention de voter pour aucun des 19 candidats en lice.


Le Tableau 2 et le Graphique 1 ci-après montrent l'évolution des intentions de vote selon les les quatre sondages BRIDES.


Tableau 2.- Évolution des intentions de vote selon quatre sondages BRIDES. Préparé par Le Coin de Pierre-Politique





Graphique 1.- Évolution des intentions de vote selon quatre sondages BRIDES. Préparé par Le Coin de Pierre-Politique.


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Haïti/Élections présidentielles 2010 - Rapport sondage BRIDES 30 octobre - 8 novembre 2010


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Dernière mise à jour: 21 novembre 2010

mercredi 17 novembre 2010

The Woman Who Would Be Haiti's Next President



Mirlande Manigat, candidate for the Haitian presidency
Photo: Orlando Baria/AP



Source: time.com

By Tim Padgett and Jessica Desvarieux / Port-au-Prince Monday, Nov. 15, 2010

The woman who could be the next President of Haiti — and the first female to be elected to that office — doesn't strike you as an insurgent when she walks into a room. But Mirlande Manigat, a smartly dressed, soft-spoken, 70-year-old Sorbonne Ph.D., insists she's after nothing less than a "rupture" with Haiti's dysfunctional political establishment. "Not one that's violent or brutal, but there must be change," Manigat said in an interview with TIME at her campaign's Port-au-Prince headquarters. "We can't leave so many millions of Haitians abandoned anymore."

So far, her message is resonating inside the western hemisphere's poorest country, which was ravaged in January by an earthquake that killed some 230,000 people — and is beset now by a cholera outbreak that has claimed almost 1,000. Two weeks before Haiti's Nov. 28 presidential election, voter polls show Manigat the clear front runner in a field of 19 candidates. In the most recent survey by Haiti's independent Economic Forum, released late last week, Manigat significantly widened her lead over President René Préval's hand-picked candidate, engineer Jude Celestin, to eight points, 30% to 22%.

That the government's choice is trailing isn't a surprise: Préval's often AWOL response to the apocalyptic quake has alienated most Haitians from his INITE (Unity) Party. Their frustration with Haiti's corrupt, incompetent political elite, which many feel INITE represents, is a big reason the country was exhilarated by the outsider candidacy of Haitian-American hip-hop star and philanthropist Wyclef Jean. When Haiti's electoral council disqualified Jean's bid in August on residency grounds, the question was where his support, especially among the large cohort of young voters, would shift.
(Why did Wyclef Jean want to run for President of Haiti ?)

To the surprise of many pundits, much of it seems to have moved from the gold chains of rapper Jean to the pearl strands of matriarch Manigat. (She's also eclipsing Michel "Sweet Micky" Martelly, himself a Haitian pop-music star, who ranks third in the Forum poll with just 11%.) If so, one reason may well be that "many Haitians feel the time has come for a woman to lead the country," says prominent Haitian historian and political analyst Georges Michel. "So here's Manigat, a well-respected scholar. She takes many of the populist positions that [Jean] had, and they respond to her grandmotherly image. To a lot of them, it seems to inspire confidence and trust." Those qualities will be in loud demand, because Haiti's next President will oversee some $10 billion in reconstruction aid pledged by international donors.
(See Haiti's other rock-star candidate.)

Even though she's a woman, Manigat is by no means a political outsider. She is, in fact, a former First Lady, the wife of former President Leslie Manigat. They met in the 1960s at the University of Paris, where he taught history while in exile — having been condemned to death at home by brutal Haitian dictator François "Papa Doc" Duvalier, who died in 1971 — and she was his student. They married in 1970, living in France, Trinidad and Venezuela before returning to Haiti in 1986 after the ouster of Duvalier's son and successor, dictator Jean-Claude "Baby Doc" Duvalier.

In 1988, Leslie Manigat, under the banner of the Assembly of Progressive National Democrats (RDNP), won the presidency in an election marred by military meddling. After only four months in office, he was overthrown in a coup. He ran again in 2006 and finished a distant second to Préval. But although Préval did not win the 50% necessary to avoid a second round, the electoral council never held a runoff — and in protest, Mirlande Manigat withdrew as the RDNP's Senate candidate. "I cannot support illegality," she said of her controversial move.
(See photos of Haiti's history of misery.)

In that regard, Manigat and her supporters may see Nov. 28 as a chance for revenge, especially since many Haitians believe her 80-year-old husband will be a power behind her throne if she wins. But Manigat insists that she and the RDNP — which she calls a center-left, "capitalist with a human face" party in the tradition of successful moderate Latin American leftists like Brazilian President Luiz Inácio Lula da Silva — want to check a venal elite that she accuses of "grave social indifference and insensitivity. It was there before, but after the earthquake it has shown itself in worse ways."

Manigat, vice rector of the Université Quisqueya in Port-au-Prince, tells TIME that along with tackling Haiti's nightmarish inequality via reforms like universal access to public education — only about half of the country's children even attend school — one of her big aims is to make the Haitian state something more than an effete subordinate of foreign NGOs. "There are many NGOs positioning themselves to receive the [$10 billion], yet they want to operate outside of state control," says Manigat. "My government will not operate the NGO way."

Manigat feels Haiti's earthquake recovery "has not really started" — admittedly, rubble removal and the rehousing of some 1.5 million displaced Haitians have been frustratingly slow — but like most of the candidates, she's not specific about how she'd hasten it. She backs changing Haiti's constitution to allow dual citizenship, which could aid the country's reconstruction by tapping into the resources and talents of the vast Haitian diaspora, including more than a million Haitian Americans. But critics, based on some of her teachings of Haitian constitutional law, fear that Manigat could have authoritarian designs to expand presidential powers — which she denies.

Manigat has been helped by the uncharismatic campaigning of Celestin, 48, a relatively unknown technocrat. On the stump in the southern port city of Jacmel recently, he repeated his less-than-electric slogan of "stability and continuity" while touching on criticisms of the Préval government by saying, "We know that there were things that were a little ignored." That has pushed erstwhile Préval supporters like Port-au-Prince carpenter Jourdanie Damler, 35, to Manigat's camp. "The INITE guys have forgotten about us," says Damler. "I'll try Madame Manigat."

Since no candidate is likely to win 50% of the vote in the first round, the race will probably come down to a Jan. 16 runoff (less than a month before the Feb. 7 inauguration). Some wonder how Haiti can even conduct a credible election given the lingering quake chaos and cholera epidemic. Manigat says the vote "has to happen" for Haiti to move forward, but after the 2006 dispute, she adds, she and the RDNP "will be vigilant against fraud trickery." This grandmother won't tolerate it.

samedi 13 novembre 2010

Haïti-élections 2010/ Mirlande Manigat: la future présidente de la république

Ouanaminthe, le 3 novembre, une foule imposante accueille la candidate Mirlande Manigat.

Voici un vidéo donnant un aperçu de l'accueil:
Mirlande Manigat/Ouanaminthe, 3 novembre 2010, 4 min 48 sec.

Gonaïves, le 10 novembre 2010, un accueil similaire à celui de Ouanaminthe est réservé à la candidate Mirlande Manigat.

Réagissant à ces événements, Me Reynold George a déclaré au micro de Jean-Monard Métellus: "C'est clair que nous sommes en présence de la future présidente de la République".

Pour en savoir davantage cliquez sur le lien suivant:
Mirlande Manigat/ Gonaïves, 10 novembre 2010.

Madame Mirlande Manigat continue de mener dans les sondages BRIDES.
Elle a du vent dans les voiles.
Au dernier sondage BRIDES publié le 11 novembre 2010, elle est encore première avec 30,3%. Jude Célestin piétine en deuxième position avec un pointage de 21%, le même qu'au dernier sondage.

La mise en évidence des magouilles ayant influencé les premiers sondages BRIDES, faite ici sur Le Coin de Pierre-Politique et l'article de Jean-Junior Joseph dans Le Matin de la semaine passée, ont sans doute fait reculer le camp du pouvoir qui, pour un moment, semble avoir légèrement lâché la bride à BRIDES».

LCDP-Politique reviendra dans les jours qui viennent sur le dernier sondage BRIDES.

lundi 1 novembre 2010

Haïti/élections présidentielles 2010/ Trois sondages BRIDES: évolution des intentions de vote

Par Dr. Pierre Montès

Les sondages BRIDES utilisent une méthodologie qui, en apparence, semble sérieuse.

Cependant, une inconsistance dans les résultats du premier sondage (1) qui n'a pas été expliquée, ni corrigée par BRIDES est venue jeter un doute sur tout le processus utilisé par BRIDES et un doute sur tous les résultats publiés par BRIDES, même si aucune inconsistance n'est détectée dans les sondages subséquents.

Certains pensent, à bon droit, que les sondages BRIDES sont «commandés» par un certain secteur qui appuie, comme par hasard, un candidat classé sixième au premier sondage et qui devient subitement deuxième aux deux sondages suivants !

Le Tableau 1 ci-après montre l'évolution des intentions de vote selon les trois derniers sondages BRIDES.



Tableau 1.- Évolution des intentions de vote selon les trois derniers sondages BRIDES.



Le tableau 1 permet de faire les observations suivantes dans le contexte de la campagne présidentielle 2010.


1.- Le candidat Jude Célestin (INITÉ).-

Il est classé 6e au premier sondage (5 septembre 2010) avec 315 votes sur 4046, soit un pointage de 7,01%.

Au deuxième sondage (4 octobre 2010), le candidat Jude Célestin faisant un saut quantique, est classé 2e avec 786 votes sur 6030, soit un pointage de 13,03%.

Au troisième sondage (24 octobre 2010), le candidat Jude Célestin fait un deuxième saut quantique. Il garde encore la deuxième place, mais il obtient 1132 votes sur 5320, soit un pointage de 21,28%.

Pendant ce temps, le candidat Jude Célestin, parce qu'il est le poulin du président sortant René Préval qui n'a pas du tout la cote auprès de la population après 20 ans de pouvoir anarchique Lavalas/Lespwa, et parce qu'il dirigeait une entité sans statut juridique (CNE) qui dépend directement du Palais national et non du Ministère des Travaux Publics, avec toutes les magouilles que l'on sait, fait l'objet de toutes sortes de sarcasmes, tant sur le terrain que sur le Web.

Certains observateurs vont jusqu'à questionner l'origine des fonds importants dont disposerait le candidat Jude Célestin pour faire sa campagne présidentielle.

On a l'impression que le camp des célestinistes voudrait faire bien paraître son candidat dans les sondages pour pouvoir ensuite, en douceur, faire admettre sa «sélection» le 28 novembre 2010, comme s'il est réellement «élu» par une «majorité» d'électeurs.

2.- La candidate Mirlande Manigat (RDNP).

Elle est classée première, jusqu'à présent dans les sondages BRIDES. Mais l'on se demande est-ce que BRIDES n'a pas reçu une «commande» pour la faire mal paraître et pour finalement mettre Jude Célestin en tête au plus prochain sondage ?

En effet, comment expliquer qu'une candidate qui travaille sur le terrain depuis des années, plus particulièrement depuis 2006, obtienne 23,13% au premier sondage, subisse une perte de 6,40% au second sondage, pour revenir finalement au pointage de départ au troisième sondage (23,12%) ?

Il paraît (et, en politique, les apparences sont aussi importantes que les faits), qu'on ait sciemment fait perdre 6,40 % à Madame Manigat au deuxième sondage et en même temps, qu'on ait fait gagner 5,25% à Jude Célestin.

Cependant, on n'a pas encore osé faire perdre à nouveau des points à la candidate au troisième sondage. Mais elle ne bénéficie, le 24 octobre, que d'une remontée au point de départ du 5 septembre (+ 6,39%). Et, en même temps, le candidat du pouvoir bénéficie d'une seconde augmentation de 8,25%, passant de 13,03% au 2e sondage à 21,28% au 3e.

La réduction du pointage de Madame Manigat au 2e sondage était-elle destinée à réduire l'écart entre elle et le candidat Jude Célestin qui n'était que 6e au premier sondage ?

Rien n'explique le recul important du pointage de Madame Manigat au 2e sondage, si ce n'est le résultat de l'action d'une main cachée. À ce que je sache, elle n'a fait aucunes gaffes qui pourraient justifier cette baisse importante de son pointage, comme le candidat Célestin n'a fait aucun miracle pour gagner 13,50% entre le premier et le troisième sondage en l'espace d'un mois et demi environ.

Si l'on attribuait simultanément à Madame Manigat les mêmes hausses de pointage que celles de Jude Célestin, elle serait passée de 23,13% au premier sondage à 28,38% (23,13% + 5,25%) au second et à 36,63% (28,38% + 8,25%)au troisième sondage. Et alors, l'écart entre les deux candidats aurait été de 15.35% au troisième sondage au lieu d'être apparemment réduit à 1,84%.

Ce qui est attendu de BRIDES c'est de recueillir fidèlement les intentions de vote des électeurs potentiels, sans l'introduction d'aucun biais en faveur du candidat JC, ni au détriment des candidats MHM, CHB, MM, etc.

3.- Les candidats Charles-Henri Baker (RESPÈ) et Michel Martelly (Repons Peyizan).-

Alors que le candidat du pouvoir, Jude Célestin, fait des bonds prodigieux en avant, que la candidate Mirlande Manigat se voit imposer un mouvement de yoyo, les candidats Charles-Henri Baker et Michel Martelly voient leurs pointages respectifs fondre comme neige au soleil.

BRIDES les présentent comme deux frères siamois:
Premier sondage: Baker 17,30%; Martelly 17,13%.
Deuxième sondage: Baker 12,54%; Martelly 12,52%.
Troisième sondage: Baker 8,72%; Martelly 9,68%.

Ils ont perdu 8,58% et 7,45% respectivement entre le 1er et le 3e sondage. Le candidat Charles-Henri Baker a formellement mis en doute dans les médias cette semaine les résultats que BRIDES lui colle.

4.- Les candiats Jacques-Édouard Alexis (MPH), Jean-Henry Céant (Renmen Ayiti), Chavannes Jeunes (ACCHRA), Yves Christallin (LAVNI).-

Si Jean-Henry Céant voit son pointage passer de 1.31% à 7,33% (hausse de 6 points) et Yves Christallin voit le sien passer de 1,41% à 3,12% (hausse de 1,71%), les deux autres candidats parmi les huit premiers au classement, Jacques-Édouard Alexis et Chavannes Jeune ne bénéficient d'aucune hausse de pointage: Jacques-Édouard Alexis n'a pratiquement pas bougé (8,11%, 7,46%, 8,08%), tandis que Chavannes Jeune, comme Baker et Martelly, a vu son pointage fondre comme du beurre sur le feu (7,83%, 3,85%, 3,76%).

Une image vaut mille mots. Le graphique suivant montre l'évolution des intentions de vote des électeurs potentiels selon les sondages BRIDES pour les sept premiers candidats.




Graphique 1.- Évolution des intentions de vote selon les trois derniers sondages BRIDES (Graphique reçu de Jean-Junior Joseph, 25 octobre 2010).


Le Coin de Pierre-Politique remercie Monsieur J.J. Joseph de lui avoir communiqué ce travail remarquable (2).


Bien sûr le gâteau ne peut être multiplié, mais partagé équitablement, selon la popularité réelle de chaque candidat, que ce soit à l'occasion des sondages qu'au jour J, c'est-à-dire, le 28 novembre 2010, le jour des élections.



Étant donné la situation politique de fin de règne du régime Lavalas-Lespwa, étant donné les 19 candidats en lice, on s'attendrait à voir en tête, dans les sondages et le jour du vote, les deux candidats Mirlande Manigat et Charles-Henri Baker, laissant loin derrière eux les autres candidats du camp du pouvoir et du camp Lavalas.

Le peuple veut du changement et une maison de sondage aurait intérêt à laisser s'exprimer les intentions de vote des électeurs potentiels de façon réellement aléatoire et sans l'introduction de biais ou de bruit blanc.

Le peuple veut du changement et le Conseil électoral aurait intérêt à recueillir et à compter sans magouilles le vote des électeurs le 28 novembre prochain sans permettre que ce vote soit manipulé en faveur de ceux qui voudraient garder le pouvoir à tout prix.

Le peuple veut du changement et le pouvoir en place aurait intérêt à laisser ce peuple s'exprimer librement et ne pas s'immiscer dans le processus électoral en faveur de son candidat. Sinon, le jugement de l'histoire lui sera impitoyable.





Le Tableau 2 présente la compilation des résultats du dernier sondage que BRIDES a bien voulu rendre publics. Les résultats de ce sondage pour les 19 candidats sont illustrés sur le Graphique 2 ci-dessous.



Tableau 2.- Compilation des résultats du dernier sondage BRIDES publié le 24 octobre 2010.




Graphique 2.- Graphique des résultats du dernier sondage BRIDES publié le 24 octobre 2010.- Courtoisie de Jean-Junior Joseph.



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(1) Pour lire notre analyse des deux premiers sondages BRIDES, voir par exemple: LCDP-Politique/analyse sondages BBRIDES du 8 octobre 2010.



(2) Le Graphique 1 est une représentation des résultats des trois sondages BRIDES. Il correspond donc aux pointages que j'ai compilés dans le Tableau 1 pour ces mêmes sondages. Le Graphique 1 illustre donc les sauts quantiques (atypiques et injustifiables) que l'on a fait faire au candidat du pouvoir Jude Célestin pour le rapprocher dangereusement de la candidate Mirlande Manigat. On y voit aussi le mouvement de yoyo que l'on a fait subir à la candidate Mirlande Manigat, contrairement aux attentes. On y voit également que les candidats J.E. Alexis, Ch.H. Baker, J.H. Céant, M. Martelly se rejoignent au dernier sondage, loin derrière les deux candidats en tête, Mirlande Manigat et Jude Célestin.

Ce graphique illustre donc clairement ce que nous croyons être une tentative de manipulation des esprits que nous avons dénoncée dans cet article: on semble vouloir préparer l'opinion à accepter une «victoire» du candidat du pouvoir dès le premier tour, ou bien, à accepter sa «victoire» au second tour contre la candidate la plus populaire sur le terrain (et dans les sondages, jusqu'à présent), Madame Mirlande Manigat.


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Dernière mise à jour: 4 novembre 2010