mardi 29 décembre 2009

LES NOUVELLES LAMENTATIONS DU CHŒUR DES PLEUREURS ET DES PLEUREUSES (1)


par Gérard Bissainthe
gerarbis@orange.fr
29 décembre 2009


Il faut écouter le Chœur des Pleureurs et des Pleureuses qui emplissent le ciel, à fendre l'âme, de leurs cris de douleur dès qu'on touche à leur Minustah.

--Oh, ma chère, tu te rends compte! Ils osent attaquer notre Minustah chérie.
--Encore! Qui? Ray?
--Non, Ray est un allié. Un certain Keny.
--Keny? Keny? Connais pas.
--C'est un nouveau. Il n'y a pas longtemps qu'il est descendu dans l'arène.
--Ah! On y voit de tout par les temps qui courent.
--il faudrait sélectionner.
--Que veux-tu dire?
--Comme pour les élections ? Ne pas laisser entrer tout le monde.
--Tu veux dire que pour le Web il faudrait aussi un CEP?
--Bien sûr, ma chère. Au moins pour les Haïtiens.
--Mais à propos que veut dire CEP?
--Tu veux le vrai sens ou le faux?
--Le vrai, bien sûr.
--Ne le dis à personne. Pour ceux qui l'ont fondé CEP veut dire le "Comité des Emmerdeurs Patentés".
--Entre nous soit dit, je m'en doutais.
--Mais pourquoi donc ils ne veulent pas de notre Minustah chérie?
--Ce Keny et d'autres parlent de patriotisme, de souveraineté nationale, de fierté...
--Oh la! la! la! la! la! la! la! la! En plein vingt-et-unième siècle?
--Eh oui, ma chère!
--Je croyais qu’on avait supprimé cette engeance.
--Faut croire que le travail a été très mal fait.
--Qui devait la supprimer ?
--La Gogauche
--Parce qu’on comptait sur ces nuls ?
--C’était les moins chers.
--C N G !
--Ca veut dire quoi?
--Cas Nou Grave ! Et des Keny comme ça il y en a beaucoup. Ils ont tout un camp. Ils l'appellent le "Camp Patriotique".
--Et qu'est-ce qu’on trouve dans le Camp Patriotique?
--Mais, voyons, des Patriotes, ma chère.
--Tu es sûre que ce sont des Haïtiens?
--Apparemment oui. Ils ont tous des Ti-Zoreilles.
--Et que va faire contre eux notre Minustah chérie?
--Je leur avais envoyé un rapport sur ce grave danger.
--Et qu'est-ce qu'ils ont fait?
--Les Chefs ce jour-là étaient à la plage
--Tu veux dire que les Chefs de la Minustah vont à la plage?
--Ils sont bien obligés et ils y sont quasiment tout le temps.
--Pourquoi?
--Ils disent qu'ils sont à la plage pour observer la mer, car c’est de la mer que peuvent venir des invasions. Ils ont une conscience professionnelle farouche.
--Mais ton rapport, est-ce qu'au moins ils l'ont lu?
--Finalement il est tombé dans les mains d'un Chef qui venait d'une tribu océanienne: car toutes les tribus de la planète sont représentées dans notre Minustah chérie. Ce Chef a dit qu'il n'était pas tenu de le lire, parce que ce rapport n'était pas dans son dialecte. Donc il n’a jamais été lu.
--Jésus Marie Joseph! Mais, ma chère, nous dansons sur un volcan.
--Danser c’est beaucoup dire, car il n’y a pas de quoi festoyer. Disons au moins que nous sommes assis dessus.
--Que faire?
--Nous avons soumis le problème à Ray.
--Pourquoi Ray?
--Ray a ouvert une entreprise de culture.
--Et qu’est-ce qu’il cultive?
--L’Exécution. (2)
--Parce qu’on peut cultiver l’Exécution?
--D’autres se lancent bien dans la culture du riz, des choux, des perles, des poules. Pourquoi pas de l’Exécution? Il fallait seulement y penser.
--Et ça rapporte?
--Oh que non! Ray est un idéaliste. Ça lui rapporte des emmerdes. Tout le monde lui tombe dessus. Mais il tient ferme.
--Exécution pour exécution, pourquoi ne fait-il pas passer ceux qui l’emmerdent devant un peloton d’exécution?
--Non, Ray est un non-violent.
--Il n’est pas ceinture noire dans les Arts Martiaux?
--Non. C’est un homme intelligent. Seulement dans les Arts Libéraux.
--Et tu crois que Ray pourra nous sauver du grave danger posé par les Patriotes?
--Ray est notre
“Espoir suprême et suprême pensée”
--Et si Ray échoue, ces Patriotes vont continuer à courir dans l’arène politique?
--Eh oui, ma chère.
--En attendant, aussi longtemps que nous avons notre chère Minustah, chérissons-la.
Minustah de mon cœur,
Douce comme une aubergine.
Je mourrai de langueur,
Si ton mandat s’ termine

--Tu es mon bœuf salé

--Ma savane désolée!

--Toi mon Jacquot-Pieds-Verts
Avec tes billets verts.

--Sans toi je ne suis rien

--Avec toi je suis tout.

--Tu me veux tant de bien
Que je suis ton toutou.

Ainsi discourait et chantait au clair de lune le Chœur des Pleureurs et des Pleureuses
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NDCDP-Politique.-
  1. Le texte original est publié, entres autres media, par le forum Haiti-nation, no. 16107, Mar 29 Décembre 2009, 5 h 09 min 57 s. L'auteur, le professeur Gérard Bissainthe, est l'une des plus grandes figures de l'élite intellectuelle haïtienne (et mondiale) de la deuxième moitié du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Pour bien comprendre son texte, on peut lire les échanges récents entre Ray Killick, Keny Bastien et d'autres sur les différents fora haïtiens sur le Web.
  2. Culture d'Exécution.- Pour savoir de quoi il s'agit, on peut lire les remarquables interventions de Ray Killick, ing., Ph.D., sur le forum HaitianPolitics en 2005-2006. On peut également lire l'ouvrage EXECUTION: the discipline of getting things done, par Larry Bossidy et Ram Charan, publié par Crown Business, NY, 2002, une branche de Random House inc.; Library of Congress Catalog: HD31 . B626 2002, 278 pages.

lundi 21 décembre 2009

Haïti/Décentralisation véritable: le Municipalisme

Une image vaut mille mots.

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Logo de l'Action municipaliste menée par le Professeur Gérard Bissainthe, 21 décembre 2009
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Source: Haiti-nation (no. 15584), Lun 21 Décembre 2009, 11 h 24 min 46 s
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Voici le texte accompagnant le logo:
Camp Patriotique, Citoyen-Soldat, Action-Municipaliste même combat
par Gérard Bissainthe

Camp Patriotique, Citoyen-Soldat, Action-Municipaliste même combat. C'est le même combat vu sous des angles différents. C'est le combat de ceux que j'ai appelés depuis longtemps "les Chevaliers de l'Aurore" qui succèdent aux "Fantomes de la Nuit". Il ne s'agit pas de deux camps qui s'opposent, car il ne tient qu'à un "Fantome de la Nuit" de devenir, s'il le désire, un "Chevalier de l'Aurore" en se regénérant dans la lutte intransigeante pour la souveraineté nationale.
DIASPORA+ SECTIONS COMMUNALES= INDEPENDANCE NATIONALE.


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Mise à jour du 3 janvier 2010:


Le texte qui suit provient du forum Haiti-nation, no. 16486, Dim 3 Janvier 2010, 0 h 55 min 58 s


Le municipalisme que je propose
par Gérard Bissainthe



Il y a plusieurs mois de cela je lançais sur le Web un débat sur le municipalisme. Ce concept en lui-même n’a rien de nouveau et je n’en ai ni n’en revendique la paternité. La véritable et finalement seule originalité de ma démarche était et est la suivante: je pensais et je pense que pour sauver Haïti aujourd’hui il faut établir un lien économique structuré et direct entre la Diaspora haïtienne et les bases du pays que sont les sections communales.

J’ai expliqué ailleurs et longuement les raisons pour lesquelles je pense que le salut d’Haïti est possible par le municipalisme. Je voudrais seulement ici expliquer le mécanisme que je propose pour instaurer le municipalisme dans notre pays.

Essentiellement ce mécanisme consiste en ceci:
1.- Nous créons des sponsorisations (un mot que je préfère à parrainage) des sections communales par la Diaspora haïtienne.
2.- Le/la sponsor peut être un individu ou une organisation de nationalité haïtienne ou étrangère.
3.- Le/la sponsor établit avec la (ou les) section(s) communale(s) sponsorisée(s) un lien qui n’est pas celui qui existe entre un donateur ou un bienfaiteur et un(e) obligé(e) (la personne qui reçoit un don); mais plutôt un lien (1) d’association. Le/la sponsor devient une sorte de citoyen virtuel de la section communale et sa participation devient une contribution quasi-citoyenne. Je propose pour les sponsors l’expression “citoyen(ne) partenaire” (ou simplement “partenaire”). Le/la partenaire peut être un(e) partenaire haïtien(ne) ou étranger/étrangère, selon sa nationalité. La possibilité existe aussi pour la section communale de donner de sa propre initiative au/à la “partenaire” le titre de “citoyen(ne) d’honneur”.

Une question se pose: comment démarrer cette opération?
L’idéal eut été de la démarrer avec la participation du Gouvernement en place. Mais comme le Gouvernement en place s’obstine à dire (et il le clame sur les toits) que les Haïtiens bi- ou multi-nationaux (qui constituent l’épicentre, le fer de lance, la locomotive de la Diaspora) ne sont pas des Haïtiens à part entière, le Gouvernement en place par haine et/ou par peur de cette Diaspora, aura plutôt tendance à saboter cette opération, plutôt qu’à l’encourager et à la promouvoir, comme il devrait. Si bien que dans la conjoncture actuelle d’exclusion effective de la Diaspora la seule solution est de lancer cette opération comme une initiative citoyenne d’Haïtiens qui refusent l’immobilité du statu quo, en attendant que le pays ait enfin à sa tête un Gouvernement ouvert, progressiste et dynamique. D’ailleurs cette opération du municipalisme en dynamisant économiquement les sections communales apportera petit à petit des transformations substantielles dans la société haïtienne dont le centre (traditionnellement appelé la “République de Port-au-Prince”) étouffe la périphérie ou l’arrière-pays. La Municipalisme, tel que proposé ici, fera la jonction entre les deux Exclus de facto de la nation haïtienne, à savoir l’arrière-pays (les sections communales) et la Diaspora. Et c’est de là seulement, dans l’INCLUSION, que pourra venir notre salut.

J’en profite pour proposer comme Femmes et Hommes de l’Année 2009 “les Malérèzes et les Malérés” de notre arrière-pays dont nous n’avons pas cessé de parler, pour ne pas changer, pendant toute l’année 2009 et pour lesquelles rien n’a encore été fait, si ce n’est les solutions-bidons des tas de minus de la Minustah.

Que cette année 2010 soit l’année ensoleillée de la Libération Patriotique Souverainiste Municipaliste d’Haïti !

Gérard Bissainthe
2 janvier 2010
gerarbis@orange.fr


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(1) La nature de ce lien est d’une très grande importance. Car depuis plusieurs décennies s’est établie en Haïti une assistance étrangère quasiment omniprésente qui a créé dans notre pays une mentalité d’assisté quasiment omniprésente aussi. La conséquence de l’assistance est la dépendance qui est le contraire de l’indépendance. Si nous voulons retrouver notre indépendance, il n’existe qu’une seule et unique solution: mettre fin à l’assistance économique étrangère. Où pouvons-nous trouver les fonds pour remplacer ceux de l’assistance économique étrangère? Dans la Diaspora haïtienne. Mais nous devons en même temps éviter que la Diaspora ne devienne un “bienfaiteur” extérieur qui de haut fait un don aux “pauvres Haïtiens de l’intérieur ”. D’où la proposition que celui qui veut participer au développement d’Haïti devienne partie intégrante de l’entité (la section communale) qu’il veut aider comme une sorte de citoyen virtuel de cette entité. Nous pouvons ainsi créer autour de chaque section communale un réseau non pas de “bienfaiteurs” (toujours un peu condescendants) mais d’associés, de participants. Le mot “partenaire” décrit bien ce nouveau lien entre un individu ou une organisation qui veut participer au développement d’une section communale et cette section communale. Lorsqu’il adviendra que le/la partenaire rende visite à “sa” section communale, il/elle y sera reçu(e) non comme un bienfaiteur ou un parrain ou une marraine, mais comme un membre de cette section communale, un frère ou une sœur, si l’on préfère. Il faut souligner ici que l’étranger peut aussi devenir partenaire à titre d’étranger.

dimanche 13 décembre 2009

NOEL DES MAGISTRATS

Par Heidi FORTUNÉ
Magistrat, Juge d’Instruction
Cap-Haïtien, Haïti
13 décembre 2009


La Justice est la pierre angulaire de toute démocratie. Elle représente le levier principal pour le développement de notre pays. Les investisseurs se manifesteront si leur confiance est acquise. Les citoyens évolueront normalement s’ils sont assurés que leurs droits les plus élémentaires sont garantis et le taux de criminalité baissera si des peines exemplaires sont requises et appliquées envers et contre tous ceux qui violent la loi. Les observateurs nationaux et étrangers, les instances financières internationales, les politiciens (toutes tendances confondues) s’accordent sur la nécessité pour Haïti de disposer d’une Justice indépendante et efficace, à la mesure de ses ambitions politiques, économiques et sociales. Mais, cela ne pourra pas se faire avec des codes datant de 1835, un arsenal juridique presque vide et des Magistrats mal entretenus.



Malheureusement, les dirigeants ne sont pas de cet avis. Ils pensent que tous les Juges sont des corrompus et ne méritent pas d’être bien traités. Nous avons au sein de l’appareil judiciaire, tout comme au sein de l’Exécutif et du Parlement des voleurs en toge, des racketteurs en cravate et des pourvoyeurs pour qui les écritures ne sont pas lisibles. Mais, nous en avons également de bons et fiers Magistrats qui instruisent opiniâtrement des affaires délicates et sulfureuses sans peur de prendre à rebrousse-poil quelques grands élus, notables ou criminels notoires. Nous avons des Magistrats insensibles au charme et à l’influence du pouvoir et de l’argent, allergiques aux compromis qui favorisent les carrières. Nous avons des Magistrats qui prennent parfois des décisions très courageuses, au moment même ou d’autres confrères alimentent le flot des positions obscurantistes. Non, il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Depuis toujours, la Justice et les hommes qui la servent loyalement ont toujours été discrets, trop discrets peut-être. Pourtant, leur rôle demeure aussi colossal que mal connu et, pour cette raison même, mal reconnu.



Dans la vie, on doit être cohérent dans ce qu’on fait, dit et défend. Si on sait que le remède contre la corruption est indiscutablement la punition ; alors, pourquoi gaspiller de l’argent dans des colloques de stratégie et autres campagnes de sensibilisation ? La solution est là, on n’a pas à enfoncer une porte déjà ouverte. Le véritable problème c’est qu’en Haïti, tout est politique alors que dans d’autres pays, tout est juridique. Nos voisins dominicains viennent de nous donner l’exemple dans le dossier du nommé Amaral Duclona où c’est la Cour Suprême, et non le Ministère de la Justice ou la police, qui a décidé de l’extradition de ce dernier vers la France. Nous haïssons ce que font certaines personnes au nom de la République. Nous condamnons et dénonçons avec force ce qu’est devenue la justice au Cap-Haitien…toutes ces affaires jugées avec parti-pris ou classées sans suite, parce que ‘’selon que vous serez riche ou pauvre…’’



Le puissant et le misérable ne sont plus égaux devant la loi par les temps qui courent. Ceux qui ont de l’argent ou un titre nobiliaire ont toujours raison et ceux qui n’ont ni l’un ni l’autre sont toujours coupables. Seuls les indigents commettent des infractions. Allez faire un tour dans les prisons, visitez les cellules, consultez les répertoires de condamnations et vous verrez. Le plus triste dans tout cela, les décisions de nos tribunaux ne donnent pratiquement pas lieu à débat. Au niveau universitaire, le commentaire ‘’d’Arrêt‘’ semble être passé de mode ; sûrement du fait des difficultés techniques et intellectuelles qu’il soulève. Avouons toutefois que la disparition du ‘’Bulletin des Arrêts’’ de la Cour de Cassation a contribué à cette situation. Ainsi va la Justice !



Nous sommes à quelques jours de Noël, et jamais cette période traditionnellement de fête ne nous a paru commencer de manière plus cruelle ni plus triste pour la Magistrature. 20 décembre 2007 – 20 décembre 2009. Bientôt deux ans depuis la publication des lois portant sur le Statut des Magistrats, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire et l’École de la Magistrature dans le journal officiel de la République. Deux ans depuis que les Juges attendent impatiemment l’arrivée du Père Noël au Palais de Justice… tandis qu’on réveillonne tous les soirs de l’autre côté du Champ de Mars. Décidément, la Présidence montre une belle constance dans son hostilité aux Magistrats et à la réforme judiciaire. Et, il faut être vraiment aveugle pour ne pas voir ce qui se trame. Triste noël, en vérité, des Magistrats !
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N.B. Le juge Fortuné a aussi un blog:
http://heidifortune.blogspot.com