samedi 13 juin 2009

Haïti/ Discours d'adieu de l'Ambassadeur Janet Sanderson

Source: Ambassade des États-Unis, Port-au-Prince, Haïti


Dîner d’Adieu organisé par la Chambre Haitiano-Américaine de Commerce (AMCHAM) en l’honneur de l’Ambassadeur des Etats-Unis, Janet A. Sanderson


Port-au-Prince 9 juin 2009


Mesdames et messieurs, merci de cet accueil chaleureux. Il y a trois ans, je me tenais devant vous à titre de nouvel ambassadeur américain en Haïti, exprimant mes souhaits pour ce pays et pour notre relation. Ce soir, avant de partir, je veux vous parler de ce que j’ai vu durant mes trois années ici, et je veux parler de l’avenir d’un pays qui m’a profondément marquée. Bien que je ne serai pas avec vous lorsque vous mettrez Haïti sur la voie du progrès, sachez que je laisse une partie de mon cœur ici.


I would like to thank American Chamber for hosting this evening. Your generous support and wise counsel has had a major impact on my understanding of this fascinating country. The Embassy and AMCHAM have a long history together, and I know you will be as welcoming to the new Ambassador as you have to me. Let me also take this opportunity to congratulate the newly-elected AMCHAM Board. Their leadership during the next year will be critical, and I am confident that they, like their predecessors, will make their mark in Haiti.


Une de mes toutes premières rencontres ici a été avec l’AMCHAM. C'était, si vous vous souvenez, un moment très sombre. Il n’y avait pas de président élu, pas de Parlement. Les kidnappeurs opéraient en toute impunité. Il y avait très peu d’agents de police dans les rues et les investisseurs se faisaient de plus en plus rares. Quand j'ai rencontré l’AMCHAM en juin 2006, j'ai parlé d'un nouveau départ pour Haïti – mais c'était plus un fervent souhait qu’un fait certain.


Trois années se sont écoulées, l’espoir demeure encore. Haïti a fait des progrès bien que le combat ait été difficile. Un gouvernement et un parlement démocratiquement élus ont été installés. La police haïtienne patrouille les rues, la presse est en plein épanouissement, et la société civile réfléchit sur les questions politiques et sociales pressantes. Des entrepreneurs de la Corée du Sud, des Etats-Unis et de la République Dominicaine analysent les opportunités d’affaires. Le découragement fait place à l’espoir de changement.


Toutefois, l'histoire nous enseigne de ne pas être complaisants. Les terribles événements de 2008 – les cyclones, les troubles politiques, les déboires économiques – sont toujours présents. Les défis sont évidents et je crois qu’il revient au gouvernement et à la classe politique d’avancer rapidement et avec des objectifs précis pour pouvoir les contre-attaquer. Changement – le changement réel, irréversible et durable qui peut transformer des vies – n’a véritablement pas encore pris racine ici en Haïti. Pourtant, je crois que ce changement arrivera.


Je le crois parce que ce pays a bravé des puissances étrangères, s’est libérée de l’esclavage en mille huit cent quatre, pour devenir la deuxième République indépendante de l’hémisphère.


Je le crois parce que ce pays a son caractère propre: un art, une musique et une littérature vivante. Je le crois parce que le peuple haïtien l’exige. Le père fondateur de ce pays, Toussaint L’Ouverture, était célèbre pour son intelligence à reconnaître et exploiter une ouverture politique. Il a compris que rater ces occasions était aussi condamnable qu’échouer. Et il savait que certaines fois on doit créer son momentum et le saisir pleinement.


Aujourd’hui, le moment pour Haïti est venu. Fermement supportée par ses partenaires internationaux, inspirée par son peuple et par son passé, Haïti a encore la chance de reprendre complètement ses élans. Cette fois, cependant, le combat est celui pour la prospérité et pour la paix. Cette fois, si les Haïtiens ne saisissent pas les opportunités, ils peuvent les rater à jamais.


La conjoncture exige d’Haïti un leadership à la hauteur de Toussaint L’Ouverture: un leadership responsable, visionnaire, et énergique. Les Haïtiens tournent leur regard vers les élus pour faire preuve de ce leadership mais font également appel, comme l’a fait Toussaint L’Ouverture, à tous ceux qui ont une part de responsabilité dans l’avenir de ce pays. Y compris vous, qui êtes dans cette salle ce soir. Le futur exige également un regain de l’engagement au dialogue et à la discussion de la part de tous ceux qui croient en une Haïti paisible, prospère et démocratique.


Un dialogue national, largement encadré et efficacement structuré est, je pense, important pour l’avenir de ce pays. Tout aussi important est un système politique qui permet aux gens de s’exprimer librement à travers des institutions et un processus démocratiques, y compris des partis politiques crédibles et responsables, et un gouvernement qui répond aux besoins et aux attentes du peuple.


L’écrivain Doris Kearns Goodwin, dans son livre intitulé «Team of Rivals», raconte comment Abraham Lincoln, confronté aux plus grandes menaces jamais connues dans l’histoire des Etats-Unis, a constitué un gouvernement avec des opposants. Ces messieurs ont mis de côté leurs intérêts personnels et leurs ambitions politiques pour le bien-être de leur pays et leur peuple. Et en agissant de la sorte, ils ont changé une nation. Pendant sa campagne électorale, le président Obama a noté qu’ils avaient compris la relation essentielle entre responsabilité et destinée. Lincoln et ses collègues ont compris, comme Obama a dit, que nous sommes responsables de notre propre avenir.


Les problèmes d’Haïti sont sûrement différents que ceux qu’ont connus les dirigeants américains durant la guerre civile. Mais, nous partageons le même devoir de tracer notre propre destinée. C’est pourquoi je crois fermement que ce qui arrive en Haïti dépend complètement des Haïtiens. Les Etats-Unis peuvent vous donner le support pour vous aider à réaliser vos rêves et organiser votre avenir, mais nous ne pouvons pas - nous ne ferons pas - le travail à votre place. L’avenir de ce pays est entre vos mains.


Toutefois, ne croyez pas que vous êtes seuls. Comme le Secrétaire d’Etat Clinton l’a dit au cours de sa visite ici, les Etats-Unis seront à vos côtés. Cet engagement a été ma passion durant mes années ici. Je suis fière que, travaillant côte à côte avec le gouvernement et le peuple haïtien, nous avons:

  • Soutenu le développement du processus et des institutions démocratiques dirigées par des Haïtiens;
  • Equipé et formé une force de police professionnelle qui respecte les prescrits des droits de l’Homme;
  • Investi vingt millions de dollars à Cité Soleil à travers l’Initiative de Stabilisation pour Haïti (HSI);
  • Fourni cent soixante millions de dollars dans l’assistance alimentaire, et dans d’autres programmes humanitaires;
  • Commencé le processus de reconstruction suite aux passages des cyclones dévastateurs, curé des rivières, construit et réparé des écoles et contribué à la promotion de la production nationale.

Durant ma mission ici nous nous sommes assurés que nos programmes d’assistance se focalisent sur les priorités du peuple haïtien. Encore, il faut que les Haïtiens jouent leur partition et prennent leur responsabilité.


Il est, je crois, néfaste pour Haïti de se poser en victime. Une telle attitude encourage un climat défaitiste pour un pays de tant de promesses et avec tant d’objectifs. Nous devons prioriser: un système économique ouvert, un environnement bien régularisé et favorable à l’investissement, un secteur privé actif et engagé. Ce sont les clés de la croissance économique qui permettra le développement de ce pays.

Je suis donc très encouragée par le renforcement de la priorité accordée à la compétitivité. J’ai bien noté les récentes étapes entreprises par le gouvernement pour mettre fin aux anomalies et aux inefficacités qui ont gravement dévié cette économie au cours des années. Ces efforts ont été longtemps attendus. Je salue toutes les initiatives qui portent sur les problèmes économiques d’Haïti. Elles ont défini et renseigné sur les prochaines étapes à entreprendre. Mais, comme nous disons aux Etats-Unis: Enough already. Assez, c’en est assez. Il est temps de cesser d’étudier et d’examiner Haïti. Il est temps de prendre des décisions. Il est temps de passer aux actes.


Juste avant de se rendre à la Conférence des Bailleurs – où elle a présenté une vision convaincante de l’avenir d’Haïti - le Premier Ministre Pierre-Louis a énoncé les priorités stratégiques de développement du pays. Elle a appelé au «courage, à la conviction et à la vision». Le Premier Ministre a laissé Washington avec la promesse d’une assistance importante. Elle a assuré aux bailleurs qu’en retour de leur généreux engagement, le pays répondrait à leurs attentes qui exigent d’être responsables et de rendre compte.


Comme les bailleurs, le peuple haïtien s’en tient à ce que le gouvernement, en effet, toute la classe politique, respecte ces attentes – Rendre compte et être responsables. L'histoire nous relate qu’une classe politique qui ne fait preuve ni de compassion ni de compétences est incapable de donner de l’espoir à son pays. Et l’espoir est ce dont les Haïtiens ont le plus besoin aujourd’hui.


You – the people here tonight – must be the bearers of that hope. Your accomplishments are many. Some of you have enjoyed privileges of birth, income, and education as well. But, at the end of the day, your success has been based on hard work and taking opportunities. What you must do now is pass the same opportunities on to others. And those of you who have been lucky – and we all know that luck is sometimes as important as talent – well, make a little luck for others as well.


When I arrived over three years ago, I called on those business leaders who were still standing on the sidelines to speak out for change. AMCHAM has been at the forefront of this effort. Your advocacy for the passage of HOPE I and HOPE II legislation has led to the creation of more than 11,000 jobs. Your support of the “On The Frontier” competitiveness study paved the way for the President’s Competiveness Commission and has contributed to a lively discussion of Haiti’s economic future. But you must go beyond this.


I urge you to invest in the next generation. Your young leaders are a remarkable group, cleaning the beaches of the Arcadin, managing factories, creating industrial zones. This resource must not be wasted but nurtured, organized, tended and mobilized. Your young leaders, from all walks of life, are what will nourish this country and ensure that it moves forward.

I urge you to pursue public/private partnerships. This is more than a fancy name for a new business model but a way to embrace and engage the best of Haitian society, both here and abroad.


I urge you to fight corruption. This country will move very slowly until such time as those practices which skew the economic and political system are eliminated. Those who profit from corruption, those who tolerate it, those who take advantage of the uncertainties and the loop holes in the system or exploit the status quo, sooner or later have to settle up with that nation.


Lastly, I urge you to lead the way. I know that the members of the private sector are individuals of conviction, willing to make the hard decisions. As good corporate citizens, you have a special responsibility as leader and role-model. Your efforts-whether building schools, raising relief funds, or giving scholarships - are the mortgages you pay to the future. Let your voice be heard – but let that voice be a constructive and positive one. It is time for the distrust and dissension which has so marked public debate in Haiti over the years to end. It serves no purpose and only discredits those who speak the loudest. Softer voices must lead the way.

L’histoire d’Haïti a souvent été tragique, mais de diverses façons, elle a également constitué une source d’inspiration. Je crois en Haïti. Je crois que les Haïtiens sont prêts à saisir les opportunités du futur. Après ma mission ici, après avoir été témoin du combat, de la joie et de la détermination qui symbolisent Haïti, je crois que ce pays peut et va changer. Et je sais que le changement viendra avec le travail ardu et la détermination.


Je sais que les Haïtiens ont beaucoup de courage. Il faut du courage pour vivre sous une tente aux Gonaïves et de chercher un emploi décent, de l’eau potable et de la nourriture pour la famille chaque jour. Il faut du courage à un journaliste pour faire la lumière sur des vérités dangereuses. Il faut du courage pour prendre des risques, espérer le changement dans le statu quo, même quand il paraît plus confortable – et profitable – de suivre le cours des choses. Du moins, c’est ce que je vous conseille, et ce dont je crois que ce pays a besoin – attend – de la part des dirigeants de la communauté des affaires.


Anpil fwa, mwen rankontre moun ki mande mwen, aprè twa (3) lane mwen pase isit nan peyi Dayiti, si mwen kwè li ka chanje tout bon vre osinon si mwen panse pa gen okenn lespwa. Mwen gen anpil lespwa nan yon peyi kote manman yo, malgre tout difikilte, mete barèt nan tèt pitit fi yo pou voye yo lekòl, menm kan yo pap jwenn manje lè yo retounen lakay. Mwen gen anpil espwa nan yon peyi kote pwofesè kontinye ap bay ledikasyon menm kan se apre anpil mizè pou yo jwenn chèk yo. Mwen gen lespwa nan yon peyi, malgre tristès siklòn pote, ap travay pou li rekonstwi.


Epi mwen gen lespwa paske mwen konnen ke pèp ayisyen-an ap travay pou li viv tout bon vre deviz nasyonal li ya ki se: Linyon fè lafòs. E pandan wap mache men nan men nan deviz sila-a, yo mèt kwè ke zanmi yo, menm sa ki byen lwen yo, ap toujou sipòte yo.
Mèsi anpil.

Thank you very much and goodbye.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire