lundi 22 juin 2009

Il est venu le temps de la Révolution

Par Gérard Bissainthe
gerarbis@orange.fr
21 juin 2009
Source: Haiti-nation, 22 juin 2009


Je me demande si la nouvelle bataille des 200 gourdes n’est pas encore une manœuvre de diversion d’un Parlement d’incapables et d’un Gouvernement incompétent, sans imagination et aux abois. On donne aux frustrés et aux protestataires cet os à sucer dans leur cage et ça les occupe.

Il est temps que le peuple haïtien finisse maintenant par comprendre qu’il ne s’agit pas chez nous d’un ou deux sparadraps à mettre sur le corps d’un lépreux. Il faut un bouleversement total de tout le système. Il faut une révolution.

Il y a deux manières de faire une révolution:
-ou par la Dialectique des Armes
-ou par l’Arme de la Dialectique

La Dialectique des Armes est déjà enclenchée avec la guerre civile de basse intensité qui sévit dans le pays depuis 1986 et dont le zinglindisme et les kidnappings ne sont aujourd’hui que les manifestations les plus visibles. Mais “cé troquette la, chaj la dèyè.” Le peuple affamé se fait Robin des Bois ou Zapata ou cangaceiro.

La voie des élections, aussi longtemps que nous sommes sous tutelle, est une impasse. C’est un système verrouillé, programmé pour produire un Parlement soussou et un Gouvernement soussou, comme le foie est programmé pour secréter la bile. Pour le moment, l’identité de l’occupant du Palais National n’a aucune importance: il pourra être Préval ou Valpré ou même un cabri ; c’est parfaitement indifférent. De toute façon, ce sera la Minustah ou son équivalent qui mèneront notre danse macabre.

Si un peuple sain ne doit jamais s’interdire l’option de la résistance armée, lorsque ses intérêts vitaux sont en jeu et que cette résistance armée se révèle l’ultima ratio ( dixit Gandhi: “Si le choix doit être entre la lâcheté et la violence, je choisirai la violence” ), par contre je ne préconise pas d’intensifier la Dialectique des Armes qui est actuellement en cours, car de toutes façons elle est mal partie. S’il faut un jour la faire, qu’elle soit courageuse, à visière levée, face à l’ennemi, comme savent le faire les braves. Mais ma priorité est toujours pour l’Arme de la Dialectique. Non celle des gugusses de la Gogauche qui rampent dans tous les couloirs de la tutelle. Mais la vraie. Celle qui consiste à donner au peuple de la base la conscience de ce qu’il est et de ce qu’il peut, la conscience qu’il est le Souverain et que tout dépend de lui et que seuls sont ses vrais amis ceux avec qui il parle d’égal à égal, ce qui aussi dépend de lui. Les armes à la main ou sans armes à la main, le peuple heureux est celui qui n’a pas de maître.

Il est temps d’arrêter les sanglots, les lamentations;, les autoflagellations. “Si en-dedan pa van’n ou, dehò pap acheté ou.”. Il est temps que le peuple et les étudiants de la nouvelle génération qui ont maintenant compris les enjeux, se rendent compte que l’urgence est de mettre au rancart ceux qui nous ont vendus et de lancer une opération d’envergure pour le Salut Public. Ce n’est pas Bill Clinton, même avec sa bonne volonté que je ne conteste pas, qui va nous sauver. Si Bill Clinton était capable de nous sauver, il l’aurait fait quand il était président. Ce sont les Haïtiens, les vrais, non les téléguidés, qui doivent sauver Haïti. “Si en-dedan pa van’n ou, dehò pap acheté ou. Mais si en-dedans fè on choix, dehò pa ka fè an yin contre li.”

Le vrai choix populaire doit venir de la base du pays, d’une base consciente, informée, responsable et libre. Le choix populaire doit venir des “grassroots”. La manipulation électorale qui se fait en Haïti par le système lui-même, doit cesser. Le pouvoir doit aller aux représentants du peuple conscient, informé, responsable et libre.

Comme le système est verrouillé, cadenassé, ce ne sera possible qu’en décadenassant le système, ce qui veut dire par une révolution. Il n’est que trop connu que c’est le chemin tracé par nos ancêtres. Comme les révolutionnaires, les vrais, sont toujours du même métal et parlent toujours le même langage, les révolutionnaires qui ont fait l’indépendance des Etats-Unis, eux aussi nous indiquent la manière d’en sortir, lorsqu’ils proclament:

“Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur.” (1)

C’est du Toussaint Louverture, du Dessalines le plus authentique. C’est du Danton, du Simon Bolivar, du Mandela, du Nkrumah. Mais en tout cas ce n‘est pas le langage de notre Gogauche qui depuis 1986 s’est donnée pour mission de préparer le lit de la tutelle et qui aujourd’hui s’y allonge confortablement; comme le fit ailleurs une certaine “Cinquième Colonne’” de triste mémoire. Une preuve que les traîtres sont toujours et partout du même faux métal.

Les Romains disaient déjà:
Salus Populi Suprema Lex Esto
Le Salut du Peuple doit être la Loi Suprême.

Le Peuple haïtien conscient, informé, responsable et libre doit se prendre en main et donner congé à tous les soi-disant Bons Samaritains, les pompiers pyromanes, les apprentis sorciers qui devraient d’abord se préoccuper d’aller mettre de l’ordre dans leurs propres capharnaüms.

Le Peuple Haïtien au Pouvoir!
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(1) In Congress, July 4, 1776
The unanimous Declaration of the Thirteen United States of America

We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal, that they are endowed by their Creator with certain unalienable Rights, that among these are Life, Liberty and the pursuit of Happiness. — That to secure these rights, Governments are instituted among Men, deriving their just powers from the consent of the governed, — That whenever any Form of Government becomes destructive of these ends, it is the Right of the People to alter or to abolish it, and to institute new Government, laying its foundation on such principles and organizing its powers in such form, as to them shall seem most likely to effect their Safety and Happiness.

http://www.ushistory.org/declaration/document/index.htm

dimanche 21 juin 2009

Le chef de la police iranienne met en garde Mirhossein Moussavi

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Photo de l'image de Mirhossein Moussavi (Photo: Reuters, 21 juin 2009)
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TEHERAN (Reuters) Le chef de la police iranienne a adressé une lettre à Mirhossein Moussavi pour l'avertir que les forces de l'ordre "se dresseront sans hésitation" face à toute nouvelle contestation du résultat de l'élection présidentielle, rapporte la presse dimanche.



"J'annonce que si la situation actuelle perdure, la police, conformément à sa mission de préserver l'ordre et la sécurité de la société et du peuple, se dressera sans hésitation face à toute activité illégale", écrit Ismail Ahmadi Moghaddam dans cette lettre que reproduit le quotidien Etemad-e Melli.


"Après l'annonce des résultats de l'élection, vos partisans, dans un acte illégal, sont descendus dans les rues en perturbant l'ordre public", ajoute-t-il dans ce courrier non daté.


Ahmadi Moghaddam déclare à Moussavi que "des bandits agissent dans l'ombre de l'atmosphère d'illégalité que vous avez créée", tout en assurant que la police n'a pas tiré un seul coup de feu contre les opposants. Il affirme que 400 policiers ont été blessés dans les violences post-électorales.


Officiellement battu à l'élection par le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, Mirhossein Moussavi dénonce de vastes fraudes. Défiant directement le clan conservateur au pouvoir, il a souhaité samedi que la République islamique soit purgée des mensonges et de la malhonnêteté.


Zahra Hosseinian, version française Jean-Stéphane Brosse
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L'article ci-dessus provient d'ici.

vendredi 19 juin 2009

Iran/L'ayatollah Khamenei met tout son poids derrière Ahmadinejad

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Lors d'un discours à la nation depuis l'Université de Téhéran, le Guide suprême de la révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a apporté son soutien au président Mahmoud Ahmadinejad et défendu la validité des résultats du scrutin présidentiel du 12 juin. /Photo prise le 19 juin 2009/REUTERS/Morteza Nikoubazl
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Pour lire l'article, cliquez ici.

dimanche 14 juin 2009

Haïti / Salaire journalier minimum à 200 gourdes: Que pourraient faire les acteurs ? (suite)

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Le député Steven Benoît, père de la loi fixant le salaire minimum à 200 gourdes
Photo: Archives, Le Nouvelliste, 6 mai 2009
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Clifford Apaid, membre du Conseil exécutif de l'ADIH
Photo: Francis Concite, Le nouvelliste, 13 mai 2009

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Noma Powell, une des vice-présidents de l'ADIH
Photo: Francis Concite, Le Nouvelliste, 13 mai 2009
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Gilbert Durand, ingénieur industriel membre de l'ADIH
Photo: Francis Concite, Le Nouvelliste, 13 mai 2009

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Philippe Mathon, membre de l'ADIH
Photo: Francis Concite, Le Nouvelliste, 13 mai 2009
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Le Sénat a voté le 5 mai 2009 la loi sur le salaire minimum dans les mêmes termes que la Chambre des députés qui a convenu, en février dernier, de faire passer le salaire minimum de 70 à 200 gourdes. Avec ce vote, intervenu très tard dans la soirée du 5 mai 2009, l'Assemblée a surpris la commission des Affaires sociales du Sénat qui avait proposé 160 gourdes comme pour concilier les positions pour le moins extrémistes du député Steven Benoît, instigateur de la loi, et du secteur patronal (1).

« Je suis très heureux que mes trois ans d'efforts soient récompensés », a exulté le député Steven Benoît (1).

Le père de la loi sur le salaire minimum dont les enjeux économiques et sociaux sont énormes, dit craindre un dernier obstacle. L'exécutif ne serait pas enclin à une subite augmentation du salaire minimum dans un pays rongé par le chômage et la pauvreté. « La balle est dans le camp du président René Préval qui doit promulguer cette loi s'il n'a pas d'objection », a souligné le député de Pétion-Ville (1).

Avec 200 gourdes pour une journée de travail de huit heures, le salaire des ouvriers haïtiens va se rapprocher à peine de celui des ouvriers de la Guadeloupe qui gagnent environ six dollars américains par heure (1).

L'ADIH, le 13 mai 2009 a fait savoir, au cours d'une conférence de presse, que cinquante pour cent (50%) des 25 000 emplois existant actuellement dans le secteur des exportations de produits d'assemblage, en particulier du textile, seraient supprimés en Haïti si l'Exécutif promulgait la loi établissant le salaire minimum à 200 gourdes dans les termes que le Parlement l'a votée (2).

Le secteur du textile ne serait pas le seul à être paralysé par cette loi. Les membres de l'ADIH indiquent que d'autres secteurs industriels et de services du marché local connaîtraient également le même sort que celui du textile (2).

Un mois plus tard, l'ADIH se dit favorable à un salaire minimum de 125 gourdes par jour par ouvrier (3).

Pour M. Andy Apaid, selon le député Parick Joseph (Lespwa), même un salaire minimum fixé à 150 gourdes serait catastrophique pour les entrepreneurs du secteur du textile (3).

Les hommes d'affaires disent qu'ils seraient dans l'incapacité la plus totale de respecter un salaire minimum fixé à 200 gourdes (3).

Le député Steven Benoît, père de la loi sur le salaire minimum à 200 gourdes, a rappelé cette semaine les cinq documents que les industriels de l'ADIH doivent apporter à la rencontre dans les prochains jours avec le Parlement, notamment une liste des mesures d'accompagnement qu'ils souhaitent obtenir, une liste des vingt-six entreprises membres de l'ADIH ainsi que le nom du gérant responsable de chacune d'elles, l'état financier de chacune des entreprises composant cette association (3).
Le vendredi 5 juin dernier, le Président de la République, René Préval, et des parlementaires se sont rencontrés au Palais national pour discuter du problème posé par la loi Benoît. « Cette rencontre ne pourrait apporter rien de sérieux. Le président ne peut que promulguer la loi ou utiliser son droit d'objection », a déclaré le député Jean Marcel Lumérand en marge de cette rencontre. Le président René Préval, tout au long de cette rencontre, selon les propos du député Guy Gérard Georges, a fait montre de ses préoccupations qu'un salaire minimum de 200 gourdes n'occasionnerait pas des pertes massives d'emplois (3).
Laissés en compagnie des conseillers techniques du Président pour leur expliquer les conséquences néfastes de cette loi sur le pays, les parlementaires ont dit n'être pas convaincus des arguments de l'Exécutif. « Le président n'exerce pas de leadership, il s'est caché derrière le secteur patronal et laisse ce secteur faire le jeu », a renchéri le sénateur Youri Latortue (LAAA, Artibonite) (3).
Aux nouvelles radiodiffusée à Montréal le mercredi matin 8 juin 2009, un dirigeant du secteur privé, intervenant sur le dossier, parlait d'une perte d'environ 15 000 emplois dans le secteur de l'industrie du textile, si le salaire minimum passait de 70 gourdes par jour à 200 gourdes par jour (4).
En résumé, à ce jour, on peut raisonner, faire des analyses, avec les «données» suivantes:

  • Salaire minimum journalier actuel: w0 = 70 gourdes par jour par ouvrier.
  • Nombre d'emploi dans l'industrie du textile: L0 = 25 000.
  • Masse salariale (si chaque ouvrier gagne 70 gourdes par jour: MS0 = 70 x 25 000 = 1 750 000 gourdes par jour.
  • Augmentation de salaire selon la loi Benoît: 130 gourdes par jour par ouvrier.
  • Salaire minimum journalier selon la loi Benoît: w1 = 200 gourdes par jour par ouvrier.
  • Salaire minimum que le patronat dit pouvoir supporter: w2 = 125 gourdes par jour par ouvrier.


Il revient maintenant au député Benoît, au Président Préval, au Premier ministre Pierre-Louis et à leurs équipes techniques, d'analyser avec les patrons de l'industrie du textile, les documents comptables que ces derniers déposeront pour déterminer si les patrons peuvent payer un salaire journalier par ouvrier supérieur à 125 gourdes, voire un salaire de 200 gourdes par jour par ouvrier, sans perte d'emplois dans ce secteur.



En attendant, sous l'hypothèse que les patrons ne peuvent payer un salaire supérieur à 125 gourdes par jour, nous avons bâti le tableau suivant:


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Quelques éléments de solutions hypothétiques basées sur des données préliminaires

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Le tableau ci-dessus indique que:
  1. un salaire minimum de 125 gourdes par jour serait supporté par le patronat (textile) sans perte d'emplois dans ce secteur; la masse salariale passerait de 1 750 000 gourdes à 3 125 000 gourdes par jour; les patrons auraient alors consenti de réduire leurs profits de la somme de 1 375 000 gourdes par jour;
  2. un salaire minimum de 150 gourdes entraînerait environ 4 200 mises à pied, si aucune taxe n'était créée par l'État pour financer l'écart entre 150 gourdes et 125 gourdes par jour par ouvrier; les patrons ne pourraient maintenir à l'emploi que 20 800 ouvriers;
  3. si l'État créait une nouvelle taxe, que nous appelons ici Taxe pour Financer le Salaire Minimum (TFSM), pour honorer un salaire minimum de 150 gourdes, cette taxe devrait rapporter, pour le secteur concerné uniquement, un montant de 625 000 gourdes par jour pour ainsi sauver ces 4 200 emplois mis en danger par la loi;
  4. un salaire minimum de 200 gourdes entraînerait environ 16 250 mises à pied, si les patrons basaient la masse salariale sur un taux fictif de 70 gourdes par jour par ouvrier appliqué sur un nombre fictif de 25 000 emplois pour ensuite répartir le produit entre les 8 750 ouvriers effectivement maintenus à l'emploi à 200 gourdes par jour, et, si aucune taxe n'était créée pour financer l'écart entre 70 gourdes et 200 gourdes par jour par ouvrier;
  5. un salaire minimum de 200 gourdes entraînerait environ 9 400 mises à pied, si les patrons basaient la masse salariale sur un taux fictif de 125 gourdes appliqué sur un nombre fictif de 25 000 emplois pour ensuite répartir le produit entre les 15 600 ouvriers effectivement maintenus à l'emploi à 200 gourdes par jour, et, si aucune taxe n'était créée pour permettre de sauver l'emploi de ces 9 400 ouvriers en difficultés;
  6. pour qu'il n'y ait aucune perte d'emploi, si les patrons basaient la masse salariale sur un taux fictif de 125 gourdes appliqué sur le nombre de 25 000 emplois, et, si l'État créait une nouvelle taxe, TFSM, pour apporter les 75 gourdes par jour par ouvrier manquants, cette taxe devrait rapporter, pour le secteur concerné uniquement, un montant de 1 875 000 gourdes par jour pour ainsi sauver ces 9 400 emplois mis en danger par la loi.

Les conclusions avancées ici sont à prendre avec beaucoup de prudence étant donné que nous ne disposons que des informations très partielles et de «deuxième main», c'est-à-dire, par ouï-dire.

Dr. Pierre Montès
14 juin 2009
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N.B. La loi a été voté par la Chambre des députés le 5 février 2009 par 43 pour et 7 contre. (5)
On pourra lire également un article intéressant d'AlterPresse sur le salaire minimum datant d'août 2007 (6).
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//(1) Haïti: La loi sur le salaire minimum passe au Sénat, 5 mai 2009
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//(2) Haïti: L'ADIH rejette le salaire minimum, 13 mai 2009
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//(3) Le salaire minimum, d'une rencontre à l'autre, 12 juin 2009
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//(4) Haïti / Salaire journalier minimum à 200 gourdes: Que pourraient faire les acteurs ?, 10 juin 2009
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//(5) Haïti: Le salaire minimum à 200 gdes, 5 février 2009
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//(6) La loi Hope et la nécessité d’un salaire minimum vivable en Haïti, 15 août 2007
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Dernière mise à jour: 15 juin 2009

samedi 13 juin 2009

Haïti/ Discours d'adieu de l'Ambassadeur Janet Sanderson

Source: Ambassade des États-Unis, Port-au-Prince, Haïti


Dîner d’Adieu organisé par la Chambre Haitiano-Américaine de Commerce (AMCHAM) en l’honneur de l’Ambassadeur des Etats-Unis, Janet A. Sanderson


Port-au-Prince 9 juin 2009


Mesdames et messieurs, merci de cet accueil chaleureux. Il y a trois ans, je me tenais devant vous à titre de nouvel ambassadeur américain en Haïti, exprimant mes souhaits pour ce pays et pour notre relation. Ce soir, avant de partir, je veux vous parler de ce que j’ai vu durant mes trois années ici, et je veux parler de l’avenir d’un pays qui m’a profondément marquée. Bien que je ne serai pas avec vous lorsque vous mettrez Haïti sur la voie du progrès, sachez que je laisse une partie de mon cœur ici.


I would like to thank American Chamber for hosting this evening. Your generous support and wise counsel has had a major impact on my understanding of this fascinating country. The Embassy and AMCHAM have a long history together, and I know you will be as welcoming to the new Ambassador as you have to me. Let me also take this opportunity to congratulate the newly-elected AMCHAM Board. Their leadership during the next year will be critical, and I am confident that they, like their predecessors, will make their mark in Haiti.


Une de mes toutes premières rencontres ici a été avec l’AMCHAM. C'était, si vous vous souvenez, un moment très sombre. Il n’y avait pas de président élu, pas de Parlement. Les kidnappeurs opéraient en toute impunité. Il y avait très peu d’agents de police dans les rues et les investisseurs se faisaient de plus en plus rares. Quand j'ai rencontré l’AMCHAM en juin 2006, j'ai parlé d'un nouveau départ pour Haïti – mais c'était plus un fervent souhait qu’un fait certain.


Trois années se sont écoulées, l’espoir demeure encore. Haïti a fait des progrès bien que le combat ait été difficile. Un gouvernement et un parlement démocratiquement élus ont été installés. La police haïtienne patrouille les rues, la presse est en plein épanouissement, et la société civile réfléchit sur les questions politiques et sociales pressantes. Des entrepreneurs de la Corée du Sud, des Etats-Unis et de la République Dominicaine analysent les opportunités d’affaires. Le découragement fait place à l’espoir de changement.


Toutefois, l'histoire nous enseigne de ne pas être complaisants. Les terribles événements de 2008 – les cyclones, les troubles politiques, les déboires économiques – sont toujours présents. Les défis sont évidents et je crois qu’il revient au gouvernement et à la classe politique d’avancer rapidement et avec des objectifs précis pour pouvoir les contre-attaquer. Changement – le changement réel, irréversible et durable qui peut transformer des vies – n’a véritablement pas encore pris racine ici en Haïti. Pourtant, je crois que ce changement arrivera.


Je le crois parce que ce pays a bravé des puissances étrangères, s’est libérée de l’esclavage en mille huit cent quatre, pour devenir la deuxième République indépendante de l’hémisphère.


Je le crois parce que ce pays a son caractère propre: un art, une musique et une littérature vivante. Je le crois parce que le peuple haïtien l’exige. Le père fondateur de ce pays, Toussaint L’Ouverture, était célèbre pour son intelligence à reconnaître et exploiter une ouverture politique. Il a compris que rater ces occasions était aussi condamnable qu’échouer. Et il savait que certaines fois on doit créer son momentum et le saisir pleinement.


Aujourd’hui, le moment pour Haïti est venu. Fermement supportée par ses partenaires internationaux, inspirée par son peuple et par son passé, Haïti a encore la chance de reprendre complètement ses élans. Cette fois, cependant, le combat est celui pour la prospérité et pour la paix. Cette fois, si les Haïtiens ne saisissent pas les opportunités, ils peuvent les rater à jamais.


La conjoncture exige d’Haïti un leadership à la hauteur de Toussaint L’Ouverture: un leadership responsable, visionnaire, et énergique. Les Haïtiens tournent leur regard vers les élus pour faire preuve de ce leadership mais font également appel, comme l’a fait Toussaint L’Ouverture, à tous ceux qui ont une part de responsabilité dans l’avenir de ce pays. Y compris vous, qui êtes dans cette salle ce soir. Le futur exige également un regain de l’engagement au dialogue et à la discussion de la part de tous ceux qui croient en une Haïti paisible, prospère et démocratique.


Un dialogue national, largement encadré et efficacement structuré est, je pense, important pour l’avenir de ce pays. Tout aussi important est un système politique qui permet aux gens de s’exprimer librement à travers des institutions et un processus démocratiques, y compris des partis politiques crédibles et responsables, et un gouvernement qui répond aux besoins et aux attentes du peuple.


L’écrivain Doris Kearns Goodwin, dans son livre intitulé «Team of Rivals», raconte comment Abraham Lincoln, confronté aux plus grandes menaces jamais connues dans l’histoire des Etats-Unis, a constitué un gouvernement avec des opposants. Ces messieurs ont mis de côté leurs intérêts personnels et leurs ambitions politiques pour le bien-être de leur pays et leur peuple. Et en agissant de la sorte, ils ont changé une nation. Pendant sa campagne électorale, le président Obama a noté qu’ils avaient compris la relation essentielle entre responsabilité et destinée. Lincoln et ses collègues ont compris, comme Obama a dit, que nous sommes responsables de notre propre avenir.


Les problèmes d’Haïti sont sûrement différents que ceux qu’ont connus les dirigeants américains durant la guerre civile. Mais, nous partageons le même devoir de tracer notre propre destinée. C’est pourquoi je crois fermement que ce qui arrive en Haïti dépend complètement des Haïtiens. Les Etats-Unis peuvent vous donner le support pour vous aider à réaliser vos rêves et organiser votre avenir, mais nous ne pouvons pas - nous ne ferons pas - le travail à votre place. L’avenir de ce pays est entre vos mains.


Toutefois, ne croyez pas que vous êtes seuls. Comme le Secrétaire d’Etat Clinton l’a dit au cours de sa visite ici, les Etats-Unis seront à vos côtés. Cet engagement a été ma passion durant mes années ici. Je suis fière que, travaillant côte à côte avec le gouvernement et le peuple haïtien, nous avons:

  • Soutenu le développement du processus et des institutions démocratiques dirigées par des Haïtiens;
  • Equipé et formé une force de police professionnelle qui respecte les prescrits des droits de l’Homme;
  • Investi vingt millions de dollars à Cité Soleil à travers l’Initiative de Stabilisation pour Haïti (HSI);
  • Fourni cent soixante millions de dollars dans l’assistance alimentaire, et dans d’autres programmes humanitaires;
  • Commencé le processus de reconstruction suite aux passages des cyclones dévastateurs, curé des rivières, construit et réparé des écoles et contribué à la promotion de la production nationale.

Durant ma mission ici nous nous sommes assurés que nos programmes d’assistance se focalisent sur les priorités du peuple haïtien. Encore, il faut que les Haïtiens jouent leur partition et prennent leur responsabilité.


Il est, je crois, néfaste pour Haïti de se poser en victime. Une telle attitude encourage un climat défaitiste pour un pays de tant de promesses et avec tant d’objectifs. Nous devons prioriser: un système économique ouvert, un environnement bien régularisé et favorable à l’investissement, un secteur privé actif et engagé. Ce sont les clés de la croissance économique qui permettra le développement de ce pays.

Je suis donc très encouragée par le renforcement de la priorité accordée à la compétitivité. J’ai bien noté les récentes étapes entreprises par le gouvernement pour mettre fin aux anomalies et aux inefficacités qui ont gravement dévié cette économie au cours des années. Ces efforts ont été longtemps attendus. Je salue toutes les initiatives qui portent sur les problèmes économiques d’Haïti. Elles ont défini et renseigné sur les prochaines étapes à entreprendre. Mais, comme nous disons aux Etats-Unis: Enough already. Assez, c’en est assez. Il est temps de cesser d’étudier et d’examiner Haïti. Il est temps de prendre des décisions. Il est temps de passer aux actes.


Juste avant de se rendre à la Conférence des Bailleurs – où elle a présenté une vision convaincante de l’avenir d’Haïti - le Premier Ministre Pierre-Louis a énoncé les priorités stratégiques de développement du pays. Elle a appelé au «courage, à la conviction et à la vision». Le Premier Ministre a laissé Washington avec la promesse d’une assistance importante. Elle a assuré aux bailleurs qu’en retour de leur généreux engagement, le pays répondrait à leurs attentes qui exigent d’être responsables et de rendre compte.


Comme les bailleurs, le peuple haïtien s’en tient à ce que le gouvernement, en effet, toute la classe politique, respecte ces attentes – Rendre compte et être responsables. L'histoire nous relate qu’une classe politique qui ne fait preuve ni de compassion ni de compétences est incapable de donner de l’espoir à son pays. Et l’espoir est ce dont les Haïtiens ont le plus besoin aujourd’hui.


You – the people here tonight – must be the bearers of that hope. Your accomplishments are many. Some of you have enjoyed privileges of birth, income, and education as well. But, at the end of the day, your success has been based on hard work and taking opportunities. What you must do now is pass the same opportunities on to others. And those of you who have been lucky – and we all know that luck is sometimes as important as talent – well, make a little luck for others as well.


When I arrived over three years ago, I called on those business leaders who were still standing on the sidelines to speak out for change. AMCHAM has been at the forefront of this effort. Your advocacy for the passage of HOPE I and HOPE II legislation has led to the creation of more than 11,000 jobs. Your support of the “On The Frontier” competitiveness study paved the way for the President’s Competiveness Commission and has contributed to a lively discussion of Haiti’s economic future. But you must go beyond this.


I urge you to invest in the next generation. Your young leaders are a remarkable group, cleaning the beaches of the Arcadin, managing factories, creating industrial zones. This resource must not be wasted but nurtured, organized, tended and mobilized. Your young leaders, from all walks of life, are what will nourish this country and ensure that it moves forward.

I urge you to pursue public/private partnerships. This is more than a fancy name for a new business model but a way to embrace and engage the best of Haitian society, both here and abroad.


I urge you to fight corruption. This country will move very slowly until such time as those practices which skew the economic and political system are eliminated. Those who profit from corruption, those who tolerate it, those who take advantage of the uncertainties and the loop holes in the system or exploit the status quo, sooner or later have to settle up with that nation.


Lastly, I urge you to lead the way. I know that the members of the private sector are individuals of conviction, willing to make the hard decisions. As good corporate citizens, you have a special responsibility as leader and role-model. Your efforts-whether building schools, raising relief funds, or giving scholarships - are the mortgages you pay to the future. Let your voice be heard – but let that voice be a constructive and positive one. It is time for the distrust and dissension which has so marked public debate in Haiti over the years to end. It serves no purpose and only discredits those who speak the loudest. Softer voices must lead the way.

L’histoire d’Haïti a souvent été tragique, mais de diverses façons, elle a également constitué une source d’inspiration. Je crois en Haïti. Je crois que les Haïtiens sont prêts à saisir les opportunités du futur. Après ma mission ici, après avoir été témoin du combat, de la joie et de la détermination qui symbolisent Haïti, je crois que ce pays peut et va changer. Et je sais que le changement viendra avec le travail ardu et la détermination.


Je sais que les Haïtiens ont beaucoup de courage. Il faut du courage pour vivre sous une tente aux Gonaïves et de chercher un emploi décent, de l’eau potable et de la nourriture pour la famille chaque jour. Il faut du courage à un journaliste pour faire la lumière sur des vérités dangereuses. Il faut du courage pour prendre des risques, espérer le changement dans le statu quo, même quand il paraît plus confortable – et profitable – de suivre le cours des choses. Du moins, c’est ce que je vous conseille, et ce dont je crois que ce pays a besoin – attend – de la part des dirigeants de la communauté des affaires.


Anpil fwa, mwen rankontre moun ki mande mwen, aprè twa (3) lane mwen pase isit nan peyi Dayiti, si mwen kwè li ka chanje tout bon vre osinon si mwen panse pa gen okenn lespwa. Mwen gen anpil lespwa nan yon peyi kote manman yo, malgre tout difikilte, mete barèt nan tèt pitit fi yo pou voye yo lekòl, menm kan yo pap jwenn manje lè yo retounen lakay. Mwen gen anpil espwa nan yon peyi kote pwofesè kontinye ap bay ledikasyon menm kan se apre anpil mizè pou yo jwenn chèk yo. Mwen gen lespwa nan yon peyi, malgre tristès siklòn pote, ap travay pou li rekonstwi.


Epi mwen gen lespwa paske mwen konnen ke pèp ayisyen-an ap travay pou li viv tout bon vre deviz nasyonal li ya ki se: Linyon fè lafòs. E pandan wap mache men nan men nan deviz sila-a, yo mèt kwè ke zanmi yo, menm sa ki byen lwen yo, ap toujou sipòte yo.
Mèsi anpil.

Thank you very much and goodbye.

mercredi 10 juin 2009

Haïti / Salaire journalier minimum à 200 gourdes: Que pourraient faire les acteurs ?

Dans un article antérieur (1), nous avons expliqué comment la microéconomie peut aider à analyser le problème posé par l'imposition d'un salaire minimum. Il s'agissait implicitement d'une augmentation d'une ampleur limitée.

La loi Benoît fera passer, si elle est promulguée, le salaire minimum de 70 à 200 gourdes, soit une augmentation de (130/70) x 100% = 186% : c'est énorme.

Mais une telle augmentation, à notre avis, est plus que nécessaire; elle est plus que justifiée, car les écarts de salaires sont trop grands en Haïti.

Cependant, une augmentation de salaire, quelle qu'elle soit, sera (presque toujours) insuffisante dans le système politique actuel, en Haïti.

La décision du Président René Préval devrait se baser sur les aspects économique, social et politique de la question.

J'écoutais ce matin (10 juin 2009) les nouvelles d'Haïti sur CPAM préparées de mains de maître, comme d'habitude, par notre très cher journaliste Emmanuel Pierre (Pierre Emmanuel pour respecter une vieille habitude). Aux nouvelles donc, ce matin, un membre influent du secteur privé, intervenant sur le dossier, parlait d'une perte d'environ 15 000 emplois dans le secteur de l'industrie d'assemblage, si le salaire minimum passait de 70 gourdes par jour à 200 gourdes par jour.

Nous n'avons pas de données précises sur la question. Nous allons donc faire, en cours de route, des hypothèses très approximatives, incomplètes, mais plausibles.

Supposons que ces 15 000 ouvriers gagnent maintenant 70 gourdes par jour dans l'industrie. La somme de leurs salaires journaliers actuels correspond à:

S1 = 70 gourdes x 15 000 = 1 050 000 gourdes/jour

Supposons que cette somme de 1 050 000 gourdes soit égale au montant nécessaire aux employeurs pour augmenter le salaire journalier des ouvriers non révoqués de sa valeur actuel (w), inférieure à 200 gourdes, à la valeur fixée par la nouvelle loi, soit 200 gourdes/jour.

Pour ne pas révoquer ces 15 000 ouvriers, et, pour leur donner un salaire de 200 gourdes par jour, il faudrait que les employeurs disposent d'une somme additionnelle de:

S2 = 200 gourdes x 15 000 = 3 000 000 gourdes /jour.

Dit autrement, pour respecter la loi Benoît, sans mettre les 15 000 ouvriers au chômage, les employeurs devraient disposer d'une masse salariale (minimum) additionnelle décomposée comme suit: un montant équivalent à S1 pour porter à 200 gourdes le salaire d'un certain nombre de travailleurs (ne faisant pas partie des 15 000 en difficultés), plus, un montant (S2-S1) à ajouter au salaire S1 (actuel) des 15 000 ouvriers en difficultés. Donc:

delta MS = S1 + (S2-S1) = S2 = 3 000 000 gourdes/jour.

Cela représenterait, pour 300 jours de travail par an, un accroissement de la masse salariale de:

Delta MS = 3,00 millions de gourdes/jour x 300 jours/an
Delta MS = 900 000 000 gourdes/an, soit 0,90 milliard de gourdes/an,
ou encore, 75,0 millions de gourdes/mois.

Faisons remarquer, pour se faire une idée des montants en jeu, que le budget (de salaire) de l'État haïtien lui-même est, disons, pour les fins de la discussion, de l'ordre de 40 milliards de gourdes par année. L'accroissement de la masse salariale des ouvriers haïtiens du secteur privé, avec la loi Benoît, représenterait donc un pourcentage du budget (de salaire) national de l'État égal à:

(0,90 milliard / 40 milliards) x 100 % = 2,25 %.

Pour financer ce 0,90 milliard de gourdes par année, il faudrait que les différents secteurs en présence se mettent d'accord sur la façon de procéder, car les employeurs du secteur industriel ne semblent pas pouvoir, à eux seuls, y faire face.

Supposons que les patrons du secteur industriel privé consentent à transférer une partie de leurs profits aux travailleurs de leur secteur. Il s'agira d'établir avec eux le montant de cette nouvelle contribution, après l'analyse minutieuse, avec eux, de leurs documents comptables par l'Exécutif et/ou le Législatif.

Supposons que les patrons du secteur industriel, pour financer une partie de cette somme, arrivent à consentir un transfert de profits correspondant, disons, pour se fixer les idées, à un tiers de la masse salariale additionnelle requise, soit:

TPFSM = (1/3) x 75,0 millions de gourdes/mois= 25,0 millions de gourdes / mois.

Les deux tiers restants pourraient être financés par une nouvelle taxe sur les travailleurs des secteurs privés et publics d'Haïti. Appelons-la «Taxe-pour-financer-le-salaire-minimum», TFSM. Le produit d'une telle taxe correspondrait à:

TFSM = (2/3) x 75,0 millions de gourdes/mois = 50,0 millions de gourdes / mois.

On peut supposer qu'une telle taxe pourrait représenter, disons pour se fixer les idées, environ 2 à 3 pourcents (en moyenne) du salaire des salariés dont le salaire est supérieur à 200 gourdes par jour. On pourrait faire varier ce pourcentage en fonction du niveau de salaire: le taux de taxation serait plus élevé pour les salaires élevés, plus bas pour les salaires moins élevés.

Ainsi, une personne qui gagne 20 000 gourdes (US $ 500,00) par mois actuellement, paierait, au taux de 2 à 3%, 400 à 600 gourdes par mois (10 à 15 dollars US par mois) pour permettre aux 15 000 ouvriers de ne pas perdre leur emploi.

Bien sûr, il faudrait que le Ministère de l'économie et des finances (MEF), aidé de l'IHSI, établisse avec soin les statistiques nécessaires pour déterminer très correctement le pourcentage auquel devrait être fixée cette nouvelle taxe.

Les acteurs devraient s'asseoir pour discuter et trouver ensemble une solution de compromis au problème posé par la loi Benoît et permettre au Président Préval, au Premier ministre Pierre-Louis et au Parlement d'agir rapidement dans le dossier, à la satisfaction des travailleurs à très bas revenu.

« Il est minuit moins cinq ».

Dr. Pierre Montès
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(1)
http://jfjpm-economie.blogspot.com/2009/06/haiti-salaire-minimum-que-dit-la.html
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Lire aussi:
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dernière mise à jour: 10 juin, 2009, 19h50

Haïti / Salaire journalier minimum / Panser les plaies de l’injustice sociale !

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Le premier ministre, Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis au Parlement, le 8 juin 2009
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Source: Le Matin, mercredi 10 juin 2009
Par Jacques Desrosiers

À l’ouverture de la dernière session constitutionnelle de la 48e législature, le lundi 8 juin 2009, le président de l’Assemblée nationale a signalé que l’Exécutif est encore dans le délai pour la promulgation de la proposition de loi portant le salaire minimum à deux cents gourdes, déjà votée au Parlement, ou pour présenter ses objections. Rappelant que les députés étaient partis immédiatement en vacances après le vote de la loi en question, le sénateur Kély C. Bastien a estimé impératif qu’elle soit de nouveau transmise au chef de l’État.
Votée par les deux Chambres, la loi portant le salaire minimum à deux cents gourdes a provoqué pas mal de réactions. Jusqu’à ce mardi, des étudiants de l’Université d’État d’Haïti ont continué de manifester avec casse pour forcer le président René Préval à la promulguer.
De l’avis du sénateur Kély C. Bastien, le vote de cette nouvelle loi sur le salaire minimum renouvelle l’engagement des parlementaires aux principes de justice et d’équité. Le président de l’Assemblée nationale a par ailleurs souligné que cette hausse du salaire minimum n’est pas de nature à satisfaire les problèmes de santé, d’éducation, de logement et d’alimentation des familles haïtiennes. « Néanmoins, elle peut contribuer à améliorer la situation des ménages ».
Le président de l’Assemblée nationale a salué les réactions favorables à la hausse du salaire journalier et condamné tous les actes de violence auxquels a donné lieu sa promulgation retardée. « Ces violences ne vont pas résoudre le problème », a dit le sénateur Kély C. Bastien qui a demandé aux autorités de libérer les étudiants arrêtés au cours des dernières manifestations. Il a appelé tous les secteurs concernés à s’asseoir en vue de trouver des compromis appropriés.
Selon le sénateur Bastien, l’initiative d’augmenter le salaire minimum parmi constitue une des décisions adoptées par le Parlement en vue de panser un certain nombre de plaies sociales. Le président de l’Assemblée nationale a également cité la proposition de loi sur la régulation des frais scolaires, déjà votée au Sénat, et en attente de la sanction de la Chambre des députés.
Dans son plaidoyer en faveur de l’environnement, la Première ministre Michèle Duvivier PierreLouis a appelé tous les secteurs à laisser de côté les querelles stériles et à mettre la mains à la pâte. « Notre pays s’en va, partout les villes sont en danger.
Les travaux que nous entreprenons : routes, profilage de rivières, constructions d’écoles entre autres et les millions de dollars qu’ils coûtent peuvent se retrouver à la mer, emportés par la furie des eaux si rien n’est fait pour arrêter le désastre », a lancé Michèle Duvivier PierreLouis. Côté gouvernemental, elle a informé de la création d’une commission sur l’aménagement du territoire.
La Première ministre a par ailleurs souligné les réalisations de certains ministères et déposé au Bureau de l’Assemblée nationale tout un lot de documents sur l’action gouvernementale. Question pour les parlementaires de se rendre compte eux-mêmes « que contrairement à une idée largement diffusée dans les médias et qui veut laisser croire que le gouvernement ne fait rien », le gouvernement n’est pas inactif. La Première ministre s’est félicitée de la tendance à la baisse de l’inflation qui, de « 20 % en septembre 2008 », est passé « à 1 % au mois de mars 2009 ». La stabilisation du taux de change à quarante gourdes pour un dollar est aussi pour elle un motif de satisfaction sur le plan économique.
Dans le domaine de l’agriculture, la Première ministre a noté les efforts du ministère concerné pour permettre au pays de se remettre des dégâts causés par les dernières intempéries. Michèle Duvivier Pierre-louis a souligné les travaux de réhabilitation et d’aménagement de structures hydro agricoles, la promotion de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture, la fourniture d’outils et d’équipements agricoles et la mise en place d’un système de crédit rural.Des réalisations dans les domaines des infrastructures, de la culture et de la sécurité ont été également soulignées.
Vers l’annulation d’une partie de la dette externe
Une des tâches prioritaires auxquelles les parlementaires doivent s’atteler au cours de cette session est le vote, cette semaine, de la loi sur la passation de marchés. Question de permettre au pays de bénéficier d’une réduction de plus de neuf cent millions de dollars des bailleurs de fonds et de cinquante millions du service du paiement de la dette externe. La Première ministre Michèle Duvivier PierreLouis a réclamé le bénéfice de l’urgence pour ce projet de loi. Le président du Sénat, Kély C. Bastien, a abondé dans le même sens.
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Autres liens:
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lundi 8 juin 2009

Barack Obama: « Un nouveau départ »

Bureau du Porte-parole de la Maison Blanche
(Le Caire, Égypte)
Diffusion immédiate 4 juin 2009
Propos du président Barack Obama
Un nouveau départ
Université Al Azar du Caire
Le Caire, Égypte
4 juin 2009
13h10 (heure locale)

Je vous remercie. Bonjour à tous. C’est pour moi un honneur de me trouver dans cette ville intemporelle qu’est le Caire et d’être reçu par deux institutions remarquables. Depuis plus de mille ans, Al-Azhar est un haut lieu de transmission du savoir dans le monde musulman et, depuis plus d’un siècle, l’université du Caire est une source de progrès pour l’Égypte. Ensemble, vous représentez l’harmonie entre la tradition et le progrès. Je vous suis reconnaissant de votre hospitalité et de celle du peuple égyptien. Je suis fier aussi de vous transmettre la bonne volonté du peuple américain et une salutation de paix de la part des communautés musulmanes de mon pays : «Salamm aleïkoum ». (Applaudissements)

Notre rencontre survient à un moment de grande tension entre les États-Unis et les musulmans du monde entier – tension ancrée dans des forces historiques qui dépassent le cadre des débats actuels de politique générale. Les relations entre l’islam et l’Occident se caractérisent par des siècles de coexistence et de coopération, mais aussi par des conflits et des guerres de religion. Dans un passé relativement plus récent, les tensions ont été nourries par le colonialisme qui a privé beaucoup de musulmans de droits et de chances de réussir, ainsi que par une guerre froide qui s’est trop souvent déroulée par acteurs interposés, dans des pays à majorité musulmane et au mépris de leurs propres aspirations. En outre, les mutations de grande envergure qui sont nées de la modernité et de la mondialisation ont poussé beaucoup de musulmans à voir dans l’Occident un élément hostile aux traditions de l’islam.

Des extrémistes violents ont exploité ces tensions auprès d’une minorité de musulmans, qui pour être réduite n’en est pas moins puissante. Les attentats du 11 septembre 2001, conjugués à la poursuite des actions violentes engagées par ces extrémistes contre des civils, ont amené certains dans mon pays à juger l’islam inévitablement hostile non seulement à l’Amérique et aux pays occidentaux, mais aussi aux droits de l’homme. La peur et la méfiance se sont ainsi accentuées.

Tant que notre relation restera définie par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine et non la paix et qui encouragent le conflit au lieu de la coopération qui peut aider nos deux peuples à connaître la justice et la prospérité. C’est ce cycle de la méfiance et de la discorde qui doit être brisé.

Je suis venu ici au Caire en quête d’un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas et qu’ils n’ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l’Amérique et l’islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain.
Ce faisant, je reconnais que le changement ne se produira pas du jour au lendemain. Il y a eu beaucoup de publicité à propos de mon discours, mais aucun discours ne peut éradiquer des années de méfiance, et dans l’espace de cet après-midi, je n’ai pas la réponse non plus aux questions complexes qui nous ont menés au point où nous sommes maintenant. Mais je suis convaincu que pour aller de l’avant, nous devons dire ouvertement entre nous ce que nous recelons dans notre coeur et que trop souvent nous n’exprimons qu’à huis clos. Nous devons consentir un effort soutenu afin de nous mettre à l’écoute et d’apprendre les uns des autres ; de nous respecter mutuellement et de rechercher un terrain d’entente. Comme le dit le Saint Coran, « Crains Dieu et dis toujours la vérité ». (Applaudissements) C’est ce que je vais essayer de faire aujourd’hui – de dire la vérité de mon mieux, rendu humble par la tâche qui nous attend et ferme dans ma conviction que les intérêts que nous partageons parce que nous sommes des êtres humains sont beaucoup plus puissants que les forces qui nous séparent.

Cette conviction s’enracine en partie dans mon vécu. Je suis chrétien, mais mon père était issu d’une famille kényane qui compte des générations de musulmans. Enfant, j’ai passé plusieurs années en Indonésie où j’ai entendu l’appel à la prière (azan) à l’aube et au crépuscule. Jeune homme, j’ai travaillé dans des quartiers de Chicago où j’ai côtoyé beaucoup de gens qui trouvaient la dignité et la paix dans leur foi musulmane.

Féru d’histoire, je sais aussi la dette que la civilisation doit à l’islam. C’est l’islam – dans des lieux tels qu’Al-Azhar –, qui a brandi le flambeau du savoir pendant de nombreux siècles et ouvert la voie à la Renaissance et au Siècle des Lumières en Europe. C’est de l’innovation au sein des communautés musulmanes (Applaudissements) - c’est de l’innovation au sein des communautés musulmanes que nous viennent l’algèbre, le compas et les outils de navigation, notre maîtrise de l’écriture et de l’imprimerie, notre compréhension des mécanismes de propagation des maladies et des moyens de les guérir. La culture islamique nous a donné la majesté des arcs et l’élan des flèches de pierre vers le ciel, l’immortalité de la poésie et l’inspiration de la musique, l’élégance de la calligraphie et la sérénité des lieux de contemplation. Et tout au long de l’histoire, l’islam a donné la preuve, en mots et en actes, des possibilités de la tolérance religieuse et de l’égalité raciale. (Applaudissements)

Je sais aussi que l’islam a de tout temps fait partie de l’histoire de l’Amérique. C’est le Maroc qui fut le premier pays à reconnaître mon pays. En signant le traité de Tripoli en 1796, notre deuxième président, John Adams, nota ceci : « Les États-Unis n’ont aucun caractère hostile aux lois, à la religion ou la tranquillité des musulmans. »

Depuis notre fondation, les musulmans américains enrichissent les États-Unis. Ils ont combattu dans nos guerres, servi le gouvernement, pris la défense des droits civils, créé des entreprises, enseigné dans nos universités, brillé dans le domaine des sports, remporté des prix Nobel, construit notre plus haut immeuble et allumé le flambeau olympique. Et, récemment, le premier Américain musulman qui a été élu au Congrès a fait le serment de défendre notre Constitution sur le Coran que l’un de nos Pères fondateurs, Thomas Jefferson, conservait dans sa bibliothèque personnelle. (Applaudissements)

J’ai donc connu l’islam sur trois continents avant de venir dans la région où il a été révélé pour la première fois. Cette expérience guide ma conviction que le partenariat entre l’Amérique et l’islam doit se fonder sur ce qu’est l’islam, et non sur ce qu’il n’est pas, et j’estime qu’il est de mon devoir de président des États-Unis de combattre les stéréotypes négatifs de l’islam où qu’ils se manifestent. (Applaudissements)

Or ce même principe doit s’appliquer à la façon dont l’Amérique est perçue par les musulmans. Tout comme les musulmans ne se résument pas à un stéréotype grossier, l’Amérique n’est pas le stéréotype grossier d’un empire qui n’a d’autre intérêt que le sien. Les États-Unis représentent l’une des plus grandes sources de progrès que le monde ait connues. Nous sommes nés d’une révolution contre un empire ; nous sommes fondés sur l’idéal de l’égalité de tous et nous avons versé de notre sang et combattu pendant des siècles pour donner un sens à ces mots – sur notre territoire et à travers le monde. Nous sommes façonnés par chaque culture, issus des quatre coins du monde et acquis à un concept simple: E pluribus unum: « De plusieurs peuples, un seul ».

Eh bien, qu’un Américain d’origine africaine et ayant pour nom Barack Hussein Obama ait pu être élu président a fait couler beaucoup d’encre. (Applaudissements)

Mais mon parcours n’est pas unique. Le rêve des chances de réussir ne s’est pas concrétisé pour tous en Amérique, mais cette promesse demeure pour tous ceux qui débarquent sur nos rivages – y compris les près de sept millions de musulmans américains qui vivent aujourd’hui dans notre pays et dont le revenu et le niveau d’éducation, disons-le, sont supérieurs à la moyenne. (Applaudissements)

En outre, la liberté en Amérique est indissociable de celle de pratiquer sa religion. C’est pour cette raison que chaque État de notre union compte au moins une mosquée et qu’on en dénombre plus de mille deux cents sur notre territoire. C’est pour cette raison que le gouvernement des États-Unis a recours aux tribunaux pour protéger le droit des femmes et des filles à porter le hijab et pour punir ceux qui leur contesteraient ce droit. (Applaudissements)
Le doute n’est pas permis : l’islam fait bel et bien partie de l’Amérique. Et je suis convaincu que l’Amérique contient en elle la proposition vraie qu’indépendamment de notre race, de notre religion ou de notre condition sociale nous aspirons tous à la même chose – vivre dans la paix et la sécurité ; faire des études et travailler dans la dignité ; aimer notre famille, notre communauté et notre Dieu. C’est cela que nous avons en commun. C’est l’espoir de l’humanité tout entière.
Certes, notre tâche commence seulement quand nous avons pris conscience de notre humanité commune. Ce n’est pas par des paroles que nous pouvons répondre aux besoins de nos peuples. Nous ne pourrons les satisfaire qu’à condition d’agir avec audace dans les années à venir et de comprendre que nous nous heurtons à des défis communs et qu’en nous abstenant d’y faire face c’est à nous tous que nous faisons tort.

Car nous en avons fait récemment l’expérience : quand le système financier d’un pays particulier s’affaiblit, la prospérité est mise à mal partout. Quand une nouvelle grippe infecte un seul être humain, nous courons tous un risque. Quand un pays particulier tente de se doter d’une arme nucléaire, le risque d’attaque nucléaire augmente dans toutes les nations. Quand des extrémistes violents sévissent dans une certaine région de montagnes, les populations situées par-delà l’océan sont mises en danger. Et quand des innocents en Bosnie et au Darfour sont massacrés, c’est notre conscience collective qui est souillée. (Applaudissements)

Vivre ensemble dans le monde, voilà ce que cela signifie au vingt et unième siècle. C’est la responsabilité que nous avons les uns envers les autres en tant qu’êtres humains.

C’est une responsabilité difficile à assumer. Car l’histoire de l’humanité est trop souvent le récit de nations et de tribus – et admettons-le, de religions - qui s’asservissent en visant leur propre intérêt. Mais dans cette ère nouvelle, une telle attitude est autodestructrice. Au vu de notre interdépendance, tout ordre mondial qui élève un pays ou un groupe d’individus au détriment d’un autre est inévitablement voué à l’échec. Quelle que soit notre opinion du passé, nous ne devons pas en être prisonniers. Nous devons régler nos problèmes par le biais du partenariat et partager nos progrès. (Applaudissements)

Il ne faut pas en conclure que nous devrions faire sembler d’ignorer les sources de tension. C’est l’inverse qui nous est suggéré : nous devons affronter carrément ces tensions. Dans cet esprit, permettez-moi de m’exprimer aussi clairement et aussi simplement que possible sur certaines questions précises auxquelles nous devons maintenant faire face ensemble.
La première est celle de l’extrémisme violent sous toutes ses formes.
À Ankara, j’ai fait clairement savoir que l’Amérique n’est pas – et ne sera jamais – en guerre contre l’islam. (Applaudissements)

En revanche, nous affronterons inlassablement les extrémistes violents qui font peser une menace grave sur notre sécurité. Parce que nous rejetons ce que rejettent les gens de toutes confessions : le meurtre d’hommes, de femmes et d’enfants innocents. Et il m’incombe d’abord, en tant que président, de protéger le peuple américain.

La situation qui prévaut en Afghanistan illustre les objectifs de l’Amérique et la nécessité de collaborer tous ensemble. Voilà maintenant plus de sept ans, forts d’un large appui de la communauté internationale, les États-Unis ont donné la chasse à al-Qaïda et aux talibans. Nous avons agi de la sorte non par choix, mais par nécessité. Je suis conscient que d’aucuns mettent encore en question ou même justifient les événements du 11 Septembre. Mais soyons clairs : Al-Qaïda a tué près de trois mille personnes ce jour-là. Ses victimes étaient des hommes, des femmes et des enfants innocents, venus d’Amérique et de beaucoup d’autres pays, et qui n’avaient rien fait à personne. Mais al-Qaïda a choisi de les tuer sans merci, de revendiquer les attentats et il réaffirme aujourd’hui encore sa détermination à commettre d’autres meurtres à une échelle massive. Ce réseau a des membres dans de nombreux pays et il essaie d’élargir son rayon d’action. Il ne s’agit pas là d’opinions à débattre – ce sont des faits à combattre.
Eh bien, ne vous y trompez pas : nous ne voulons pas laisser nos soldats en Afghanistan. Nous ne cherchons pas - nous ne cherchons pas à y établir des bases militaires. Il nous est douloureux pour l’Amérique de perdre ses jeunes gens et ses jeunes femmes. La poursuite de ce conflit s’avère coûteuse et politiquement difficile. Nous ne demanderions pas mieux que de rapatrier tous nos soldats, jusqu’au dernier, si nous avions l’assurance que l’Afghanistan et maintenant le Pakistan n’abritaient pas d’éléments extrémistes déterminés à tuer le plus grand nombre possible d’Américains. Mais ce n’est pas encore le cas.

C’est pourquoi nous oeuvrons en partenariat avec une coalition de 46 pays. Malgré les couts en cause, la volonté de l’Amérique ne va pas fléchir. Assurément, aucun d’entre nous ne doit tolérer ces éléments extrémistes. Ils ont fait des morts dans beaucoup de pays. Ils ont tué des gens de toutes religions – et surtout des musulmans. Leurs actions sont irréconciliables avec les droits de l’homme, le progrès des nations et l’islam. Le Saint Coran nous enseigne que quiconque tue un innocent tue l’humanité tout entière, (Applaudissements) et que quiconque sauve quelqu’un, sauve l’humanité tout entière. (Applaudissements) La foi enracinée de plus d’un milliard d’habitants de la planète est tellement plus vaste que la haine étroite de quelques-uns. Quand il s’agit de combattre l’extrémisme violent, l’islam ne fait pas partie du problème – il constitue une partie importante de la marche vers la paix.

Nous savons en outre que la puissance militaire ne va pas à elle seule résoudre les problèmes qui se posent en Afghanistan et au Pakistan. C’est pour cette raison que nous comptons investir 1,5 milliard de dollars par an, au cours des cinq prochaines années, dans la construction d’écoles et d’hôpitaux, de routes et d’entreprises, en partenariat avec les Pakistanais, ainsi que des centaines de millions de dollars pour venir en aide aux personnes déplacées. C’est pour cette raison encore que nous fournissons plus de 2,8 milliards de dollars aux Afghans afin de les aider à développer leur économie et à prodiguer les services dont la population a besoin.

Je voudrais aussi aborder le dossier de l’Irak. Contrairement à la guerre en Afghanistan, la guerre en Irak est le résultat d’un choix, lequel a provoqué des différences marquées dans mon pays et à travers le monde. Tout en étant convaincu que le peuple irakien a gagné au bout du compte à être libéré de la tyrannie de Saddam Hussein, je crois aussi que les événements en Irak ont rappelé à l’Amérique la nécessité de recourir à la diplomatie et de construire un consensus international pour résoudre ses problèmes à chaque fois que c’est possible. (Applaudissements) De fait, nous avons en mémoire les propos de Thomas Jefferson, qui disait ceci : « J’espère que notre sagesse grandira avec notre puissance et qu’elle nous enseignera que moins nous utiliserons cette dernière, plus elle fera de l’effet. »

Aujourd’hui, l’Amérique possède une double responsabilité : aider l’Irak à se forger un avenir meilleur et laisser l’Irak aux Irakiens. J’ai fait clairement savoir au peuple irakien (Applaudissements) que nous ne cherchons nullement à établir des bases en Irak ni à revendiquer son territoire ou ses ressources. La souveraineté de l’Irak appartient à l’Irak. C’est pour cette raison que j’ai ordonné le retrait de nos brigades de combat d’ici au mois d’août de l’année prochaine. C’est pour cette raison que nous allons honorer l’accord que nous avons conclu avec le gouvernement irakien, élu démocratiquement, concernant le retrait de nos troupes de combat des villes irakiennes d’ici au mois de juillet et de toutes nos troupes du territoire irakien d’ici à 2012. (Applaudissements) Nous aiderons l’Irak à former ses forces de sécurité et à développer son économie. Mais c’est en tant que partenaires, et jamais en tant que protecteurs, que nous apporterons notre appui à un Irak sécurisé et uni.

Enfin, tout comme l’Amérique ne tolérera jamais la violence des extrémistes, elle ne doit jamais altérer ni oublier ses principes. Les événements du 11 Septembre ont infligé un traumatisme considérable à notre pays. La peur et la colère qu’ils ont provoquées sont compréhensibles, mais dans certains cas ces sentiments nous ont conduits à agir de manière contraire à nos traditions et à nos idéaux. Nous prenons maintenant des mesures concrètes pour rectifier cette situation. J’ai interdit sans équivoque l’usage de la torture par les États-Unis et j’ai ordonné la fermeture de la prison à Guantanamo Bay d’ici au début de l’année prochaine. (Applaudissements)

L’Amérique va donc se défendre, dans le respect de la souveraineté des nations et de la primauté du droit. Et nous agirons en ce sens en partenariat avec les communautés musulmanes qui sont elles aussi menacées. Plus vite les extrémistes seront isolés et malvenus dans les communautés musulmanes, plus vite nous connaîtrons tous une sécurité accrue.
La deuxième grande source de tension que nous devons aborder concerne la situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe.

Les liens solides qui unissent l’Amérique à Israël sont bien connus. Cette relation est immuable. Elle se fonde sur des liens culturels et historiques et sur la reconnaissance du fait que l’aspiration à un territoire juif est ancré dans un passé tragique indéniable.

À travers le monde, le peuple juif a été persécuté pendant des siècles et l’antisémitisme en Europe a atteint son paroxysme avec un holocauste sans précédent. Demain, je me rendrai à Buchenwald, qui faisait partie d’un réseau de camps où des Juifs étaient réduits à l’esclavage, torturés, abattus et envoyés aux chambres à gaz par le Troisième Reich.

Six millions de Juifs ont été tués – soit un nombre supérieur à celui de toute la population juive d’Israël aujourd’hui. Il est injustifié, ignorant et odieux de nier ce fait. Il est profondément injuste de menacer Israël de destruction, ou répéter de vils stéréotypes sur les Juifs et cela ne sert qu’à évoquer dans l’esprit des Israéliens cette page la plus douloureuse de leur passé et à empêcher de prendre racine la paix à laquelle ont droit les habitants de cette région.

Ceci dit, il est également indéniable que le peuple palestinien, qui regroupe des musulmans et des chrétiens, a souffert en quête d’un territoire. Depuis plus de soixante ans, il connaît la douleur de la dislocation. Beaucoup attendent dans des camps de réfugiés en Cisjordanie, à Gaza et dans des terres voisines de connaître une vie de paix et de sécurité à laquelle ils n’ont jamais eu le droit de goûter. Ils subissent au quotidien les humiliations – grandes et petites – qui accompagnent l’occupation. Il n’est pas permis d’en douter : la situation du peuple palestinien est intolérable. L’Amérique ne tournera pas le dos à l’aspiration légitime du peuple palestinien à la dignité, aux chances de réussir et à un État à lui. (Applaudissements)

Depuis des dizaines d’années, une impasse persiste : deux peuples aux aspirations légitimes, chacun marqué par un passé douloureux qui rend un compromis insaisissable. Il est aisé de pointer un doigt accusateur : les Palestiniens peuvent attirer l’attention sur la dislocation consécutive à la fondation d’Israël, et les Israéliens peuvent dénoncer l’hostilité et les attaques dont le pays a de tout temps fait l’objet à l’intérieur même de ses frontières et par-delà. Mais si nous examinons ce conflit à travers le prisme de l’une ou de l’autre partie, nos oeillères nous cacheront la vérité : la seule résolution consiste à répondre aux aspirations des uns et des autres en créant deux États, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun dans la paix et la sécurité. C’est dans l’intérêt d’Israël, dans l’intérêt de la Palestine, dans l’intérêt de l’Amérique, dans l’intérêt du monde. C’est pourquoi je compte personnellement poursuivre un tel aboutissement avec toute la patience et le dévouement qu’exige cette tâche. (Applaudissements) Les obligations qu’ont acceptées les parties en vertu de la Feuille de route sont claires. Pour que règne la paix, il est temps que les parties – et que nous tous –se montrent à la hauteur de leurs responsabilités.
Les Palestiniens doivent renoncer à la violence. La résistance sous forme de violence et de massacre n’aboutira pas. Les Noirs en Amérique ont souffert du fouet quand ils étaient esclaves et de l’humiliation de la ségrégation. Mais ce ne fut pas la violence qui leur a finalement permis d’obtenir l’égalité des droits dans son intégrité. Ce fut la persévérance ferme et pacifique pour les idéaux au coeur même de la création de l’Amérique. Cette même histoire peut être racontée par des peuples de l’Afrique du sud à l’Asie du sud ; de l’Europe de l’est à l’Indonésie. C’est une histoire avec une simple vérité : la violence ne mène nulle part. Lancer des roquettes contre des enfants israéliens endormis ou tuer des vieilles femmes dans un autobus, n’est pas un signe de courage ni de force. Ce n’est pas de cette manière que l’on revendique l’autorité morale ; c’est ainsi qu’on l’abdique.

Le moment est maintenant venu pour les Palestiniens de se concentrer sur ce qu’ils peuvent bâtir. L’Autorité palestinienne doit développer ses capacités de gouverner avec des institutions qui répondent aux besoins de son peuple. Hamas jouit du soutien de certains Palestiniens, mais il doit aussi reconnaitre ses responsabilités. Il doit jouer un rôle pour réaliser les aspirations des Palestiniens et unir le peuple palestinien. Hamas doit mettre fin à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit à l’existence d’Israël.

En même temps, Israël doit reconnaître que tout comme le droit à l’existence d’Israël ne peut être nié, il en est de même pour la Palestine. Les États-Unis n’acceptent pas la légitimité de la continuation des colonies israéliennes. (Applaudissements) Ces constructions constituent une violation des accords passés et portent préjudice aux efforts de paix. Le moment est venu pour que ces colonies cessent. (Applaudissements)

Israël doit aussi honorer ses obligations et assurer que les Palestiniens puissent vivre, travailler et développer leur société. Tout comme elle ravage les familles palestiniennes, la continuation de la crise humanitaire à Gaza ne sert pas à promouvoir la sécurité d’Israël, l’absence persistante de chances de réussite en Cisjordanie non plus. Des améliorations dans la vie de tous les jours du peuple palestinien doivent constituer une partie cruciale de la feuille de route pour la paix.
Enfin, les États arabes doivent reconnaître que l’initiative arabe de paix a été un début important, mais non la fin de leurs responsabilités. Le conflit israélo-arabe ne devrait plus être utilisé pour distraire les populations des États arabes des autres problèmes. Il doit au contraire servir de raison pour aider les populations palestiniennes à développer les institutions qui permettront d’asseoir leur État ; à reconnaître la légitimité d’Israël ; et à opter pour le progrès au lieu de se polariser de manière autodestructive sur le passé.

L’Amérique alignera ses politiques avec ceux qui veulent la paix. Nous dirons en public ce que nous dirons en privé aux Israéliens, aux Palestiniens et aux Arabes. (Applaudissements) Nous ne pouvons pas imposer la paix. Mais en privé, de nombreux Musulmans reconnaissent qu’Israël ne disparaitra pas ; de même, de nombreux Israéliens reconnaissent la nécessité d’un État palestinien. Le moment est venu de prendre une initiative, sur ce que tous savent être vrai.
Trop de larmes ont coulé. Trop de sang a été versé. Nous avons tous la responsabilité d’oeuvrer pour le jour où les mères d’Israéliens et de Palestiniens pourront voir leurs enfants grandir sans peur ; où la terre sainte de trois grandes religions sera ce lieu de paix que Dieu avait voulu ; où Jérusalem sera un lieu de résidence sur et permanent pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans et un lieu où tous les enfants d’Abraham pourront se côtoyer dans la paix comme dans l’histoire d’Israh, (Applaudissements), - comme dans l’histoire d’Israh, de Moïse, de Jésus et de Mohammed (que la paix soit avec eux) unis dans la prière. (Applaudissements)

La troisième source de tension est nos intérêts en commun à l’égard des droits et des responsabilités des États concernant les armes nucléaires.

Cette question a constitué une source de tension entre les États-Unis et la République islamique d’Iran. Pendant de nombreuses années, l’Iran s’est défini en partie par son opposition à mon pays et il existe en effet un passé tumultueux entre nos deux pays. En pleine Guerre froide, les États-Unis ont joué un rôle dans le renversement d’un gouvernement iranien démocratiquement élu. Depuis la révolution islamique, l’Iran a joué un rôle dans la prise d’otages et dans des actes de violence à l’encontre des troupes et des civils américains. Cette histoire est bien connue. Plutôt que de rester emprisonné par le passé, j’ai dit clairement au peuple et aux dirigeants iraniens que mon pays est prêt à aller de l’avant. La question qui se pose maintenant n’est pas de savoir à quoi l’Iran s’oppose, mais plutôt quel est l’avenir qu’il souhaite bâtir.

Je comprends qu’il sera difficile de surmonter des décennies de méfiance, mais nous allons procéder avec courage, rectitude et fermeté. Il y aura de nombreux problèmes à examiner entre nos deux pays et nous sommes disposés à aller de l’avant sans conditions préalables, sur la base d’un respect mutuel. Mais il est clair pour tous ceux préoccupés par les armes nucléaires que nous sommes arrivés à un tournant décisif. Ce n’est pas simplement dans l’intérêt des États-Unis, c’est pour empêcher une course aux armes nucléaires susceptible d’entraîner cette région sur une voie extrêmement dangereuse.

Je comprends ceux qui protestent contre le fait que certains pays possèdent des armes que d’autres ne possèdent pas. Aucun État ne devrait décider et choisir qui sont les pays à avoir des armes nucléaires. C’est pourquoi je réaffirme fermement l’engagement de l’Amérique à vouloir un monde dans lequel aucun pays ne possède d’armes nucléaires. (Applaudissements) Et chaque pays, y compris l’Iran, devrait avoir le droit d’avoir accès à l’énergie nucléaire pacifique s’il respecte ses engagements dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire. Cet engagement est au coeur du Traité et il doit être pris par tous ceux qui y souscrivent pleinement. J’espère que tous les pays de la région pourront partager cet objectif.

Le quatrième point je vais aborder est la démocratie. (Applaudissements)

Je sais – je sais qu’il y a eu une polémique, au cours des récentes années, au sujet de la promotion de la démocratie et qu’une grande partie de cette controverse est liée à la guerre en Irak. Par conséquent, permettez-moi de le dire clairement : aucun système de gouvernement ne peut ou ne devrait être imposé par un pays à un autre.

Toutefois, cela ne diminue pas mon engagement à l’égard des gouvernements qui reflètent la volonté du peuple. Chaque nation donne naissance à ce principe de sa propre manière, en fonction des traditions de son propre peuple. L’Amérique ne prétend pas savoir ce qui est le mieux pour tout et chacun, tout comme nous ne voudrions pas prétendre décider des résultats d’une élection pacifique. Mais j’ai la ferme conviction que tous les peuples aspirent à certaines choses : la possibilité de s’exprimer et d’avoir une voix dans la façon dont ils sont gouvernés ; la confiance en l’État de droit et l’application équitable de la justice ; un gouvernement qui est transparent et qui ne vole pas ce qui appartient à son peuple ; la liberté de vivre selon leur choix. Il ne s’agit pas simplement d’idéaux américains, il s’agit des droits de l’homme et c’est pourquoi nous les encouragerons dans le monde entier. (Applaudissements)

C’est vrai, il n’y a pas de route directe pour honorer cette promesse. Mais une chose est claire, les gouvernements qui défendent ces droits sont à terme plus stables, meilleurs et plus en sécurité. La suppression des idées ne réussit jamais à les éliminer. L’Amérique respecte la liberté d’expression de tous ceux, dans le monde entier, qui sont pacifiques et respectueux de la loi, même si nous ne sommes pas d’accord avec eux. Nous accueillerons tous les gouvernements élus pacifiques – à condition qu’ils gouvernent en respectant toutes leurs populations.

Ce point est important car il y a ceux qui encouragent la démocratie uniquement lorsqu’ils ne sont pas au pouvoir ; et une fois au pouvoir ils sont sans scrupules dans la suppression des droits d’autrui. (Applaudissements) Quel que soit là où il prend forme, le gouvernement du peuple et par le peuple est le seul étalon par lequel on mesure tous ceux qui sont au pouvoir : il faut conserver le pouvoir par le consentement du peuple et non la coercition ; il faut respecter les droits des minorités et participer, dans un esprit de tolérance et de compromis ; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. Sans ces ingrédients, les élections ne créent pas une vraie démocratie à elles seules.

Un membre du public : Barack Obama, on vous aime !

Président Obama : Je vous remercie. (Applaudissements)
Le cinquième point que nous allons aborder ensemble est celui de la liberté de religion.

L’Islam a une tradition de tolérance dont il est fier. Nous le constatons dans l’histoire de l’Andalousie et de Cordoue pendant l’Inquisition. Je l’ai constaté de première main pendant mon enfance en Indonésie, où des Chrétiens dévots pratiquaient ouvertement leur religion dans un pays à prépondérance musulmane. C’est cet esprit qu’il nous faut aujourd’hui. Les habitants de tous les pays doivent être libres de choisir et de vivre leur religion d’après leur conviction d’esprit, de coeur et d’âme. Cette tolérance est essentielle pour que la religion puisse s’épanouir, or elle est assaillie de plusieurs façons différentes.

Parmi certains musulmans, on constate que certains ont malheureusement tendance à mesurer leur propre croyance à l’aune du rejet des croyances d’autrui. Il faut soutenir la richesse de la diversité religieuse, que ce soit pour les Maronites au Liban ou les Coptes en Égypte . (Applaudissements) Et pour être francs, il faut aussi mettre fin aux divergences entre les musulmans, car les divisions entre les sunnites et les chiites ont provoqué des violences tragiques, tout particulièrement en Irak.

La liberté de religion joue un rôle crucial pour permettre aux gens de vivre en harmonie. Nous devons toujours examiner les façons dont nous la protégeons. Aux États-Unis, par exemple, les musulmans ont plus de mal à s’acquitter de l’obligation religieuse de la zakat étant donné les règles relatives aux dons de bienfaisance. C’est pour cette raison que je suis résolu à oeuvrer avec les musulmans américains pour leur permettre de s’acquitter de la zakat.

De même, il importe que les pays occidentaux évitent d’empêcher les musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, par exemple, en dictant ce qu’une musulmane devrait porter. En un mot, nous ne pouvons pas déguiser l’hostilité envers la religion sous couvert de libéralisme.

De fait, la foi devrait nous unir. C’est pour cette raison que nous sommes en train de créer de nouveaux programmes de service communautaire en Amérique qui réunissent des chrétiens, des musulmans et des juifs. C’est également pour cette raison que nous nous réjouissons des initiatives telles que le dialogue interreligieux du roi Abdallah d’Arabie Saoudite et le leadership de la Turquie dans l’Alliance des civilisations. À travers le monde, nous pouvons transformer le dialogue en un service interreligieux de sorte que les ponts entre les êtres humains mènent à des actions en faveur de notre humanité commune, que ce soit pour lutter contre le paludisme en Afrique ou pour fournir des secours après une catastrophe naturelle.

La sixième question – la sixième question dont je veux parler porte sur les droits des femmes.
(Applaudissements)
Je sais – je sais, et vous pouvez le voir d’après ce public - que cette question suscite un sain débat. Je rejette l’opinion de certains selon laquelle une femme qui choisit de se couvrir la tête est d’une façon ou d’une autre moins égale, mais j’ai la conviction qu’une femme que l’on prive d’éducation est privée d’égalité. (Applaudissements) Et ce n’est pas une coïncidence si les pays dans lesquels les femmes reçoivent une bonne éducation connaissent bien plus probablement la prospérité.

Je tiens à préciser une chose : les questions relatives à l’égalité des femmes ne sont absolument pas un sujet qui concerne uniquement l’Islam. En Turquie, au Pakistan, au Bangladesh et en Indonésie, nous avons vu des pays à majorité musulmane élire une femme à leur tête, tandis que la lutte pour l’égalité des femmes continue dans beaucoup d’aspects de la vie américaine, et dans les pays du monde entier.

Je suis convaincu que nos filles peuvent offrir une contribution à la société tout aussi importante que nos fils (Applaudissements) et que notre prospérité commune sera favorisée si nous utilisons les talents de toute l’humanité, hommes et femmes. Je ne crois pas que les femmes doivent faire les mêmes choix que les hommes pour assurer leur égalité, et je respecte celles qui choisissent de suivre un rôle traditionnel. Mais cela devrait être leur choix. C’est pour cela que les États-Unis oeuvreront en partenariat avec tout pays à majorité musulmane pour améliorer l’alphabétisation des filles. Nous aiderons aussi les jeunes femmes à faire la transition de l’école au monde du travail par l’intermédiaire du microfinancement qui permet aux gens de réaliser leurs rêves. (Applaudissements)

Finalement, je veux parler de notre intérêt commun à favoriser le développement et les opportunités économiques.

Je sais que pour beaucoup, la mondialisation présente des aspects contradictoires. Internet et la télévision peuvent transmettre dans les foyers des connaissances et des informations, mais également une sexualité vulgaire et une violence gratuite. Le commerce peut s’accompagner de nouvelles richesses et opportunités, mais aussi de grands bouleversements et de changements au niveau communautaire. Dans tous les pays, y compris en Amérique, ce changement provoque la peur. La peur que la modernité signifie la perte du contrôle de nos choix économiques, de nos décisions politiques et, il s’agit d’un élément encore plus important, de notre identité, c’est-à-dire des choses qui nous attachent à notre communauté, notre famille et notre foi.

Mais je sais aussi qu’on ne peut pas empêcher le progrès humain. Le développement et la tradition ne sont pas nécessairement contradictoires. Des pays comme le Japon et la Corée du Sud ont connu une prodigieuse croissance économique tout en conservant leur culture distincte. Il en va de même pour les progrès remarquables au sein de pays à majorité musulmane, de Kuala Lumpur à Dubaï. Par le passé et de nos jours, les communautés musulmanes ont été à la pointe de l’innovation et de l’éducation.

Ceci est important car aucune stratégie de développement ne peut se fonder uniquement sur ce que produit la terre et elle ne peut être durable si les jeunes n’ont pas de travail. De nombreux pays du Golfe se sont énormément enrichis grâce au pétrole et certains commencent à concentrer leurs ressources sur le développement plus large. Mais nous devons tous garder à l’esprit que l’éducation et l’innovation seront la monnaie d’échange du 21e siècle. (Applaudissements) Dans trop de communautés musulmanes, le sous-investissement en ces domaines persiste. J’attire l’attention sur cette réalité dans mon propre pays. Et à la différence du passé pendant lequel l’Amérique se concentrait sur le pétrole et le gaz, s’agissant de cette partie du monde, nous chercherons désormais à agir dans des domaines plus variés.

Dans le domaine de l’éducation, nous allons élargir les programmes d’échange et augmenter les bourses, comme celle qui a permis à mon père de venir en Amérique, (Applaudissements) tout en encourageant davantage d’Américains à étudier dans des communautés musulmanes. Nous offrirons à des étudiants musulmans prometteurs des stages aux États-Unis ; nous investirons dans l’enseignement en ligne destiné aux enseignants et aux enfants à travers le monde ; et nous créerons un nouveau réseau informatique qui permettra à un jeune du Kansas de communiquer instantanément avec un jeune du Caire.

Dans le domaine du développement économique, nous créerons un nouveau corps de volontaires des milieux d’affaires qui formeront des partenariats avec des homologues de pays à majorité musulmane. Je vais aussi accueillir un Sommet sur l’entrepreneuriat cette année pour trouver les moyens d’approfondir les liens entre les leaders du monde des affaires, les fondations et les entrepreneurs sociaux des États-Unis et des communautés musulmanes à travers le monde.
Dans le domaine des sciences et des technologies, nous établirons un nouveau fonds pour appuyer le développement technologique dans les pays à majorité musulmane et pour
aider à concrétiser commercialement des idées pour qu’elles créent des emplois. Nous ouvrirons des centres d’excellence scientifiques en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, et nous nommerons de nouveaux émissaires pour les sciences chargés de collaborer à des programmes qui mettront au point de nouvelles sources d’énergie, créeront des emplois verts, numériseront les registres et archives, purifieront l’eau et produiront de nouvelles cultures. Dans le domaine de la santé au niveau mondial, j’annonce aujourd’hui une nouvelle initiative avec l’Organisation de la conférence islamique pour éradiquer la polio et nous intensifierons nos partenariats avec des communautés musulmanes pour améliorer la santé maternelle et infantile.
Tout cela doit être accompli en partenariat. Les Américains sont prêts à se joindre aux citoyens et gouvernements, aux organisations communautaires, aux dirigeants religieux et aux entreprises dans les communautés musulmanes du monde entier afin d’aider nos populations à améliorer leur vie.

Il ne sera pas facile de régler les questions dont je viens de parler. Mais nous avons la responsabilité de nous unir pour réaliser le monde auquel nous aspirons, un monde où les extrémistes ne menacent plus notre pays et où les soldats américains sont rentrés chez eux, un monde où les Palestiniens et les Israéliens vivent chacun en sécurité dans un État qui leur est propre et où l’énergie nucléaire est utilisée à des fins pacifiques, un monde où les gouvernements servent les intérêts de leurs citoyens et où les droits de tous les enfants de Dieu sont respectés. Tel est le monde auquel nous aspirons et nous n’y parviendrons qu’ensemble.

Je sais qu’un grand nombre de gens – musulmans et non musulmans – se demandent si nous arriverons vraiment à prendre ce nouveau départ. Certains veulent attiser les flammes de la division et entraver le progrès. Certains suggèrent que ça ne vaut pas la peine ; ils avancent qu’il y aura fatalement des désaccords et que les civilisations finissent toujours par s’affronter. Beaucoup plus ont tout simplement des doutes. Il y a tellement de peur, tellement de méfiance qui se sont accumulées avec les ans. Mais si nous choisissons de nous laisser enchaîner par le passé, nous n’irons jamais de l’avant. Je veux particulièrement le déclarer aux jeunes de toutes les fois et de tous les pays, plus que quiconque, vous avez la possibilité de ré-imaginer le monde, de refaire le monde.

Nous partageons tous cette planète pendant un court instant. À nous de décider si nous passons ce temps à nous concentrer sur ce qui nous sépare ou si nous nous engageons à faire ce qu’il faut – de façon soutenue – pour trouver un terrain d’entente, pour nous concentrer sur l’avenir que nous désirons pour nos enfants, et pour respecter la dignité de tous les êtres humains.

Tout ceci n’est pas simple. Il est plus facile de se lancer dans une guerre que de faire la paix. Il est plus facile de blamer autrui que de s’examiner soi-même ; il est plus facile de voir ce qui nous distingue, plutôt que ce que nous avons en commun. Mais il faut choisir le bon chemin, et non le plus facile. Il y a une règle essentielle qui sous-tend toutes les religions : celle de traiter les autres comme nous aimerions être traités. Cette vérité transcende les nations et les peuples. C’est une croyance qui n’est pas nouvelle, qui n’est ni noire ni blanche ni basanée, qui n’est ni chrétienne ni musulmane ni juive. C’est une foi qui a animé le berceau de la civilisation et qui bat encore dans le coeur de milliards d’êtres humains. C’est la foi dans autrui et c’est ce qui m’a mené ici aujourd’hui.

Nous avons le pouvoir de construire le monde auquel nous aspirons, mais seulement si nous avons le courage de prendre un nouveau départ, en gardant à l’esprit ce qui a été écrit.
Le Saint Coran nous dit: ‘Ô hommes! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez."
Le Talmud nous dit : « Toute la Torah a pour objectif de promouvoir la paix. »
La Bible nous dit : « Bienheureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu. »
Les habitants du monde peuvent cohabiter en paix. Nous savons que telle est la vision de Dieu. C’est maintenant notre tâche sur cette Terre. Je vous remercie et que la paix de Dieu soit avec vous. Je vous remercie. Je vous remercie. (Applaudissements)
FIN 14h05 (heure locale)