mardi 31 mars 2009

LA PORTE ETROITE

Par Jean-Claude Bajeux
Centre Œcuménique des Droits Humains
29 mars 2009

Au bout de vingt-deux ans, la Constitution de 1987 émerge toujours comme un point de référence pour la construction d’un état de droit, comme le chemin obligatoire pour un peuple en mal de démocratie. Elle survit parmi les soupirs, les cris et les angoisses d’un peuple livré au désordre des choses, aux appétits toujours renaissants des profiteurs, et à une situation de violence viscérale dans un climat de destruction et des relents acides de sang.
La Constitution de 1987 est-elle responsable de ce jeu de chaises musicales de gouvernements improvisés, cette débâcle d’un pays où toutes les initiatives semblent incapables d’établir l’ordre de la loi, les séquences du savoir, l’accès de tous au travail et à la sécurité, sans parler de la simple propreté des rues et des marchés ? Malgré le oui quasi unanime (1,268,980) des votants, cette Constitution n’a cessé de rencontrer, dans la pratique, des critiques acerbes : ce serait elle, par exemple, la responsable de l’instabilité.
Dès le départ, l’institution du CEP (Conseil électoral) a été la cible de gouvernement militaire (CNG). Il fallut des semaines de manifestations, avec ses blessés et ses morts pour que les militaires redonnent à cet organisme le rôle prévu pour l’organisation des élections («la seule autorité en matière électorale »).Cette concession ne fut qu’apparente. Des morts, ciblées, se succédèrent dont l’avocat Lafontant Joseph et Yves Volel. Ce dernier tenait entre ses mains la Constitution et sa toge d’avocat quand il reçut deux balles à bout portant devant le département de la police.
La première élection sous l’égide du CEP et de la Constitution, le dimanche 28 novembre 1987 avorta sous les coups de feu des militaires et les machettes des assassins à ruban rouge. A Port-au-Prince, la cible principale fut l’école Argentine Bellegarde, à l’impasse Vaillant, au haut de Lalue, où sont morts 24 votants (dont un couple revenu de diaspora spécialement pour voter), des membres du bureau de vote et 1 journaliste étranger. A travers le pays, l’armée «fit son devoir ». Il y eut plus cent morts et blessés. Les responsables de cette triste épopée ne furent jamais poursuivis. Les noms des victimes n’ont jamais été réunis. Hans Christoph Buch, globe-trotter infatigable, a publié un livre qui rassemble pour la postérité ses reportages sur des massacres qui ont marqué l’actualité mondiale de ces dernières années. On peut donc trouver dans « Archipel de la douleur » le récit de ce « Dimanche sanglant. Anatomie d’un massacre ».
Ce ne sont pas seulement les militaires qui s’opposaient à l’idée d’une institution indépendante souveraine en matière électorale. Ils avaient été rompus à l’idée que les militaires nomment les présidents et qu’il ne fallait jamais donner raison à un civil contre un militaire. D’autre part, alors que bien des pays d’Amérique Latine avaient développé un « Droit Électoral » et abouti à des Institutions indépendante et autonomes, les juristes haïtiens, jacobins, napoléoniens, acceptaient mal cette innovation juridique comme aussi la création d’un poste de Premier Ministre.
De gouvernement transitoire en gouvernement transitoire, de compromis à compromis, les règles, les procédures, les institutions prévues par la Constitution de 1987 ont été contournées. Le blocage de la justice continue. Il y eut pourtant un moment, l’élection du Père Aristide, le 18 décembre 1990, qui semblait marquer, enfin, l’étape de l’entrée en démocratie. Ce ne fut pas le cas, malheureusement, à la fois par une résistance sourde à l’idée même de démocratie et aussi, on le sait, parce que ce n’était pas le souci dominant de ces nouveaux responsables politiques.
D’où cette dérive vers une troisième dictature, l’attraction vers un pouvoir absolu, cette tragédie vécue par Dessalines et Christophe, et tant d’autres jusqu'à la pathologie exorbitante de Duvalier. Mais cette fois, ce fut une navigation, dans un style fantaisiste, dans une ambiance d’anarchie généralisée et, en fin de compte, dans une impuissance totale à balayer notre pas de porte. L’exode du peuple haïtien, prenant parfois l’allure d’un sauve-qui-peut a continué, continue et continuera, nous privant d’une masse de savoir-faire et de talents. Les bonnes intentions sont isolées et paralysées. L’espoir et la volonté de sortir de ce marécage, de cette histoire quotidienne, marquée de paralysie et fragmentée de deuils et de catastrophes ne se concrétisent pas. Tous les problèmes ont été dix fois analysés. Toutes les solutions ont été vingt fois proposées. Que peut faire encore la parole ? Le silence serait-il sagesse ? Qui sera à la hauteur de cette crise historique ?
Pourtant la Constitution du 29 mars 1987, avec parfois son langage imprécis, avec ses antinomies, avec le projet de certaines composantes administratives impraticables, continue cependant à nous tracer le chemin à suivre, le chemin des libertés, le chemin de l’Etat de droit, le chemin du développement. Il n’y en a pas d’autre. Pénétrer en démocratie. Appliquer une justice intégrale. Ouvrir le pays aux courants de modernité. Sortir de la solitude misérabiliste. Balayer la maison. Nettoyer la ville de ses fatras. Emmener nos enfants à l’école. Leur apprendre à chanter et à danser. Admirer le coucher de soleil sur la Gonâve. Vivre en paix. Participer à la création du futur. S’insérer dans la Caraïbe. Ouvrir les bras au monde. Réconcilier la terre et l’eau.
Mais cette porte que nous offre la Constitution de 1987 est une porte étroite. Pour passer cette porte, nous aurons à faire des choix, apprendre la séquence des désirs possibles, abandonner le vertige maléfique du pouvoir personnel. Au contraire, il s’agit de cerner la vie par des jalons qui indiquent les normes. Après ces 22 années dominées par l‘apparition en plein jour de tous les démons, la hantise de l’assiette au beurre et de la chasse des dissidents à coups de fusil, après ces vagues de destructions, des petits jeux des grands malins, ces années vécues sans plans pour le futur, sans calendrier et comme toujours sans comptabilité, où le pouvoir instaurait son théâtre et se trouvait envahi par la farce, une farce qui nous coûte cher, très cher, une farce mortelle, à tous les niveaux de la vie sociale et politique.
C’est par cette porte étroite qu’il faut entrer et suivre, sans tricher, les cheminements, les procédures, les obligations contenues dans la Constitution du 29 mars 1987 pour la réviser, dénouer le nœud de ses contradictions, raffermir et préciser son langage. Cela demande, comme on le sait, une suite d’opérations minutieuses et coûteuses : une élection sénatoriale dans 15 jours, la présentation des changements à effectuer le deuxième lundi de juin, de nouveau des élections en novembre, députés et sénateurs pour le rendez-vous du premier lundi de janvier 2010 afin de voter les articles remis à neuf.
Les bénéfices à tirer de ces exercices d’obéissance à la Constitution seront immenses. Car il est temps de travailler à consolider les choses au lieu de les aider à disparaitre. L’entrée en démocratie est à ce prix. Tout doit être fait pour que tout se fasse dans la conscience de notre responsabilité historique au delà de nos petites et grandes querelles de famille.
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NDCDP-Politique.-
Le texte ci-dessus est reçu du Professeur Adrien Bance.
Référence biblique: Matthieu, 7, 13-14
Les deux portes:
"13-Entrez par la porte étroite. Large est la porte, spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et nombreux ceux qui s'y engagent; 14- combien étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent."
La porte est assez large pour laisser passer un homme à la fois, à condition qu'il se soit dépouillé de tout ce qui pourrait l'empêcher de s’engager à travers la porte. S’il est rempli d’orgueil, la porte ne sera pas assez large et il sera incapable de la franchir.
Le titre rappelle aussi celui du récit d'André Gide:
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dimanche 22 mars 2009

Un Montréalais neutralise un attentat en Grande-Bretagne

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John Philip Neufeld, étudiant à Concordia
Photo: Robert Skinner, La Presse, 20 mars 2009
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Par Violaine Ballivy
La Presse, 20 mars 2009
John Philip Neufeld n'est plus un étudiant de Concordia sans histoire qui aime bien prendre un café en déjeunant chez lui, les yeux rivés sur son ordinateur. Mardi matin, entre deux clics de souris, il a aidé les autorités britanniques à déjouer un attentat contre une école secondaire. John Philip Neufeld, 21 ans, consultait le forum de partage de musique Newgrounds.com lorsqu'il est tombé sur cette menace sans équivoque, digne d'un film d'Hollywood : «L'auteur disait qu'il allait attaquer violemment son école, il donnait même l'heure et le jour», a raconté M. Neufeld en entrevue à La Presse. Le message était affiché juste au-dessus de l'image embrouillée d'un bidon d'essence.
blank_paJ.P., comme le surnomment ses amis, n'a pas perdu une seconde. Il a cherché sur l'internet les coordonnées de la police du comté de Norfolk, a pris son téléphone et alerté les autorités de la menace qui était dirigée contre le lycée d'Attleborough, un établissement de 950 élèves situé au nord-est de Londres. À sa grande surprise, les policiers l'ont pris au sérieux immédiatement. «Ils ont regardé les mêmes images que moi, sur l'internet, et ils ont vu que je disais vrai», souligne-t-il. Moins d'une heure plus tard et à des milliers de kilomètres de l'appartement de J.P. Neufeld, un étudiant de 16 ans a été arrêté devant le lycée d'Attleborough. «Son sac d'école a été confisqué et nous y avons trouvé un couteau, des allumettes et un contenant de liquide inflammable», a confirmé une porte-parole de la police de Norfolk, Katie Elliot, en entrevue au Telegraph. L'adolescent connu sous ses initiales T.B. a été interrogé pendant la nuit puis accusé d'avoir menacé de commettre un acte criminel et de possession d'arme. Il fera aussi l'objet d'une évaluation psychologique.
Des souvenirs de Dawson
Originaire de Winnipeg, John Philip Neufeld étudie la musique à l'Université Concordia. Il habite à quelques rues du collège Dawson, qui a été le théâtre en 2006 d'une fusillade qui a fait deux morts (dont le tireur) et une vingtaine de blessés. C'est le souvenir troublant de cette tragédie qui l'a incité à agir aussi vite. «Avant de commettre leurs crimes, les tireurs ont souvent annoncé leurs intentions sur l'internet. Si on est attentif, on pourra empêcher des drames», dit-il. John Philip Neufeld a reçu de chaleureuses félicitations des autorités britanniques. Puis il est devenu le chouchou de l'heure des médias canadiens. «Je n'ai pas une seconde pour souffler, je donne des entrevues à longueur de journée! a-t-il lancé, étonné. Mais dans moins d'une semaine, je serai retombé dans l'oubli.» Il le dit sans regret : «La seule chose que je voudrais que les gens retiennent, c'est qu'il ne faut pas prendre les menaces sur l'internet à la légère et qu'il ne faut pas avoir peur de les dénoncer. J'espère que d'autres suivront mon exemple.»
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samedi 21 mars 2009

DOCUMENT - Le message d'Obama à l'Iran

Source: LePoint.fr
Voici le texte intégral du message adressé aux dirigeants iraniens par le président américain Barack Obama, diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi à l'occasion du Nouvel An iranien.
"Aujourd'hui, je veux adresser mes meilleurs voeux à tous ceux qui célèbrent Norouz à travers le monde.
Cette fête est à la fois un rite ancien et un moment de renaissance, et j'espère que vous profitez de cette période spéciale de l'année entre amis et avec la famille.
En particulier, je voudrais parler directement au peuple et aux dirigeants de la République islamique d'Iran. Norouz n'est qu'une partie de votre grande culture renommée. Pendant des siècles, votre musique, votre littérature et vos innovations ont rendu le monde meilleur et plus beau.
Ici, aux États-Unis, notre propre communauté a été renforcée par la contribution des Américains d'origine iranienne. Nous savons que vous êtes une grande civilisation, et vos succès ont gagné le respect des États-Unis et du monde.
Pendant près de 30 ans, les relations entre nos pays se sont tendues. Mais à l'occasion de cette fête, nous nous rappelons cet humanisme commun qui nous lie. Justement, vous allez célébrer votre Nouvel An de la même façon que nous, Américains, quand nous célébrons nos fêtes - en se rassemblant avec des amis et avec la famille, échangeant cadeaux et des histoires, et en regardant vers l'avenir avec un sens renouvelé d'espoir.
Ces célébrations contiennent la promesse d'un nouveau jour, la promesse d'opportunités pour nos enfants, la sécurité pour nos familles, le progrès pour nos communautés, et la paix entre les nations. Ce sont des espoirs partagés, ce sont des rêves communs.
En cette saison qui est celle des nouveaux commencements, je voudrais parler clairement aux dirigeants iraniens. Nous avons de graves divergences et elles se sont amplifiées avec le temps. Mon administration est désormais résolue à pratiquer une diplomatie qui traite la totalité des problèmes que nous avons devant nous, et à chercher à établir des relations constructives entre les États-Unis, l'Iran et la communauté internationale. Ce processus ne progressera pas par la menace. Nous cherchons, au contraire, un dialogue honnête et fondé sur le respect mutuel.
Vous, aussi, vous avez un choix à faire. Les États-Unis veulent que la République islamique d'Iran prenne la place qui lui revient dans la communauté des nations. Vous avez ce droit, mais il s'accompagne de vraies responsabilités, et cette place ne peut être obtenue par la terreur et les armes, mais par des actions pacifiques qui démontrent la véritable grandeur du peuple et de la civilisation iraniens. Et cette grandeur ne se mesure pas par la capacité à détruire, mais par votre talent à construire et à créer.
Ainsi, à l'occasion de votre Nouvel An, je veux que vous, le peuple et les dirigeants de l'Iran, vous compreniez le futur auquel nous aspirons. Il s'agit d'un avenir de nouveaux échanges entre nos deux peuples et de plus grandes opportunités de partenariat et de commerce. C'est un avenir dans lequel les vieilles divisions seront surmontées, où vous et tous vos voisins et le monde entier pourront jouir d'une plus grande sécurité et d'une paix plus grande.
Je sais que cela ne sera pas facile à atteindre. Certains affirment avec insistance que nous nous définissons par nos différences. Mais souvenons-nous des paroles écrites par le poète Saadi, il y a si longtemps : Les enfants d'Adam sont des membres d'un même corps, créés d'une même essence. Avec l'arrivée d'une nouvelle saison, cette précieuse humanité que nous partageons tous nous revient en mémoire. Et nous pouvons une nouvelle fois invoquer cet esprit en aspirant à un nouveau commencement.
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http://www.lepoint.fr/actualites-monde/document-le-message-d-obama-a-l-iran/924/0/327490
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mercredi 11 mars 2009

Le budget scandaleux de la MINUSTAH est équivalent à 900 tracteurs D8T de 2008 !

Cette semaine, Hedi Annabi, représentant du Secrétaire général des Nations Unies en Haïti a rappelé que le budget annuel de la MINUSTAH en Haïti est de l'ordre de 600 millions de dollars.

M. Annabi a également rappelé que cet argent ne vient pas alourdir la dette de l'État haïtien, mais que cet argent est payé par les états membres selon un barême pré-établi.

Ces «révélations» de M. Annabi ne cessent d'alimenter les discussions dans les médias haïtiens à Montréal.


Le Coin de Pierre, le 20 janvier dernier avait, dans un article intitulé: « Haïti / Économie / Réflexions sur le projet de budget 2008-2009», fait mention des faits avancés par M. Annabi et avait même fourni des liens conduisant aux documents des Nations Unies sur ce budget et sur le barême indiquant la contribution de chaque pays membre dans le financement du budget de la MINUSTAH.


Les voici à nouveau:

//Haïti/Économie/Réflexions sur le projet de budget 2008-2009:
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Le Président René Préval demande à l'ONU de remplacer les tanks par des tracteurs.
Examinons brièvement ce qu'une telle affectation pourrait impliquer en termes de machineries de construction.
Pour simplifier, on considère un tracteur (bulldozer) Caterpillar D8T utilisé dans les travaux de construction des routes.


Tracteur Caterpillar en opération (Photo Caterpillar, 2009)

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Tracteur Caterpillar D8T d'occasion (2008)

(Photo concessionnaire Caterpillar au Canada, 2009)
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Un tracteur d'occasion D8T 2008 coûte environ 750 mille dollars canadiens, soit environ 668 mille dollars américains.


Le budget de la MINUSTAH pour 2008-2009 étant de 601,5 millions de dollars américains, cet argent permettrait d'acheter:
601 500 000 : 668 000 = 900 tracteurs d'occasion de type D8T comme celui montré sur la photo ci-dessus.

On pourrait en moyenne doter chacun des 10 départements géographiques de la République de 90 tracteurs D8T en moyenne.

Il y a de quoi faire rêver, tant le Président Préval, le Ministre des TPTC, Jacques Gabriel, les autorités exécutives départementales (à introduire dans une nouvelle Constitution), que les autorités des collectivités locales (les Communes).

Il est vrai que les frais d'entretien de tels équipements et d'autres frais feraient que ce nombre serait sans doute plus petit, disons 70 tracteurs par département géographique autonome.
Comme dirait l'ingénieur Lemane Vaillant, ... Enfin !

lundi 9 mars 2009

UN Secretary-General Ban Ki-moon in Haiti

U.N. Secretary-General Ban Ki-moon (R) and former U.S. President Bill Clinton (C) help a Haitian woman to carry a bag of rice donated by Yele Haiti during their visit in the neighborhood of Cite Soleil March 9, 2009. Ban arrived in Haiti on Monday, along with Clinton, on a brief visit to work on an "action plan" to tackle the grinding poverty in the Caribbean state.

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//Source:
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NDCDP-Politique
L'objectif de l'ONU en Haïti ?
S'agira-t-il d'un protectorat ou d'un partenariat ?
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dimanche 8 mars 2009

Haïti/Pétion-Ville/ École / Effondrement / Nérette : côté gouvernement, déjà l’oubli …

Une vue de Nérette, Pétion-Ville, Haïti
Photo d'archives, Le Matin, 6 mars 2009.
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Par Sylvestre Fils Dorcilus, Le Matin du vendredi 6 mars 2009
La mémoire de l’effondrement, le 7 novembre 2008, de « La promesse collège évangélique » à Nérette, Pétion-Ville, reste encore vivace. Chez les nombreuses familles endeuillées. Chez les amis des victimes. Chez les rescapés. Mais, côté gouvernement, d’autres priorités semblent avoir pris le pas sur cette tragédie qui a fait une centaine de morts et presqu’autant de blessés… Et, naturellement, les engagements, pris sur le théâtre de l’effondrement et dans le cadre de cérémonies hommage aux secouristes, tardent à se concrétiser.
Samedi 7 mars 2009. Quatre mois que l’établissement « La promesse collège évangélique », s’est effondré aux heures de classe, à Nérette, Pétion-Ville. Une centaine d’écoliers disparaît dans la tragédie. Plusieurs dizaines de blessés, dont certains resteront handicapés pour le reste de leur vie, sont recensés. Autorités gouvernementales et municipales, accourues sur les lieux, se confondent, devant les caméras des télévisions, en promesses d’assistance aux parents des victimes, aux écoliers survivants et professeurs. Quant aux mesures à prendre pour qu’une telle catastrophe ne se répète plus, c’était la surenchère. Mais aujourd’hui encore, parents et écoliers de Nérette attendent et, dans la région métropolitaine, les vielles bâtisses, transformées en établissements du savoir, continuent d’être des menaces. Sur les débris de « La promesse collège évangélique » en passe de devenir un lieu de pèlerinage, mercredi matin, riverains, parents, survivants, professeurs et curieux sont venus à nouveau se recueillir. La consternation se lit sur les visages. Certains, les larmes aux yeux, s’adressant aux membres de la presse, ont exprimé leur indignation face à ce qu’ils appellent « l’irresponsabilité des dirigeants ».
Sur une chaise roulante elle a été amputée de la jambe gauche -, Rébecca Norice, 17 ans, en pleurs, dit souhaiter regagner le chemin de l’école l’année prochaine. « Heureusement elle a eu la vie sauve quoiqu’elle souffre terriblement. Elle doit être opérée sous peu de la jambe droite », apprend sa mère, visiblement déchirée par le chagrin.
« En me trouvant ici ce matin, je me sens en train de revivre un autre vendredi 7 novembre. Je ne pourrai jamais oublier mes trois enfants disparus. Ô mon Dieu! », sanglote une mère dans la quarantaine, venue assister à une conférence de presse organisée par l’Asosyasyon viktim yo nan dram Nèrèt (Assovinèrèt). Constituée de professeurs et de parents, l’association voulait rappeler aux autorités leurs promesses et engagements. Pas moins de trois commissions, dont une dite interministérielle, ont été formées peu de temps après la tragédie dans l’objectif d’assister les victimes et rescapés. Une enveloppe de 16 millions de gourdes, tirée des fonds du programme d’urgence conçu au constat des dommages de la saison cyclonique, a été décaissée par le ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales et remise à l’Administration municipale de Pétion-Ville pour aider les parents à organiser des funérailles dignes des disparus et couvrir les premiers frais d’hospitalisation et autres soins pour les blessés. Mais depuis ?
« Les autorités, malgré leurs promesses publiques, n’ont accordé aucune attention aux parents des victimes et enseignants rescapés et écoliers survivants de la tragédie. Pas même un appui psychologique ne leur a été apporté, alors qu’une commission a été également créée à cette fin », ont déploré les membres d’Assovinèrèt, soulignant par ailleurs que la majorité des enseignants rescapés, qui n’avaient pour seul et unique emploi que leur chair à « La promesse », sont aujourd’hui au chômage dans un pays où il n’y a pas d’assistance-chômage.
Justice et réparations…
Informés de la libération, depuis fin décembre, dans des conditions peu claires, du directeur de l’établissement scolaire effondré, en l’occurrence le révérend pasteur Fortin Augustin, les parents des victimes ont crié au scandale. Becker Jean-Baptiste est indigné. Près de quatre mois après avoir enterré trois de ses sept enfants victimes de l’effondrement, il vit, à l’instar de tant d’autres parents, difficilement ces pertes. « Nous demandons justice et réparations pour nos enfants victimes. Ce n’est pas normal de procéder à la libération de Fortin Augustin sans procès », tempête-t-il.Selon certaines sources, Fortin Augustin aurait déjà touché d’une compagnie d’assurance. Laquelle ? Les sources n’ont pu préciser. Toutefois, elles signalent que la mairesse de Pétion-Ville, Claire Lydie Parent, n’avait pas été en mesure de prouver à la justice qu’elle avait interdit la construction de l’établissement effondré.
Établissements scolaires, états lamentables
Malgré des mesures drastiques annoncées après l’effondrement de « La promesse collège évangélique » et la création d’un comité ad hoc pour une évaluation sommaire des bâtiments scolaires, l’aspect physique de plusieurs écoles de la région métropolitaine laisse craindre un effondrement « plus tragique » que celui de « La promesse ». Deux ou trois établissements ont été certes visités et leurs propriétaires sommés de les sécuriser. C’était dans la semaine d’après la tragédie. Mais, depuis, personne n’entend plus parler de ces mesures. Le temps qui fait toujours son œuvre, là aussi, l’a fait. Néanmoins, la mémoire de Nérette restera toujours vivace. Pour certains.
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mercredi 4 mars 2009

Cuba: Fidel Castro approuve la disgrâce de deux dirigeants

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Carlos Lage (à gauche), Raúl Castro et Felipe Pérez Roque (à droite) à La Havane, le 14 septembre 2006. (REUTERS)


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Carlos Lage (à gauche) et Felipe Pérez Roque (à droite) à San José au Costa Rica, le 18 novembre 2004. (REUTERS)
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Source: Liberation.fr, 4 mars 2009


Selon lui, le ministre des Affaires étrangères Felipe Pérez Roque et le chef de cabinet Carlos Lage ont eu «des ambitions qui les ont conduits à jouer un rôle indigne».
L'ancien président cubain Fidel Castro a affirmé mardi que deux responsables du gouvernement cubain avaient été limogés la veille par son frère et successeur Raul pour conduite "indigne", qualifiant de "salutaires" les changements au sein du cabinet.
Dans une "réflexion" lue à la télévision d'Etat, Fidel Castro a par ailleurs nié "une substitution des hommes de Fidel par les hommes de Raul" à la suite du premier grand remaniement ministériel depuis la nomination à la présidence de Raul Castro en février 2008.
Une dizaine de responsables ont été remplacés sans explications officielles, dont les deux plus importants sont le ministre des Affaires étrangères Felipe Pérez Roque, 43 ans, qui était en poste depuis 1999, et le chef de cabinet Carlos Lage, 57 ans, artisan des réformes économiques des années 1990.
Le "Comandante", 82 ans, écrit avoir nommé à l'époque les responsables limogés sur proposition "d'autres camarades de la direction du Parti" et que les "deux qui sont les plus mentionnés" dans la presse n'ont pas été remerciés pour "manque de valeur personnelle" mais pour avoir eu "des ambitions qui les ont conduits à jouer un rôle indigne".
"L'ennemi extérieur était plein d'illusions à leur sujet", ajoute-t-il en faisant allusion à Felipe Pérez Roque et Carlos Lage, dans une "réflexion" intitulée "changements salutaires dans le Conseil des ministres".
Carlos Lage conserve cependant toujours son titre de vice-président.
"Les ministres qui viennent d'être nommés l'ont été après une consultation avec moi-même, même si rien n'obligeait ceux qui les ont proposés à cette conduite, étant donné que j'ai renoncé il y a déjà un certain temps aux prérogatives du pouvoir", a encore assuré Fidel Castro.
A la tête des Forces armées révolutionnaires pendant près d'un demi-siècle avant d'assurer la difficile succession de son frère malade, le général Raul Castro, 77 ans, s'était engagé dès sa nomination à faire des changements au sein du gouvernement qui a vu la promotion de plusieurs proches des forces armées.Il avait également déclaré à son arrivée au pouvoir qu'il consulterait son frère et fondateur du régime pour toutes les décisions importantes.
En avril dernier, Fidel Castro avait également annoncé dans un commentaire publié dans la presse le limogeage du ministre de l'Education Luis Ignacio Gomez qu'il avait accusé d'avoir "perdu sa conscience révolutionnaire" après 18 ans de service. Jamais le président Raul Castro n'a donné une explication officielle à ce limogeage.
(Source AFP)

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http://www.liberation.fr/monde/0101472647-cuba-fidel-castro-approuve-la-disgrace-de-deux-dirigeants
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Autre article sur le sujet même sujet:
Source Liberation.fr, 3 mars 2009
Cuba: Raúl Castro écarte deux fidèles de Fidel
Le ministre des Affaires étrangères Felipe Pérez Roque et le chef de cabinet Carlos Lage ont été remerciés. Officiellement, il s’agit de rendre la structure du gouvernement «plus compacte et fonctionnelle»...
Branle-bas de combat à Cuba. Le président Raúl Castro a décidé de se séparer - entre autres - de deux proches de son frère aîné Fidel: Felipe Pérez Roque et Carlos Lage. Respectivement ministre des Affaires étrangères et chef de cabinet, les deux hommes font les frais de ce grand remaniement qui voit une dizaine de portefeuilles changer de main et plusieurs ministères être fusionnés.
Officiellement, il s’agit de rendre la structure du gouvernement «plus compacte et fonctionnelle», comme l’avait promis Raúl au moment de son accession au pouvoir, il y a un an. Officieusement, le plus jeune des frères Castro souhaite imprimer sa marque sur un appareil d’Etat dont les principaux membres ont été nommés par Fidel.

Une nouvelle ère pour les Affaires étrangères avec Obama?

Felipe Pérez Roque, 43 ans dont 10 à la tête de la diplomatie de son pays, était le seul dirigeant né après le début de la révolution en 1959. Il est l’homme à l’origine du rapprochement entre le gouvernement cubain et les autres pays latino-américains. Récemment, l’Argentine Cristina Kirchner et le Brésilien Lula - le Vénézuélien Chávez est lui un habitué - ont fait le voyage sur l’île. Las, il est remplacé par son vice-ministre, Bruno Rodriguez.
C’est ce dernier qui devra donc désormais gérer les relations avec les Etats-Unis. Or, avec l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama, tous attendent une évolution de l’inflexible politique américaine avec au premier lieu l’embargo commercial qui n’en finit plus de peser sur Cuba depuis 47 ans.

Carlos Lage, un vice-président sans réelle occupation
Le médecin Carlos Lage reste, lui, vice-président mais sans réelle occupation puisque le général José Amado Ricardo Guerra le remplace au poste de chef de cabinet. S’il passe pour un «réformateur» au sein du parti communiste depuis les timides réformes économiques des années 1990, son grand «tort» aura été de faire toute sa carrière comme lieutenant de Fidel Castro, dont il était, de fait, le premier ministre depuis 1986.
La semaine dernière, Raúl Castro avait commencé à bouleverser les organigrammes en nommant à des postes à responsabilité des proches des forces armées et du parti communiste. Mais plus symbolique que révolutionnaire, ces remaniements n’atténuent pas les graves problèmes, notamment économiques, dont souffre l’île.
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